Traduction par Charles Héguin de Guerle.
Poésies de CatullePanckoucke (p. 63-65).

XLII.

CONTRE UNE COURTISANE.


À moi, vers caustiques et mordans, accourez tous tant que vous êtes. Une infâme prostituée ose se jouer de moi ; elle refuse de me rendre mes tablettes, ces tablettes illustrées par vous ; et vous pourriez le souffrir ! Non, poursuivons-la de nos sarcasmes, pour la forcer à restitution. Quelle est cette drôlesse, dites-vous ? C’est celle que vous voyez s’avancer d’un air si effronté, et dont la bouche maussade et grimacière ressemble, quand elle rit, à la gueule d’un chien gaulois. Il faut l’assaillir de toutes parts, la relancer sans relâche : Sale coquine, rends-moi mes tablettes ; rends-moi mes tablettes, sale coquine. — Elle s’en soucie comme de rien ! — Infâme coureuse, rebut des mauvais lieux, et pire encore, s’il est possible. — Mais cela, je pense, ne suffit pas encore. Tâchons du moins, faute de mieux, de faire rougir le front d’airain de cette impudente chienne : criez tous à la fois et encore plus fort : Sale coquine, rends-moi mes tablettes, rends-moi mes tablettes, sale coquine. — Peine inutile ! rien ne l’émeut. Il faut changer de ton et de langage, peut-être réussirons-nous mieux. — Chaste et pudique vestale, rends-moi mes tablettes.