Traduction par Charles Héguin de Guerle.
Poésies de CatullePanckoucke (p. 13-15).
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VIII.

CATULLE À LUI-MÊME.


Infortuné Catulle, mets un terme à ton délire ; ce qui te fuit, ne cherche plus à le ressaisir. De beaux jours ont brillé pour toi, lorsque tu accourais à ces fréquens rendez-vous où t’appelait une jeune beauté, plus chère à ton cœur que nulle ne le sera jamais ; heureux momens ! signalés par tant de joyeux ébats : ce que tu désirais, Lesbie ne le refusait pas. Oh ! oui, de beaux jours alors brillaient pour toi ! mais, hélas ! elle ne veut plus ; ne pouvant mieux, cesse toi-même de vouloir ; ne poursuis plus la cruelle qui te fuit : pourquoi traîner tes jours dans le malheur ? Supporte l’infortune avec constance, endurcis ton âme. Adieu donc, ô Lesbie ! déjà Catulle est moins sensible ; tu ne le verras plus chercher, supplier une beauté rebelle. Toi aussi, perfide, tu gémiras, lorsque tes nuits s’écouleront sans que nul amant implore tes faveurs. Quel sort t’est réservé ? qui te recherchera maintenant ? Pour qui seras-tu belle ? Quel sera ton amant ? De qui seras-tu la conquête ? Pour qui tes baisers ? Sur quelles lèvres imprimeras-tu tes morsures ?… Mais toi, Catulle, courage ! persiste ! endurcis ton âme.