Phonétique d’un parler irlandais de Kerry/3-1

Troisième partie. Le groupe. La syllabe. Le mot. La phrase.
Chapitre I. — Les groupes consonantiques




TROISIÈME PARTIE


LE GROUPE. LA SYLLABLE. LE MOT.
LA PHRASE.






Chapitre premier
Les groupes consonantiques

§ 212. Au point de vue de la fréquence et de la compli­cation des groupes conson­antiques notre parler occupe une place inter­médiaire entre une langue comme l’italien, où les groupes sont rares, et où le mot contient en moyenne presque autant de voyelles que de consonnes, et une langue comme l’allemand, où le nombre des consonnes l’emporte considé­rable­ment sur celui des voyelles. Des sondages effectués dans des textes de folklore recueil­lis à Dunquin, m’ont donné, compte tenu des élisions et chutes dues au sandhi, mais sans tenir compte des sons de tran­sition ultra-brefs, et que l’ou ne peut guère consi­dérer comme sylla­biques, une propor­tion de voyelles (ou diph­tongues) de 43 ou 44 pour 100. La propor­tion serait donc sensible­ment la même qu’en français.

§ 213. Deux consonnes qui se suivent peuvent comporter ou peuvent ne pas comporter un ou plusieurs éléments communs. Dans le premier cas, la position prise pour l’arti­culation de la première consonne est maintenue d’une consonne à l’autre dans la mesure où elle est commune aux deux consonnes, et non pas lâchée hors de l’explosion de la première, et reprise lors de l’implosion de la seconde : ainsi, dans tnɑ̃:hɩmʹ (tnáthaim) « je fatigue », la fin du t et le début de l’n n’est marqué que par une explosion vélaire et par le début des vibra­tions glottales ; dans tlɑ:h (tláth) « aimable, courtois », l’explosion du t est consti­tuée par le fait que l’air commence à s’échapper par les côtés de la langue (tandis que les cordes vocales entrent en vibration), sans que la position de la partie frontale de la langue, qui forme occlusion également dans le t et l’l, ait été modifiée ; et ainsi de suite.

§ 214. En revanche, dans la mesure où les consonnes d’un même groupe n’ont pas d’éléments communs, elles sont unies entre elles de telle sorte que l’explosion de la première consonne a lieu avant que l’implosion de la deuxième soit commencée.

C’est au reste un des carac­tères les plus généraux de la phoné­tique du parler (et d’ailleurs de la phoné­tique irlan­daise en général, quoique, peut-être, à un moindre degré) que la conti­nuité avec laquelle les phonèmes s’enchaî­nent en quelque sorte progres­sive­ment les uns aux autres, les phases inter­médiaires restant toujours audibles, au point de donner souvent l’impres­sion de consti­tuer des phonèmes distincts. Aussi est-on parfois embar­rassé de tracer une limite entre les cas où le groupe conso­nantique est dissocié et ceux où l’on a deux consonnes entre les­quelles est perçu, comme un point vocalique, le change­ment de position de l’une à l’autre tenue conso­nantique. La démar­cation est d’autant moins nette que sur ce point (l’un de ceux où le parler est actuelle­ment en voie d’évolution) les fluctu­ations indivi­duelles sont sensibles.

Groupes explosifs (initiaux, cf. chap. iv).

§ 215. Groupes de deux consonnes : constitués

1º Par une occlusive pure, sourde ou sonore, une sifflante (s ou ʃ), un f () ou, à l’initiale modifiée grammati­cale­ment, par une nasale, une spirante ou un h, suivis de liquide.

pʹrʹαb (preab) « sursaut » ; srɑ:ⁱdʹ (sráid) « rue » ; fla (flaith) « prince » ; ɩ mʹlʹi·ənə (i mbliadhna) « cette année » ; ǥɑ: χlᴜ·ɛʃ (dhá chluais) « deux oreilles » ; də hlɑ̃:ⁱnʹtʹɩ (do shláinte) « ta santé ».

2º Par une occlusive dentale ou gutturale pure, sourde ou sonore (ou, exception­nelle­ment, une nasale), une sifflante (s ou ʃ) ou, à l’initiale modifiée, par une nasale, une spirante ou un h, suivis de n () :

knɑ̃:v (cnámh) « os » ; gno: (gnó) « affaire » ; mnɑ̃: (mná), gén. et plur. de αn (bean) « femme » ; ʃnʹi:ᵊv (sníomh) « filer » : do ǥno: (do ghnó) « ton affaire » ; ɑnəhnɑ̃:v (anashnámh) « nage impec­cable ».

Pour tnɑ:h, cf. § 213. Pour des groupes nouveaux comme fn- ou kʹmʹ (fᵊn‑, kʹⁱmʹ‑), cf. chap. vi.

3º Par s suivie de m () :

smʹɩgʹi:nʹ (smigín) « menton ».

4º Pour les groupes initiaux : occlusive (et, à l’initiale modifiée, spirante) suivie de spirante, en voie d’appa­rition (gv‑, alternant avec gəv‑), cf. chap. vi.

s ou ʃ suivi d’occlusive pure, sourde ou assourdie.

stɑdɩmʹ (stadaim) « j’arrête ».

Pour plus d’exemples, voir les para­graphes consacrés plus haut aux diffé­rents phonèmes.

§ 216. Groupes de trois consonnes : Sont toujours consti­tués par sifflante + occlusive sourde ou assourdie + liquide.

sb̬ʹrʹλk (spriuc) « but, point de repère » ; stʹrʹi:ᵊpəχ ou ʃtʹrʹi:ᵊpəχ (stríopach) « putain » ; sg̬raʃtʹɩ (scraiste) « vaurien » ; sb̬lᴀᴜŋk (splannc) « éclair ».

Groupes implosifs (finaux, cf. chap. iv).

§ 217. Les groupes implosifs n’ont jamais plus de deux consonnes. Ils peuvent être consti­tués par :

1º Une occlusive sourde, un d (), un h ou (dans des mots empruntés) un f () précédés de liquide :

kɔrp (corp) « corps » ; αrt (ceart) « droit » ; kʹᴇlʹtʹ (ceilt) « cacher » (pour la pronon­ciation de dans ce cas, cf. § 30) ; αrk (cearc) « poule » ; kʹirʹkʹ (circ), dat. du même mot ; kalʹkʹ (cailc) « craie » ; kʲɑ:rd (ceárd) « métier » ; sg̬ɑrf (scarf) « écharpe ».

Pour fɔlh, voir § 90.

En revanche b () et g () ne se rencon­trent pas à la finale, précédés de liquides.

§ 218. 2º On peut aussi avoir une occlusive finale précédée d’une nasale homor­ganique (je n’ai pas trouvé d’occlusive labiale dans ce cas, quoiqu’il ne semble pas qu’il y ait là une impos­sibilité a priori).

kainʹtʹ (cainnt) « parler » ; bᴀᴜŋk (bannc) « banc (de poisson) », gén. bʷi:ŋʹkʹ (bainnc) ; ʃrʹaᴜ̃ŋg (sreang) « corde ».

En revanche on ne peut avoir à la finale une nasale ou une spirante précédée de nasale.

§ 219. 3º Occlusives précédées de spirantes ou sif­flantes : les groupes usuels sont ‑χt, ‑χ, et sifflante suivie d’occlusive sourde ou assourdie.

χt (bocht) « pauvre » ; χ (boicht), gén. du même ; ərɪ:ʃtʹ (arís) « de nouveau » ; i·əsg̬, gén. e:ʃg̬ʹ (iasc, éisc) « poisson » ; ‑fʹtʹ dans un mot emprunté ʃᴇfʹtʹ (seift) « expédient ».

§ 220. 4º Quelques mots isolés, empruntés ou expres­sifs, se terminent par s précédé d’occlusive ou de nasale.

ʃαns (seanns) « chance » ; λks (giucs) « un mot, une syllabe, un bruit quel­conque » ; λks (diucs) « forme substi­tuée au nom du diable dans les jurons ».

Dans un mot emprunté comme mαtʹʃ (match) « allumette », sans doute faut-il consi­dérer ‑tʹʃ´ comme un son un, corres­pondant, dans l’esprit des sujets parlant anglais, à anglais ‑tch ; c’est ainsi qu’on a , (§ 91), quoique ž, isolé, n’existe pas dans la langue (et cf. § 252).

§ 221. Groupes implosivo-explosifs (médians, cf. chap. vi).
Groupes de deux consonnes.

Groupes commen­çant par une liquide :

1º Les groupes consti­tués par une liquide suivie d’occlusive sourde, de d () ou n (), de sifflante ou de h sont des plus usuels.

ɑlpə (alpadh) « avaler » ; αrtᴜ: (ceart­ughadh) « corriger » ; kʹirʹkʹɩ (circe), gén. de αrk (cearc) « poule » ; gᴀᴜldə (gallda) « étranger » ; αrsəntə (pearsanta) « personnel » ; dʹi:lʹʃɩ (dílse), comp. de dʹi:lʹɩʃ (dílis) « cher » ; tʹi·ərnə (tighearna) « seigneur » ; mì:arnɑ:ⁱlʹ (méarnail) « tâtonner » ; fʹi:lʹhɩ ʃe· (fillfidh sé) « il rentrera » ; dʹi·ərhɩgʹ (d’fhia­fruigh) « il demanda » ; bo:ⁱrʹhɩ (bóirthe), plur. de bo:hər (bóthar) « chemin ». De même αrhᴜ: et aussi αhərᴜ: (ceath­ramhadh) « quatrième ».

§ 222. 2º Les groupes r, l, (, ) suivis d’occlusive sonore ou nasale non homor­ganique (b, , g, , m, ), de spirante sonore ou de χ ne se rencon­trent normalement qu’après voyelle longue ou diph­tongue. Après voyelles brèves, ces groupes ont été éliminés par appa­rition d’une voyelle svara­bhaktique.

On en relève des exemples, soit après voyelle longue ou diph­tongue, soit à la jonction d’un radical et d’un élément flexi­onnel ou du premier terme et du second terme d’un mot composé, soit dans des mots empruntés.

On a ainsi :

mʷᴇ̈:rgᴜ:ⁱlʹ (maor­dhamhail) « élégant, majes­tueux » ; i·ərgᴜ:ltə (iargcúlta) « retiré, solitaire (en parlant d’un lieu) » ; tʹi:ᵊrgɑ:ⁱlʹtʹ (tíorgáil) « se préparer à, méditer » ; dᴜ·əlgəs (dualgas) « obli­gation » ; en face de mɑrəgə (margadh) « marché », etc.

tʹe:ᵊrmə (téarma) « terme », en face de fɔrəməd (formad) « envie ».

Notez : hʹi:lʹfʷi: (shilfí) « on croirait » ; mɔlfər (molfar) « on louera » ; gʲɑ:rfər (gearrfar) « on coupera » ; kʷɪrʹfər (cuirfear) « on placera », mais αrəfə (dearbhtha) « certain » (ou f > vh).

bʹì:alvəχ (béalbhach) « mors » ; kʹi·əlvər (ciallmhar) « raison­nable » ; kʲo:lvər (ceólmhar) « gai » ; en face de ʃαləvᴜ: (seal­bhughadh) « posséder ».

kʷᴇ̈:ᵊlχʷɪdʹ (caolchuid) « partie aveugle (mot composé) », en face de αχɑ̃:n (gealachán) « blanc d’œuf ».

§ 223.r suivi de l, lʹ, est usuel :

bʹì:arlə (béarla) « langue anglaise » ; kʹi:ᵊrlɑ:ⁱlʹ (cíorláil) « boule­verser » ; kõ:rlʹɩ (comhairle) « conseil ».

l () suivi de r () est en revanche très rare. On peut cependant citer ʃi:ᵊlrᴜ: (síol­rughadh) « planter », qui prouve que le groupe n’est pas impos­sible (se prononce aussi ʃi:ᵊlᵊrᴜ:).

§ 224. Groupes compre­nant une nasale suivie d’une consonne de moindre sonorité :

1º Les groupes const­itués par nasale suivie d’occlusive ou de sifflante sont usuels ; une nasale est toujours de même organe qu’une occlusive suivante.

bʷɪ:mʹpʹe:ʃ (buímpéis) « bas » ; bᴀᴜmbərnʹɩ (bambairne) « gros bonhomme » ; kainʹtʹəχ (cainn­teach) « causeur, sociable » ; kᴀᴜndᴇ̈: (conndae) « comté » ; lᴀ̃ᴜ̃ŋkɑ̃:n (lamhancán) « marcher à quatre pattes » ; α̃ŋgəl (ceangal) « lien ».

blᴀɪᵊmsəχ (bladhmsach) « flambée » ; αimʹʃɩrʹ (aimsir) « temps » ; aᴜnsə (ceannsa) « aimable » ; pʹinʹʃʲλn (pinsion) « pension ».

2º Les nasales + spirante sourde (f, ) ou h consti­tuent également des groupes stables :

lʹe:mʹfər (léimfear) « on sautera » ; lʹi:ᵊnfər (líonfar) « on remplira » ; anʹhi:m (aith­nighim) « je reconnais » (mais αhʹɩnʹɩ, cf. § 231 et 282) ; trɑ:nho:nə (tráthnóna) « soirée ».

3º Les groupes nasale + spirante sonore sont rares et ne se rencon­trent qu’après voyelle longue dans un mot composé comme : dʹi·ənvah (dian­mhaith) « extrême­ment bien » mais ɑnəvah (anamhaith, de ɑn et mah), comme fɔnəvər (fonnmhar) « désireux ». De même ʃαnəvʹαn (seanbhean) « vieille femme », en face de ʃαndɪnʹɩ (seanduine) « vieillard ».

§ 225. Groupes spirantes + occlu­sives : ‑χt- et ‑χt- sont usuels.

brᴜχtɪ:ᵊl (bruchtuíol) « vomir » ; krʹαχtɩmʹ (creach­taim) « je blesse » ; χtʹɩ (boichte), superl. de χt (bocht) « pauvre ».

§ 226. Groupes compre­nant une nasale, suivie de nasale ou liquide.

1º Nasale + nasale donne lieu au développe­ment d’une voyelle svara­bhaktique : imʹɩnʹi: (ou imʹⁱnʹi:), cf. §§ 247 et 244.

r () ou l () peuvent être précédés de la nasale homor­ganique n, , sans qu’une voyelle soit insérée il arrive même, particu­lière­ment entre n et r, que soit inséré un ton de glisse­ment d, dû au fait que le voile du palais est relevé avant que la position de la langue soit modifiée :

αinʹlʲᴜ: (aidhn­liughadh) « louvoyer sur place » ; ᴀᴜnlən (annlann) « assaison­ne­ment » ; kᴜ:nlɩgʹ (cúnlaigh) « ramasse, rapetisse ! » ; ᴀᴜnro: (annró) et aussi ᴀᴜnᵈro: « dévas­tation » ; sg̬ᴀᴜnrə et sg̬ᴀᴜnᵈrə (scannradh) « terreur ». J’ai pourtant noté sporadi­que­ment des pronon­ciations comme : ᴇ̈:ᵊnᵊrəχ (aonrach) « solitaire » ; entre m () et liquide, apparaît une voyelle svara­bhaktique au reste peu déve­loppée (moins que dans 1º) et ne consti­tuant pas nettement un sommet sylla­bique :

amʹɩlʹɩhɩ (aimlithe) « maladroit, mal fichu » ; lʹe:mʹⁱrʹɩgʹ (léimrigh) « sauter » ; ᴜ:mᵊrəsg̬ɑ:ⁱlʹ (iomras­cáil) « lutter » ; ʃaᴜmᵊrə (seómra) « chambre ».

§ 227. Groupes com­prenant une spirante suivie d’une consonne de plus grande sonorité :

1º Suivie de nasale : αχmərtʹ (eachmairt) « rut (chez les chevaux) » ; χ (dochma) « morose » ; krʹi:ᵊχnəhə (crioch­nuighthe) « terminé ».

Après spirante sonore s’intercale une voyelle légère : ɪ:vʹⁱnʹəs (aoibhneas) « délice ».

2º Suivi de liquide : entre la spirante et la liquide tend à s’inter­caler une voyelle brève :

ɑχᵊrən (achrann) « diffi­culté » ; χᵊrɩdʹ (sochraid) « enterre­ment » ; fʹi·əvᵊrəs (fiabhras) « fièvre ».

§ 228. Groupes commen­çant par une occlusive ou une sifflante :

1º Occlusive ou sifflante suivie de liquide : il tend à se déve­lopper une voyelle svara­bhaktique, trop faible chez la plupart des sujets pour qu’on la considère comme sylla­bique, si bien que l’unité du groupe subsiste encore dans une certaine mesure ; mais la voyelle est assez nette déjà chez certains sujets.

lɑpᵊrəχɑ̃:n (laprachán) « lutin, kobold » ; ɑ̃mplə (ampladh) « avaler » ; ɛbʹⁱrʹɩ (oibre), gén. de ɔbʷɩrʹ (obair) « travail » ; lɑ:ⁱdʹⁱrʹəχt (láid­reacht) « robus­tesse » ; ì:adᵊrəm (éadrom) « léger » ; ɔkᵊrəs (ocras) « faim » ; pʹi·əkᵊləχ (piaclach) « pénible » ; tɑgᵊrɩmʹ (tagraim) « je mentionne ».

kʷiʃⁱlʹɩ (cuisle) « pouls » ; nə hᴜ·ɛʃⁱlʹɩ (na huaisle) « les gens du monde » ; mais d’ordinaire kʷɩʃlʲɑ:n (caisleán) « château » (cf. § 249). La voyelle svara­bhaktique est au reste moins déve­loppée devant l () que devant r () : lɑsᵊrəχ (lasrach) « éclair » ; gɑsᵊrə (gasradh) « une bande (de soldats, de jeunes gens) ».

§ 229. 2º Occlusive sonore suivie de nasale :

‑gn- se rencontre dans un mot composé comme αrəgnɑ:ⁱrʹɩ (dearg­naire) « grand’honte », de αrəg (dearg) « rouge » et nɑ:ⁱrʹɩ (náire) « honte ».

Dans le corps d’un mot le même groupe a développé une voyelle svara­bhaktique : αgʹɩnʹɩ (aigne) « esprit », cf. § 247.

3º Sifflante suivie de nasale :

klʹïsmərtʹ ou klʹiʃmʹərtʹ (clios­mairt) « confusion, désordre » ; mʹiʃnʹəχ (misneach) « courage » ; ɔsnə (osna) « soupir ».

3º Occlusive ou sifflante suivie de spirante : quand la spirante est sourde, le groupe subsiste (l’occlusive étant au besoin assimilée au point de vue de la sonorité, cf. § 237).

ɑkfʷɩnʹəχ (acfuinneach) « robuste, énergique » ; to:kfər (tógfar) « on prendra » ; tʹitʹfər (tuitfear) « on tombera » ; bʹrʹiʃfər (brisfear) « on brisera » ; kɑsfər (casfar) » on tournera ».

Quand la spirante est sonore, il y a tendance à déve­lopper une voyelle entre les deux éléments du groupe : ɑdᵊvʷɪ:mʹ (ad­mhuighim) « j’avoue».

§ 230. 4º Occlusive suivie de sifflante :

Ne se trouve pas, la langue n’ayant pas de demi-occlusives : mais cf. § 91.

5º Sifflante suivie d’occlusive, sourde ou assourdie :

αsb̬ə (easba) « manque » ; laʃtʹi:ᵊs (laistíos) « de l’autre côté » ; fʹᴇʃg̬ʹɩnʹtʹ (feiscint) « voir » ; tʹiʃg̬ʹɩnʹtʹ (tuiscint) « com­prendre » ; mʹe:r̤əstə (méireasta), plur. de mʹì:ar (méar) « doigt » ; i·əsg̬ʷɩrʹɩ (iascaire) « pêcheur ».

C’est par ‑ʃtʹ- qu’est rendu ‑dž‑, ‑tʃ- des emprunts anciens à l’anglais kərɑ:ʃtʹɩ (coráiste) « courage », etc.

6º Occlusive suivie d’occlusive : ne se rencontre qu’exception­nelle­ment et dans des mots empruntés comme : kɑptᴇ̈:n (captaon) « capitaine ».

§ 231. Groupes commençant par h :

L’équivalent des groupes explosifs commen­çant par h que nous avons vus § 215, n’existe pas pour les groupes implosivo-explosifs. Là où h n’a pas passé après la sonante ou la liquide qu’il précédait (§§ 221, 1º, § 224, 2º), une voyelle s’est déve­loppée : fɔhərəm (fothrom) « bruit » ; fɔhərəgə (foth­ragadh) « hâte » ; bɑhələχ (bathlach) « chose démolie » ; dʹᴇhɩnʹəs (deithneas) « hâte ».

§ 232. Groupes de trois consonnes :

1º Nasale ou spirante suivie d’occlusive homor­ganique + l, r. Dans ce cas, entre les deux derniers éléments du groupe, on aura le même son vocalique réduit que s’il s’agissait d’un groupe de deux consonnes :

ɑ̃mpᵊləχ (amplach) « vorace » ; α̃ŋgᵊlɩmʹ (ceanglaim) « je lie » ; bᴜ:ndᵊləχ (búndlach) « gouttière » ; kõmpᵊrɑ:ⁱdʹ (compráid) « compa­raison » ; αχtᵊrə (eachtra) « aventures ».

Type plus excep­tionnel : kʹinʹʃtʹər (cinstear) « fragment ».

r () suivi de h + n () ou l () :

to:rhnʲəχ (tóirneach) « tonnerre » ; bɑ:rhnʲəχ (bâirneach) « palourde » ; i·ərhləχ (iarthlach) « tablier » ; mʷɪnʹərhlʹɩ (muinirtle) « manche », à côté de mʷɪlʹərtʹɩ ; kʹᴇrhlʹi:nʹ (ceirtlín) « peloton ».

3º Sifflante suivie d’occlusive + liquide :

αʃtʹrʹi:mʹ (aistrighim) « je traduis ».

En revanche les groupes du type sifflante (ou spirante) + occlusive + nasale ont été simpli­fiés par chute de l’occlusive :

Cf. kʹᴇʃnʹəv (ceistneamh) « se plaindre » ; maχnəv (machtnamh) « réfléchir ».

4º Dans les formes verbales : groupes sifflante ou spirante + occlusive, suivie de l’f ou du t commen­çant une désinence verbale : löʃkʹfər (loiscfear) « on brûlera » ; tᴇ̈:sktər (taosctar) « on vide, épuise » ; sg̬ölʹtʹfʷi: (scoiltfí) « on fendrait ». Mais aussi sg̬ölʹfʷɪ:.