Poésies de Marie de France (Roquefort)/Fable X
Traduction par B. de Roquefort.
Poésies de Marie de France, Texte établi par B. de Roquefort, Chasseriau, , tome II (p. 95-96).
Poésies de Marie de France, Texte établi par B. de Roquefort, Chasseriau, , tome II (p. 95-96).
FABLE X.
D’un Vorpil et d’un Aigle qui enporta un des
Faons au Gourpill[1].
Faons au Gourpill[1].
D’un Verpil cunte la menière[2]
Ki fu issus de sa tesnière,
Od ses enfanz devant joa,
Un Aigles vint, l’un enpurta.
Li Gopis vait après priant
È k’il li rende sun enfant ;
Mès il nel’ volt mie escuter,
Si li cuvient à returner,
Un tizun prist de fu ardant
È sèche buche vait cuillant,
Entur le caisne la meteit[3]
Où cele Aglez sun ni aveit.
Qant li Aigles veit le fu espriz
Au Gorpil prie et dist, amiz,
Estain le fu, pren tun chael[4],
Jà serunt ars[5] tuit mi oisel.
MORALITÉ.
K’ensi est dou riche Felun,
Jà dou Pouvre n’aura merci
Pur sa plainte, ne pur son cri ;
Mais se cil s’en peut vengier
Dune le voit-il asoplier[6]
Cume fist li Aiglez au Gopilz
Si cum hum cunte en ces escriz.
- ↑ La Fontaine, liv. V, f. xviii, l’Aigle et le Hibou.
Phædr., lib. I, f. 28. Vulpes et Aquila.
Romul. Nil., lib. II, fab. XI, idem.
Anon. Nil., fab. 14. - ↑ Un renard étant sorti de sa tanière, se tenoit a l’entrée et jouoit avec ses enfants.
- ↑ Il les dépose autour du chêne, au haut duquel l’aigle avoit placé son nid.
- ↑ Prends ton enfant.
- ↑ Brûlés, d’ardere.
- ↑ Recourir aux prières, aux supplications.
Variantes.