Poèmes et Paysages/« Si Dieu, comme aux oiseaux, m’avait donné des ailes »


XXXV


 
Si Dieu, comme aux oiseaux, m’avait donné des ailes,
A l’heure où vient la nuit, avec les hirondelles,
Sur les flancs des rochers, dans l’air vibrant du soir,
Sur les sources d’eau vive aux murmurantes urnes,
Sur les joncs et les fleurs aux pétales nocturnes,
Je n’irais pas voler, je n’irais pas m’asseoir.

Mais, déployant mon vol qu’un ciel si clair invite,
J’irais, j’irais toujours dans le bleu sans limite,
Vers cette étoile d’or qui tremble au fond des cieux,
Et dont l’éclat humide est si brillant, Madame,
Qu’il rappelle à mon cœur la molle et chaste flamme
Qui nage entre vos cils et tombe de vos yeux.