Traduction par Charles Héguin de Guerle.
Poésies de CatullePanckoucke (p. 25-27).

XV.

À AURELIUS.


Je me recommande à toi, Aurelius, moi et mes amours : c’est, je pense, une demande raisonnable ; et si jamais ton âme conçut le désir de trouver pur et intact l’objet de tes feux, conserve chastement le dépôt que je te confie. Ce n’est pas contre la foule des galans qu’il faut le défendre, je crains peu ces hommes qui passent et repassent uniquement occupés de leurs affaires ; c’est de toi seul que je me défie, de ton priapisme redoutable à tous les adolescens, beaux ou laids. Satisfais tes désirs libertins où il te plaira, comme il te plaira, et tant que tu voudras, dans toutes les ruelles où tu trouveras un mignon de bonne volonté : je n’en excepte que le mien seul ; ce n’est pas, je crois, trop exiger. Mais si tes mauvais penchans, ta lubrique fureur allaient, scélérat, jusqu’à menacer la tête de ton ami ; alors, misérable, malheur à toi ! puisses-tu, les pieds liés, être exposé au supplice atroce que le raifort et les mulets font souffrir aux adultères.