Poésies (Amélie Gex)/La part du Pauvre

Claude-Paul Ménard Voir et modifier les données sur Wikidata (p. 13).

LA PART DU PAUVRE

SONNET.


Un matin de printemps tout fleuri, tout vermeil,
Un vieux pauvre passait, chancelant, tête nue,
Sous les hauts marronniers de la grande avenue
Dont les jeunes bourgeons s’enivraient de soleil.

Arbres, fleurs et pinsons, oubliant leur sommeil,
De l’astre éblouissant chantaient la bienvenue ;
Et le vieillard songeait, en sa déconvenue,
Quelle part il aurait de ce joyeux réveil…

« Pauvre, disaient les fleurs, il ne faut pas maudire
Ces chansons, cette joie et surtout le sourire
De ces rayons planant sur la jeune saison ;

L’herbe au bord du chemin rend ta couche moins dure
Et l’arbre, à ton sommeil en prêtant sa verdure,
Va te faire oublier le toit de ta maison ! »