Poésies (Amélie Gex)/Chant d’avril

Claude-Paul Ménard Voir et modifier les données sur Wikidata (p. 14-15).

CHANT D’AVRIL


Sus, debout, allons voir l’herbelette perleuse.
P. de Ronsard.


Mignonne, allons sous la saulaie ;
Nous entendrons le ruisselet,
Tout en courant, jaser seulet
Et chanter l’oiseau dans la haie.
          Dans l’aubépin,
          Zéphir mutin
              Murmure :
          Premier beau jour
          Est de l’amour
              L’augure.

Allons voir s’ouvrir les pervenches
Comme un œil bleu dans le fossé,
Si les rosiers de l’an passé
Ont déjà des fleurs sur leurs branches.
          Le bouton d’or,
          Timide encor,
              S’assure
          Qu’il peut fleurir
          Sans plus souffrir
              Froidure.


Nous irons chercher des nouvelles
De l’alouette et du pinson ;
Leur demander si la chanson
Déjà sent recroître ses ailes.
          Soleil n’a plus
          D’un vieux reclus
              L’allure,
          Et dans un mois,
          La fraise, au bois,
              Est mûre.

Mignonne, allons, l’heure est charmante !
Sur la falaise on peut trouver
Ce coin tout seul où, pour rêver,
Amour conduit sa jeune amante…
          Printemps vainqueur
          De notre cœur
              A cure,
          Car, cette fois,
          Tout à la fois
              S’azure !