TATA,
chat de madame la marquise de monglas,

À GRISETTE,
chatte de madame deshoulières.


J’ai reçu votre compliment,
Vous vous exprimez noblement,
Et je vois bien dans vos manières
Que vous méprisez les gouttières.
Que je vous trouve d’agrémens !
Jamais chatte ne fut si belle,
Jamais chatte ne me plut tant,
Pas même la chatte fidèle
Que j’aimais uniquement.
Quand vous m’offrez votre tendresse
Me parlez-vous de bonne foi ?
Se peut-il que l’on s’intéresse
Pour un malheureux comme moi ;

Hélas ! que n’êtes-vous sincère,
Que vous me verriez amoureux !
Mais je me forme une chimère,
Puis-je être aimé, puis-je être heureux ?
Vous dirai-je ma peine extrême :
Je suis réduit à l’amitié,
Depuis qu’un jaloux sans pitié
M’a surpris aimant ce qu’il aime.
Épargnez-moi le récit douloureux
De ma honte et de sa vengeance,
Plaignez mon destin rigoureux ;
Plaindre les maux d’un malheureux
Les soulagent plus qu’on ne pense.
Ainsi je n’ai plus de plaisirs :
Indigne d’être à vous, belle et tendre Grisette,
Je sens plus que jamais la perte que j’ai faite
En perdant mes désirs ;
Perte d’autant plus déplorable
Quelle est irréparable.