Poèmes (Vivien)/Nossis à l’Étrangère

Pour les autres éditions de ce texte, voir Nossis à l’Étrangère.

PoèmesA. Lemerre. (p. 77-78).


NOSSIS À L’ÉTRANGÈRE


Étranger, si tu navigues vers Mytilène aux beaux chœurs pour y cueillir la fleur des grâces de Sappho, dis-lui qu’une femme de Locres, chère aux Muses et à elle aussi, eufanta d’autres (chants) pareils et que mon nom est Nossis, Va.


Traduit du texte grec de Nossis.




Étrangère aux yeux noirs qui vas vers Mytilène
Où l’on cueille la fleur des grâces de Sappho,
Écoute ! je te parle et suis à bout d’haleine…
Lorsque tu reviendras, fidèle comme Écho,


Parle-nous de la ville indolemment couchée,
Telle une courtisane aux voiles de byssus,
Qui s’allonge sur la couche molle, jonchée
De roses, de fenouil, d’iris et de crocus,

Vierge, dis à Sappho qu’une femme répète
Les odes où s’attarde un sourire d’Atthis,
Qu’elle a chanté les vers du souverain Poète :
Étrangère, apprends-lui que mon nom est Nossis.

Dis-lui qu’en appelant sa caresse inconnue,
J’ai sangloté d’amour sous mes cheveux épars,
Que je la vois, pareille à l’Aphrodite nue,
Dis-lui que je l’attends et que je l’aime… Pars !