Poésies (1820)/Élégies/Son Image

PoésiesFrançois Louis (p. 57).


SON IMAGE.


Elle avait fui de mon âme offensée ;
Bien loin de moi je crus l’avoir chassée ;
Toute tremblante, un jour, elle arriva,
Sa douce image, et dans mon cœur rentra ;
Point n’eus le temps de me mettre en colère ;
Point ne savais ce qu’elle voulait faire ;
Un peu trop tard mon cœur le devina.

Sans prévenir, elle dit : « Me voilà !
« Ce cœur m’attend. Par l’Amour, que j’implore,
« Comme autrefois j’y vais régner encore ! »

Au nom d’Amour, ma raison se troubla :
Je voulus fuir, et tout mon corps trembla.
Je bégayai des plaintes au perfide ;
Pour me toucher il prit un air timide ;
À genoux même, en pleurant, il tomba…
J’oubliai tout dès que l’Amour pleura.