Poésies (Quarré)/À M. le comte d’Audiffred

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À M. LE COMTE D’AUDIFFRED.




À M. le Comte d’Audiffred.



Comme, aux bords de son nid, sur la cîme élevée
D’un arbre au doux ombrage, aux flexibles rameaux,
Quelquefois, en juillet, une jeune couvée
De timides oiseaux,

Gazouillant à demi les chansons paternelles,
Et dans les champs voisins voulant prendre l’essor,
Essaie, hésite, et n’ose à ses forces nouvelles
Se confier encor,

Quand leur père, étendant son aile protectrice,
Ainsi qu’un doux fardeau qu’il porte loin du sol,
Les soutient, les dirige, et de l’essaim novice
Aide le premier vol ;

De même ces enfans d’une muse inconnue,
Ces vers, faibles soupirs de douleur ou d’amour,
Laissaient bien s’exhaler quelque note perdue,
Mais n’osaient, réunis, s’élancer au grand jour,

Quand soudain, me tendant une main généreuse,
Pour de nobles bienfaits toujours prête à s’ouvrir,

Que la triste vieillesse et l’enfance rieuse
Dans leur humble prière ont appris à bénir,

Vous avez ranimé dans mon ame incertaine
Le désir et l’espoir, ces deux flambeaux charmans,
Qui versent les rayons de leur clarté sereine
Au poète rêveur comme aux tendres amans.

Oui, vous avez pour moi cette bonté céleste,
De la bonté de Dieu reflet charmant et doux,
Qui, délicate et pure, et sublime et modeste,
Entre tant d’heureux dons se fait chérir en vous ;

Et mon timide essaim, abrité sous vos ailes,
Joyeux et confiant va s’envoler en chœur,
Comme, en un jour d’été, les jeunes hirondelles
Qui suivent, en chantant, leur guide protecteur.