Poésies (Poncy)/Vol. 1/Fond de mer

PoésiesI (p. 186).

FOND DE MER


Lorsque je vois la mer calme et sans mouvement,
Et que son sein d’azur, miroir du firmament,

Soupire des notes sublimes,

Je ne puis m’empêcher de frémir, en songeant
Qu’elle voile à nos yeux, sous ce masque changeant,

D’affreux écueils et des abîmes !

Et je me dis alors : Voilà le cœur humain !
Voilà bien ces beautés dont le chant est divin,

Dont on adore le visage ;

Mais qu’on sonde leur cœur et l’on reste attéré
De n’y trouver qu’un gouffre où le vice est ancré,

Où l’amour même a fait naufrage.