Poésies de Benserade/Pour les filles de la Reine (2)

Poésies de Benserade, Texte établi par Octave UzanneLibrairie des bibliophiles (p. 174-176).



STANCES.

Pour les Filles de la Reine.


La Porte a pour son partage
De l’esprit, de la beauté,
Avec un peu de fierté ;
Elle est modeste, elle est sage ;
Tout fléchit dessous ses loix :
Si mon cœur étoit volage,
Je croy que je l’aimerois.

Foulloux, sans songer à plaire,
Plaist pourtant infiniment
Par un air libre et charmant ;
C’est un dessein téméraire
Que d’attaquer sa rigueur :
Si j’eusse esté sans affaire.
Je croy qu’elle auroit mon cœur.

Vostre douceur est extrême,
Boneüil, il faut avoüer
Qu’on ne la peut trop loüer ;
Vostre mérite est de même :
Et l’on doit être assuré
Que, sans une autre que j’aime,
Pour vous j’aurois soupiré.

Neuillan, qui peut se défendre
De languir pour vos appas ?
Mais qui peut n’en mourir pas ?
Tous les cœurs s’y viennent rendre
Et s’y veulent engager ;
Mais un autre m’a sçû prendre,
Et je ne sçaurois changer.

Toute la cour est éprise
De ces attraits précieux,
Dont vous enchantez nos yeux,
Maneville ; ma franchise
S’y devroit bien engager :
Mais mon cœur est place prise,
Et vous n’y sçauriez loger.

Enfin mon cœur ne peut faire
Telles infidélitez
En faveur de vos beautez :
L’objet seul qui m’a sçû plaire,
Est un objet de renom,
Que j’avois dessein de taire ;
Mais le moyen ? c’est Gourdon.



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