La lampe (1895)
PleureusesErnest Flammarion (p. 117-122).
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LA LAMPE


Chantonne, murmure, divague…


LA LAMPE


Ta lumière, c’est toi.


La nuit en songes funèbres
Descend du grand ciel dormant,
Et la lampe doucement
Montre son cœur aux ténèbres.

Dans le coin silencieux
Naît la fleur crépusculaire…
La douceur du soir l’éclaire
Comme un sourire des yeux


Avec la foi qui persiste,
Et son rêve égal et pur,
Timide aux heures d’azur,
Elle attendait l’heure triste.

Elle est bonne aux jours trop courts,
Aux pauvres nuits sans paupières,
Bonne à toutes les prières
Puisqu’elle est seule toujours.

Dans la fuite coutumière
Des derniers cercles du jour,
Le silence vient autour
Pour écouter sa lumière.

Elle unit les isolés,
Elle ne choisit personne ;
Mais la caresse trop bonne
Ne peut pas tout consoler.


Et la reine au palais sombre
A peur de s’épanouir
Ne voulant pas éblouir
Les yeux désolés de l’ombre.