Poésies (Éphraïm Mikhaël)/L’Angelus




L’ANGÉLUS




Dans le noir sillon solitaire
Tout le jour nous avons lutté :
Mais le soir sacre de clarté
La plaine soudain plus austère.

Nous rêvions — nous, gens de la terre !
Vous, récolte, et moi, volupté.
Un brusque angélus a tinté
Qui nous trouble de son mystère.


Comme vous, je joins pour prier
Mes mains de terrestre ouvrier…
Mais peut-être nos cœurs serviles,

Même en ce soir religieux,
Gardent l’amour des glèbes viles
Et la peur de songer aux cieux.