Poèmes (Canora, 1905)/Femmes savantes

(p. 59).

FEMMES SAVANTES


 

Il est des soirs d’été tout embaumés de roses,
Versant leur nappe d’or sur les lacs azurés,
Des soirs où vers le ciel monte l’âme des choses,
Rêve, pâle au couchant doré,
Rêve les paupières closes…

Ne va pas attacher tes grands yeux bleus lassés
À l’éclat vacillant des étoiles lointaines.
Hélas, quand tu saurais des choses bien certaines,
N’aurons-nous pas cercueil de chêne
Dans le pays des trépassés ?

Ô femme, frêle fleur qui parfume la vie,
Laisse nous seuls chercher et combattre ici-bas.
Rêve, abritant ta forme exquise entre nos bras,
Sachant, tu ne charmerais pas.
La vérité t’aurait flétrie !