Poème de la prison/Ballade XLV

Poésies complètes, Texte établi par Charles d’HéricaultErnest Flammarion (p. 61-62).

BALLADE XLV.

     Se Dieu plaist, briefment la nuée
De ma tristesse passera,

Belle tresloyaument amée,
Et le beau temps se monstrera :
Mais savez vous quant ce sera ?
Quant le doulx souleil gracieux
De vostre bcaulté entrera
Par les fenestres de mes yeulx
     Lors la chambre de ma pensée
De grant plaisance reluira
Et sera de joye parée,
Adonc mon cueur s’esveillera
Qui en dueil dormy long temps a.
Plus ne dormira, se m’aid Dieux,
Quant caste clarté le ferra
Par les fenestres de mes yeulx.
     Helas ! quant vendra la journée,
Qu’ainsi avenir me pourra,
Ma maistresse tresdesirée ?
Pensez vous que brief avendra ?
Car mon cueur tousjours languira
En ennuy, sans point avoir mieulx,
Jusqu’à tant que cecy verra
Par les fenestres de mes yeulx.


ENVOI

     De reconfort mon cueur aura
Autant que nul dessoubz les cieulx,
Belle, quant vous regardera
Par les fenestres de mes yeulx.