Poésies (Poncy)/Vol. 1/Le Pêcheur à sa nacelle

◄  À la mer

LE PÊCHEUR À SA NACELLE


Glisse, glisse furtive
Le long de cette rive,
Où tout s’endord !
Telle qu’une hirondelle,
Ma coquette nacelle.
Rase le bord.

Et sois toujours docile
À l’aviron habile
Qui te conduit :
Car la plage est profonde,
Et nuit et jour sur l’onde
La mort nous suit.


Salue, en passant, l’anse
Où je plonge en silence
Mes blonds filets,
Où, parmi l’algue fraîche,
Je recueille ma pêche
Sur les galets.

C’est cette anse tranquille
Qu’entoure une presqu’île
Blanche de sel,
C’est elle qui t’abrite
Lorsque la mer s’irrite
Contre le ciel.

Un soir, esquif que j’aime,
Soir d’ivresse suprême
Déjà bien loin !
Seul, dans cette anse sombre,
De nos baisers sans nombre
Tu fus témoin.

Oh ! quelle peur charmante
Agitait mon amante,
Lorsque la voix
Du vent qui tend l’écoute,
Disait : Je vous écoute
Et je vous vois…

Maintenant l’hyménée
Pour jamais l’a donnée
À mon transport.
En avant, voile et rame,
Car un amour de femme
M’attend au port.

Jamais la jalousie
Au cœur ne l’a saisie :
Elle a ma foi ;
Elle sait, ma nacelle,
Que je lui suis fidèle
Autant qu’à toi !



Séparateur