Poésies (Quarré)/À un petit Bouquet de fleurs des prés




À UN PETIT BOUQUET


DE FLEURS DES PRÉS.

À M. E. B.




À un petit Bouquet de Fleurs des Prés.



De ton parfum doux et sauvage
Que je m’enivre avec plaisir,
Bouquet charmant, aimable gage
De tendresse et de souvenir !

Chacun t’admire, et j’en suis fière ;
Oh ! conserve bien ton éclat,

Ta fraîcheur vive et printanière,
Ton charme simple et délicat.

Au bord d’une eau limpide et pure,
Loin des regards profanateurs,
Le sein fécond de la nature
Vous fit naître, modestes fleurs.

Ainsi, dans une ame candide,
Naissent les tendres sentimens,
L’amour discret, l’espoir timide,
Les rêves doux et caressans.

De nos jardins les fleurs brillantes
Parent le front de la beauté,
Et sur leurs tiges élégantes
Se balancent avec fierté.


Mais pour l’ondine gracieuse,
Jouant la nuit au sein des eaux,
Vous, guirlande mystérieuse,
Vous vous cachez sous les roseaux ;

Et ses pieds blancs qu’elle entrelace
Aux joncs verdoyans et fleuris,
Foulent, sans y laisser de trace,
Le frais émail de vos tapis ;

Et des baisers qu’on lui dérobe
Vous connaissez tous les secrets,
Quand, dénouant la verte robe
Qui flotte autour de ses attraits,

Un jeune sylphe la lutine,
Et, consumé de tendres feux,

Sur son cou léger, qui s’incline,
Boit les perles de ses cheveux ;

Puis, l’entraînant faible et charmée
Hors de l’onde aux flots murmurans,
Lui fait une couche embaumée
De vos calices odorans.