Poésies (Amélie Gex)/La Nuit sur le hameau courbe son aile noire

Claude-Paul Ménard Voir et modifier les données sur Wikidata (p. 73).

II.


La nuit sur le hameau courbe son aile noire ;
Dans les chemins étroits, les chevaux de labour
Traînent les chars massifs, en pressant leur retour ;
Les taureaux, en beuglant, dans le ruisseau vont boire.

Sous le tilleul ombreux qui lui sert de prétoire,
Un vieillard vient s’asseoir : on l’entend tour à tour
Parler pluie ou beau temps ; sur les labeurs du jour
Louer ou gourmander son rustique auditoire.

Par la porte entr’ouverte, on voit l’âtre joyeux
Resplendir follement au reflet de la flamme
Que parfois assombrit le profil d’une femme ;

Pendant qu’un vieux roquet, aux poils courts et rugueux,
En écoutant bouillir la grondeuse marmite,
Surveille, gravement, un matou qui médite.


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