Poèmes (Claude Lorrey)

Vers et Prosetomes 20 à 23, janvier à décembre (p. 190-191).


POÈMES


Matinale


Ce matin le soleil a bondi dans le ciel
Comme une balle d’or.
La couleur, la saveur de l’eau vive et du miel
Font le cœur clair et fort.
Ce matin le soleil a bondi dans le ciel.

On croit voir les champs rire et danser les collines.
Il traîne sur le bord
Des eaux et dans les bois des brumes opalines.
L’oiseau prend son essor.
On croit voir les champs rire et danser les collines,

C’est l’instant bref et vif de pureté, d’espoir.
Ô fraîcheur ! ô fragrance !…
L’esprit des lourds soucis quittant le cachot noir,
Dans le matin s’élance.
C’est l’instant bref et vif de pureté, d’espoir.



Limpide


Or pâle, perle dans du lait,
Tel est
Le beau ciel de ce soir. Il semble
Qu’une rose s’effeuille et tremble

Tout près
De quelque astre limpide, frais
Comme une goutte adamantine.
Or pâle… Perle… Heure divine…


« Un Bois de Lilas foudroyé »

Barbey d’Aurevilly


Qu’il devait être frais, embaumé, lumineux
Ce bois avant l’orage !
Qu’il devait être beau ! Son feuillage nombreux
Est en forme de cœur… Ô tendre, ô noble image !…
De quel enivrement il reçoit le zéphyr !
Et comme se découpe au ciel de clair saphir
Son dôme de parfums…
Et voici que la foudre
L’a calciné… voici que dans la poudre
Gît son feuillage épars au vent vainqueur…
Son feuillage nombreux et en forme de cœur.


Aridité


Il est des jours de sécheresse
Et de néant :
Le cœur, le cerveau, vainement,
Cherchent la source d’allégresse.
Il est des jours de sécheresse.
Tel qu’au désert l’âpre tourment
De la soif presse
Un voyageur plein de détresse !
Pour notre âme, hélas ! trop souvent,
Il est des jours de sécheresse.

CLAUDE LORREY