Poèmes (Canora, 1905)/Après la tempête

(p. 34-35).

APRÈS LA TEMPÊTE


(sonnet)



Sur un massif aimé de chrysanthèmes pâles,
Dernières fleurs du parc, si lentes à fleurir,
J’avais vu tout un jour la tempête brutale,
Avec ses mains de mort, s’abattre et s’assouvir…

Et quand, en gémissant, la dernière rafale
Cingla vers l’horizon, il me prit un désir
D’aller voir, s’il restait de mes fleurs automnales
Une odorante trace, un humble souvenir.


Or, j’aperçus de loin, chargés d’humides gemmes,
Sous le ciel apaisé, les larges chrysanthèmes,
Tendant leur lourd calice, aux longs rayons dorés !

Telle, je vous verrai nous revenir, sereine,
Et, pour s’être penchés sur la souffrance humaine,
Vos yeux seront plus doux, car ils auront pleuré.