Poésies (Poncy)/Vol. 1/Souvenirs maritimes

SOUVENIRS MARITIMES

draguignan



Algues aux rubans verts, vagues échevelées,
Maritimes rochers aux cimes dentelées,

Immensité des mers ;

Rivage que le soir j’explorais en silence,
Bords où j’écoutais seul la sauvage éloquence

Des sonores déserts :

Navires, panachés de bleuâtre fumée
Que chasse dans les deux la brise parfumée

Avec qui je causais ;

Horizons infinis, splendide fantaisie,

Vous qui me révéliez toute la poésie

De l’Homère écossais ;

Poissons qui reluisez quand vos nageoires bleues
Découpent leur azur sur l’argent de vos queues ;

Coquillages charmants,

Sables d’or dont l’éclat illumine la grève
Et que chaque matin le soleil qui se lève

Transforme en diamants :

Large rade, forêts flottantes de navires
Qui croisez en tous sens les humides empires ;

Sapins aux rameaux longs,

Arrachés, pour nos ports, à vos natals rivages,
Et qui, mâts de vaisseaux, revêtez pour feuillages

Nos brillants pavillons ;

Vos beautés à mes yeux n’avaient point de rivales !
Mais j’en rencontre ici qui marchent vos égales.

Si moins vastes que vous,

Plaines de l’océan, dans l’infini perdues,
Ces plaines ont des monts bornant leurs étendues,

Leur aspect est plus doux.

On ne les voit jamais, comme de grands abîmes,
S’entrouvrir, puis, dans l’air, monts aux mouvantes cimes

Tout-à-coup s’élevant !

Mais un voit les blés mûrs, au fond des lointains vagues,
Ondulant comme vous, bercer leurs jaunes vagues,

Sous les baisers du vent.

Dieu mit un même attrait au sein de toute chose.
On admire la mer austère et grandiose

Et ses gouffres sans fond ;

Mais on aime les fleurs et le calme champêtre,
Et l’on ne sait lequel de ces tableaux fait naître

Un bonheur plus profond.



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