Poésies et Œuvres morales (Leopardi)/Poésies/XXXV


Traduction par F. A. Aulard.
Alphonse Lemerre, éditeur (Tome deuxièmep. 81).

XXXV

BADINAGE


Quand, tout enfant, je vins à l’école des Muses, l’une d’elles me prit par la main et, pendant tout le jour, me mena visiter l’officine. Elle me montra un à un les instruments de l’art et les emplois divers auxquels ils servent dans le travail de la prose et des vers. Je regardais et je demandais : « Muse, et la lime, où est-elle ? » La Déesse me dit : « La lime est usée : nous nous en passons maintenant. — Mais, repris-je, ne vous inquiétez-vous pas de la réparer, quand elle est endommagée ? — Il le faudrait, répondit-elle, mais le temps manque. »