Chapitre III
LA FÊTE DE NUIT
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I. ADELINE À PAUL modifier

Comme le temps file quand tout sourit à nos vœux, à nos rêves ! Plus de trois mois, mon chéri, que je ne t’ai écrit, et que de choses depuis.

Mes lettres te sont parvenues par le cousin d’Eulalie, ton condisciple aux Jésuites, que la mort d’une parente avait appelé à Paris. Déchire-les après lecture, de peur que nous n’en récoltions des ennuis et afin que nous puissions continuer ces chères confidences.

J’attends les tiennes, certaine qu’une occasion surgira qui me permette de les recevoir.

Je désire que tu t’amuses comme moi, et je t’envoie en tout cas le récit de mes folles ivresses pour te prouver que je ne change pas de manière de voir sur toutes ces bonnes choses.

Je te regrette souvent, mon petit Paul, c’est te dire que l’égoïsme ne me mord pas le cœur.

La vie bien réglée, bien organisée, ne nous fatigue pas, et nous vaut toutes sortes de joies, de surprises agréables.

A côté de notre lien avec la grande amie, il se noue de petits romans, et cela a bien son charme.

Quelques semaines après mon entrée à la pension, un matin, je trouvais dans mon pupitre une lettre qui me jeta dans une très forte surexcitation.

Chère Adeline,

Tu m’as joliment fouettée et tu m’as diantrement écorché le cul ; je ne t’en veux pas, bien au contraire. Marie m’a raconté que tu étais très chaude. J’éprouve un grand besoin pour ta personne et tu me rendrais bien heureuse si tes lèvres effaçaient le souvenir des coups, là où tu frappas. Si tu as le même désir de mes charmes que je l’ai des tiens, il est facile de nous voir, sans risquer de punitions. Demande demain la confession ; je suis chargée d’arranger l’autel pour dimanche. En arrivant à la chapelle à 4 heures, tu ne rencontreras l’aumônier qu’à 4 h. 30. Nous aurons une demi-heure à nous. Dans le cas où tu consentirais, mon cher petit ange, ce soir, au réfectoire, mets une faveur bleue dans ta chevelure.

Ton amie, Isabelle.

Je mis le ruban bleu, et le lendemain, à 4 heures, j’allai à la chapelle. Isabelle m’attendait. Elle me prit par la main, me conduisit dans la sacristie, ouvrit une porte et nous pénétrâmes dans un bijou de boudoir.

Elle me saisit dans ses bras, et quoique plus petite que moi, elle me souleva comme une plume, me poussa sur un divan, et me dit :

― Vite, dépêchons. Montre si tu es aussi bien faite que le crie Marie.

Ses mains me chatouillèrent les cuisses et les fesses ; elle écarta mon pantalon, sa bouche approcha, et sa langue, merveilleusement agile, eut vite fouillé dans les bons coins.

Se relevant ensuite, elle se retroussa, m’exhiba ses fesses que ne recevrait pas le moindre pantalon, et comme j’étais couchée sur le divan, elle les appliqua sur mon visage en m’ordonnant de les sucer.

― Suce partout, méchante, dit-elle, cruelle, qui, l’autre jour, tapa si fort. Tiens, tu vois, il se venge, il se pince le nez, il t’écrase la figure ; enfonce la langue, c’est ça, cherche bien le trou, j’adore ce chatouillement ! Ah, coquine, tu es une véritable petite maîtresse ! Oui, serre avec tes mains, tiens, tiens, le sens-tu bien sur toi ? La passion de Marie, cette passion qu’elle a pour les culs, m’a amenée à me délecter, quand on me le caresse. Oh, tu marches très bien ! Dis, que désires-tu en m’enlaçant plus. Dis, quel est le plus joli : celui d’Angèle ou le mien ?

― J’ai à peine contemplé le cul d’Angèle.

― Quelle plaisanterie ! Que faites-vous ensemble dans vos petites retraites ?

― Elle aime à me caresser, et quand c’est son tour, elle préfère le devant.

― Oh, que c’est drôle ! Avec ta devancière, elle lui demandait toujours de lui sucer la pointe des seins ! Angèle est une fantasque ! Oui, oui, mais ne t’arrête pas dans tes lippettes. Si tu n’as pas vu le cul de ta grande amie, tu en as vu d’autres, celui de Blanche, par exemple ; le préfères-tu au mien ?

― Il est plus gros, mais il ne sait pas se tortiller comme le tien.

― Ah, tu apprécies ça ! Il est toujours en chaleur, et j’y voudrais toute la journée une langue au milieu.

― Avec ces dispositions, Marie doit se satisfaire dans ses goûts.

― Marie est une plastique. Elle aime un cul qui ne remue pas, et moi, je ne le laisse jamais au repos quand on me le lèche gentiment. Elle se fera pincer parce qu’elle cherche les aventures nocturnes. Elle les cherche à cause de la peur d’être surprise, ce qui empêche de bouger celles à qui elle s’adresse. Elle s’aplatit sur le cul et le léchaille à légers coups de langue.

― Il est curieux que l’on ne s’entende jamais tout à fait bien !

― Je m’entendrais bien avec toi ! Tu es une fière mutine et tu manœuvres ta langue avec une réelle habileté ! Veux-tu être mon amoureuse.

― Et Angèle ?

― Angèle demeure ton amie officielle. Nous avons toutes une amoureuse cachée, et Angèle comme les autres.

― Vraiment, Angèle a une amoureuse !

― Tu ne connais donc pas encore les histoires de la maison ! Angèle a la toquade de son ancienne grande amie, Blanche. Elles couchent souvent ensemble, et c’est grâce à cela que vous avez été pincées avec Marie.

― Ah !

― Oui. Si Marie m’avait parlé ce jour-là, je lui aurais conseillé de remettre sa partie lors d’une visite de Blanche à Angèle.

― Elles changent de chambre ?

― Au moins deux fois par semaine.

Les léchées et les sucées continuaient. Nous sûmes nous arrêter à temps pour être dans la chapelle à l’arrivée de l’aumônier.

Je consentis à être l’amoureuse de cette petite endiablée qui me promit de nous ménager quantité d’ivresses voluptueuses.

C’était la première fois que je me rendais au confessionnal de la pension.

Sur ce point, les élèves dépassant 14 ans ont toute latitude, pourvu qu’elles communient aux époques fixées.

Je n’avais vu l’aumônier qu’aux séances de punition et aux offices religieux.

J’entrai dans la petite niche en toute quiétude d’esprit et le grillage ouvert après le pater et l’ave, l’aumônier me dit :

― C’est bien, mon enfant, de vous rappeler l’utilité de mon ministère. Vous éprouvez le besoin de me confier quelques petites fautes ?

― Vos conseils, mon père, me seront précieux et, depuis longtemps, je désirais les solliciter.

― Parlez, je vous écoute, mon intérêt le plus vif vous est acquis.

― J’ai un peu de trouble dans les idées. Je suis venue dans cette maison à la suite d’une aventure que vous devez connaître et, ici, je trouve presque autorisé ce qu’on a voulu châtier chez mon père. Où est le bien, où est le mal, je ne sais plus.

― Le cœur l’indique, mon enfant. L’obéissance envers les supérieurs qui nous dirigent ; l’observance des convenances de ceux avec lesquels nous vivons ; le silence sur ce qui peut affliger autrui ; la recherche des joies et des bonheurs qu’il est en notre pouvoir de procurer à nos amis.

― Je saisis à merveille, mon père. Il s’agit de pratiquer la morale selon les lieux où l’on vit, et de ne jamais choquer les pensées de ceux dont on dépend.

Un moment embarrassé, l’aumônier reprit :

― Le mal consiste dans l’erreur de nos besoins réciproques. Cette maison est régie par un ensemble de règlement différent de celui qu’observent les autres. Vous êtes une nature intelligente. Vous ne compromettrez pas le bonheur que vous éprouvez dans de vaines controverses. Goûtez le plaisir, mon enfant, et faites le goûter, selon les règles édictées ici. Je vous absous de vos péchés.

― Je vous remercie, mon père, et je vous témoignerai ma reconnaissance en avouant que le confessionnal m’a servi de prétexte pour rejoindre une amie à un rendez-vous voluptueux.

Il sourit et me répliqua :

― Je veux ignorer le nom de votre complice. Pour pénitence de votre subterfuge, vous calmerez l’irritation du pauvre diable que vous enflammez entre mes cuisses. Regardez, mon enfant.

J’appuyai le front au grillage et vis l’aumônier, la soutane relevée, montrant une machine… bien, bien longue.

― Comment la calmerai-je, mon père ?

― En la suçant dans la sacristie. Obéirez-vous à la pénitence ?

― Aurais-je le droit de révolte, que je solliciterais de l’accomplir.

― Oh, mon enfant, vous promettez une merveilleuse recrue pour cette maison. Venez donc à la sacristie.

― Pourquoi à la sacristie ? Si je vous rejoignais dans votre petite cellule et m’agenouillais devant vous ? Il tressaillit et répondit :

― Oui, oui, c’est cela.

Isabelle était toujours à l’autel. Elle se retourna au bruit de la porte du confessionnal et resta tout interdite en me voyant disparaître auprès de l’aumônier.

Je m’agenouillai entre ses cuisses ; il me caressa doucement la tête et ma bouche s’approcha de cette grosse chose. J’avais soif de ce plaisir. Depuis mon départ de Chartres, le joujou masculin me manquait. Je bénissais mon intelligence qui me mettait en face des attributs de l’aumônier. Le gland énorme glissa entre mes lèvres, mon cœur battit d’ivresse, de mes deux mains je soutins le goupillon.

Quelle taille, mon petit Paul. Deux fois gros comme l’abbé Dussal et trois fois comme toi.

Lentement j’appuyai la bouche et la descendit par saccades, de façon à engloutir peu à peu le monstre charmant.

Hélas, elle ne put le contenir en entier.

L’aumônier, renversé en arrière, les cuisses bien découvertes, s’abandonnait à mon entreprise et je ne résistai pas à l’enivrement de me repaître de ses chairs. Je laissai échapper la chose de mes lèvres, posai mon front au-dessous, redressai à coup de languette les deux boules, et me penchai pour lécher jusqu’à la pointe des fesses.

Il soupirait de plus en plus.

Il me frappa la tête avec le gland pour me rappeler au suçage ; je repris ma besogne, m’enrageant des lèvres et de la langue.

Il tressautait, pressait de ses mains sur mes épaules, se tortillait par instants, et soudain, il m’envoya dans la bouche, sur le nez, les joues, un violent jet de sperme (nom de la liqueur mâle qu’il m’enseigna).

Oh, les soubresauts de sa queue contre mon visage. Jamais je ne les oublierai. Elle battait une mesure précipitée à me briser les chairs.

Je restai la tête collée sur ses cuisses, abîmée dans une extase délicieuse ; il me caressa les joues, que j’appuyai contre sa chair, puis, avec un mouchoir, il m’essuya et je compris qu’il s’agissait de réparer les traces de l’aventure.

Quelques gouttes étaient tombées sur mon corsage et y faisaient une tache. Il laissa retomber sa soutane et me dit de l’accompagner à la sacristie où il le nettoierait.

Nous sortîmes du confessionnal et, en passant devant l’autel, je remarquai qu’Isabelle, dissimulée sur un des côtés, me regardait avec des vilains yeux.

Dans la sacristie, l’aumônier, avec un peu d’eau, répara l’accident de mon corsage ; je me lavai le visage afin que rien ne me trahisse, et je le quittais après qu’il m’eut embrassée tendrement, en me promettant sa protection.

Dans un couloir conduisant de la chapelle à la cour, je me heurtai à Isabelle qui, me saisissant le bras, me flanqua une paire de gifles et me dit :

― Tiens, cochonne, suceuse, tes amies ne te suffisent pas, il te faut mignarder les hommes, voilà pour t’apprendre à te mieux conduire. Nous sommes brouillées, cochonne, et n’aie pas peur, je parlerai à Angèle et elle t’arrangera.

Elle me tourna le dos et sauva, me laissant ahurie. Je pensais que tous les plaisirs devaient s’éprouver, et l’un d’eux me créait une ennemie.

Un nouvel ennui m’attendait à l’étude.

À mon retour, Mlle Blanche me dit avec une certaine ironie :

― Votre confession a été bien longue, Adeline. Vous aviez donc de nombreuses fautes à avouer ? Je ne m’en serais pas doutée. Elles ont une réelle gravité, votre visage est tout chiffonné et votre allure étrange. Je vous prive de récréation pour demain et vous me copierez tout le premier acte d’Athalie. Les vers parleront de poésie à votre âme.

Ce réveil voluptueux, mon petit Paul, était désagréable. Je me soumis sans murmurer.

Bons baisers de ta sœur.

Adeline.

II. DE LA MÊME AU MÊME modifier

L’aumônier m’avait promis sa protection, il tint parole.

Il s’écoula quelques jours avant qu’il n’eût l’occasion de s’occuper de ma personne, mais ayant appris la punition infligée pour la longueur de ma confession, un matin il me fit appeler chez Mlle Juliette avec ma maîtresse.

― Je viens de lire sur le cahier des punitions, dit-il à Blanche, celle que vous donnâtes à Adeline. J’avais oublié de lui remettre son billet de justification. Cette punition est injuste et je demande à Juliette de lui accorder en compensation le cordon bleu. Elle la récompensera ainsi de sa soumission et de sa résignation, je la prends sous ma protection et j’exige qu’on ne la tracasse pas.

― Je serai d’autant plus heureuse de la distinction dont elle est l’objet, répondit Blanche, qui, quoique paraissant la bouder, elle ne m’en montre aucune rancune et, bien au contraire, travaille avec encore plus de zèle et de bonne volonté.

Juliette m’embrassa sur les deux joues et me passa autour du cou une faveur bleue, ornée d’une étoile.

Cette récompense m’octroyait le droit de me coucher à ma fantaisie à onze heures, et de me lever à huit, la faculté de circuler librement dans la maison, en dehors des heures de classe et de l’étude du soir.

La protection de l’aumônier, ainsi proclamée, me constituait en quelque sorte une position de petite sultane favorite, me permettant d’en appeler pour les peines de mes amies.

Il se contenta ce matin de m’embrasser sur le front et je revins à l’étude avec Blanche qui annonça à mes camarades ma récompense et ma bonne fortune auprès de l’aumônier.

Malgré la mauvaise humeur d’Isabelle à mon égard, Angèle ne partagea pas sa colère et me conserva son amitié.

Je passais souvent mes récréations à causer avec cette excellente amie qui, lorsqu’elle me sentait les sens émoustillés, m’amenait dans sa chambre et me satisfaisait de son mieux, pour ne pas m’exposer à des désagréments. C’était comme le bon pain assuré, mais cela manquait d’imprévu, et je désirais Isabelle, par cela même qu’elle m’insultait toutes les fois que nous nous trouvions seules.

Pas une fois dans ces rencontres elle ne m’épargna.

Enfonçant un doigt dans la bouche, elle me disait :

― Cochonne, suceuse, cours vers les hommes.

Cela me fâchait et m’irritait. Je n’osais parler à personne. Le cordon bleu me permit d’avoir le mot de cette fureur persévérante.

Marie Rougemont, sa peine expirée, reprit sa place à mon côté. Un jour, elle me dit tout bas :

― Tu peux mener partout avec toi, dans la maison, une de tes amies pendant les récréations. Conduis-moi au dortoir pour que nous recommencions la petite chose de l’autre nuit. On ne nous punira pas.

J’y consentis ; mais, avant de retrousser les jupes pour prêter mon cul aux fantaisies de ma camarade, je lui racontai les vilains procédés de sa grande amie à mon égard.

― Bon, dit-elle, si tu lui avais répliqué, en la traitant de sodomite, d’enculée, si tu t’étais jetée sur elle et l’avais fortement fouettée, elle t’adorerait et te lécherait des pieds à la tête. Elle est ainsi. Elle veut des romans avec les élèves ; puis, à la moindre aventure, elle se brouille, les agonit de sottises, en s’arrangeant à ne pas être surprise. Elle a agi de la sorte avec Athénaïs qui lui administra une bonne raclée et depuis elles sont d’accord. Tu es forte et quoiqu’elle soit nerveuse, ne la ménage pas à la première occasion. Tu verras que, comme elle a le caprice de toi, elle te mangera de caresses.

― Qu’est-ce que c’est que sodomite, enculée ?

― Tu ne le sais pas ? C’est recevoir dans le cul la queue d’un homme.

― La queue ?

― La machine, pardi. Isabelle est la préférée de M. Dandin qui la lui fourre toujours, à ce que j’ai entendu dire par les grandes.

― Je te remercie et tu peux t’amuser avec mon cul tant qu’il te plaira.

La petite coquine prit sa revanche, elle me fourragea tant et si bien avec sa langue au bon endroit, au trou, que je déchargeai deux fois. Elle termina sa jouissance par une fessée de six à sept claques que je supportais pour qu’elle se vengeât de celles supportées en mon honneur.

La classe se passa très bien ; à la fin de la leçon, Mlle Robert ayant remis une note à Blanche, celle-ci me dit :

― À la récréation, vous vous rendrez à la chapelle où vous attend monsieur l’aumônier.

Je compris qu’il allait exercer ses petits droits de seigneur et, du reste, les regards et les propos des élèves me l’eussent révélé en cas de doute.

L’une d’elles me dit : avant de faire ce qu’il te demandera, prie-le de donner une fête de nuit pour te fêter. Tu sais, on danse, on s’amuse, tu n’en as pas idée.

Une autre me souffla :

― Demande-lui une inspection des dortoirs ; il y a après de bien drôles et de bien bonnes choses.

Et une troisième :

― Ne te gêne pas. Tu sais, il a toujours le goût des nouvelles. Si tu as des fantaisies, dis-lui, et tu verras que toute la maison s’y soumettra. Il est l’un des plus gros actionnaires de la pension et c’est lui qui décide de l’admission des élèves.

L’aumônier m’attendait à la sacristie et il me conduisit au petit salon où nous nous amusâmes avec Isabelle.

Sur une petite table, un goûter était servi et il m’invita à manger et à boire.

Tandis que je contentais ma gourmandise, sa main s’appuyait sur mes genoux et ses yeux brillaient de mille feux.

Je souriais et je le laissais faire, grignotant des gâteaux.

Sa main glissa sous mes jupes ; il me chatouillait entre les cuisses. Puis, m’asseyant sur ses genoux, jupes retroussées, il mit sa grosse machine, sa queue, dans la fente de mes fesses et, m’enlaçant, il croisa les mains sur mon ventre, me soulevant parfois par la vigueur de sa chose qui voulait se tenir toute droite.

Quand j’eus achevé de manger et de boire :

― Ma petite protégée, ma petite mignonne, avant de commencer à jouir, je veux faire quelque chose pour toi. Dicte un de tes ordres et on l’exécutera. Tu peux me tutoyer dans le plaisir.

― Alors, c’est bien vrai que je suis comme ta petite sultane ?

― Qui t’a dit ça, chérie ?

― Une de mes amies.

― Nomme-la-moi.

― Pourquoi ? Tu penserais peut-être à elle et, moi, je veux rester ta petite sultane.

Ma réponse l’enchanta. Il envoya sa langue dans ma bouche et je me pressai contre son cœur.

― Tu es une petite rouée, et je ne crois pas qu’ici malgré tous leurs succès, il t’en arrive une à la cheville.

― Tu dis ça parce que je suis nouvelle.

― Oh, la coquette ! Elle me damnerait, si ce n’était déjà fait. Voyons, que demandes-tu ?

― Une fête de nuit.

― On te l’a indiqué. Je voudrais quelque chose qui te plut en particulier.

― Mais je m’amuserai à la fête de nuit.

― Soit ! C’est entendu pour la fin de la semaine. On se reposera dimanche matin. Maintenant, suce-moi un peu. Puis tu t’abandonneras comme avec l’abbé Dussal.

Un frisson me parcourut tout le corps.

Assise sur ses genoux, je sentais sa queue qui courait partout sous mon cul. La reniflant au milieu de la raie, sur les fesses, il me semblait qu’elle était encore plus grosse qu’en réalité par la facilité avec laquelle elle me poussait de côté et d’autre.

Je lui jetai les bras autour du cou et il me répliqua :

― Ne crains rien, ma mignonne. Les chairs se prêtent, et si cela t’écorche un peu la première fois, il n’y paraîtra plus ensuite. Je te lécherai. Avant de t’approcher, je mettrai beaucoup de salive au trou et ça entrera comme dans du beurre.

Il ne me déshabilla pas. Il dégrafa mon corsage, me tripota les seins, et je m’agenouillai entre ses jambes pour le sucer.

Il ne prolongea pas trop ce plaisir. Il m’étendit sur un divan et, avec la langue entre mes fesses, il me donna de rapides coups sur le trou qui l’excitèrent et l’enragèrent.

Il bava dessus et quand il l’eut enduit de sa salive épaisse, comme le boa pour sa victime, il m’attira entre ses cuisses et m’imprima un premier mouvement. Le gland ne parvint pas à disjoindre l’orifice. Il le dirigea avec la main, je m’arc-boutai et la chair céda, mais je ne poussais pas un cri, j’éprouvais une forte douleur.

Il était lancé, il n’écoutait plus rien.

Il appliqua la main sur ma bouche comme pour étouffer mes cris. Je baisai et mordis cette main, mon cul répondait à son assaut, la douleur luttait avec la volupté, sa queue pénétra mieux que dans ma bouche, sa rosée m’inonda, elle me produisit l’effet d’un baume merveilleux, cicatrisant la blessure.

II avait joui et bien joui.

Satisfait, il me contemplait avec une admiration qui me gonfla d’orgueil.

Je devinai que mon empire s’assurait sur les sens de cette autorité de la maison, et qu’une nouvelle ère de félicités allait s’ouvrir pour moi.

Il me confessa le pouvoir que j’acquérais sur sa pensée.

― Ma petite, dit-il, tu es une enfant et tu es une femme. Tu réunis dans ta personne l’agrément de tes maîtresses et de tes camarades. Tu es une nature qu’a deviné et formé mon vieil ami Dussal. Je ne veux pas être jaloux. Ces Messieurs te disputeront à mes plaisirs. Rappelle-toi que je suis le plus puissant d’entre tous et que, si tu sais te modérer avec eux, sinon les éconduire, pour te conserver à mes voluptés, tu seras plus maîtresse dans cette pension que les dames Géraud elles-mêmes.

Penses-tu à cela, mon Paul, penses-tu à ce pouvoir accordé à ta chère sœur ? Ah ! que ne puis-je solliciter qu’on t’amène ici ; je voudrais que tu partageasses mes joies et mes ivresses.

Déjà femme par tout ce que j’apprenais, à cette boutade de l’aumônier, je répondis de la seule façon possible. Je posai mes lèvres sur les siennes et j’eus le bonheur de lui arracher ce gros soupir :

― Je ne veux pas que tu manques tes études ; ne me pousse pas à recommencer. Je te verrai souvent. Fais vite ta toilette et sauve-toi, petit démon.

À bientôt d’autres nouvelles, mon petit frère.

Ta sœur, Adeline.

III. DE LA MÊME AU MÊME modifier

Comme j’étais fiévreuse en jugeant mon pouvoir, tu ne saurais t’en faire une idée.

Une seule crainte me tourmentait l’esprit : celle d’exciter la jalousie des demoiselles Géraud et de mes maîtresses ; il n’en fut rien.

Dans la soirée, après le coucher des moyennes et des petites. Juliette et Fanny, qui s’étaient jointes aux grandes surveillantes, m’attirèrent dans un coin et nous causâmes.

― Votre éducation et votre instruction, ma chère enfant, me dit Juliette, ne laissent rien à désirer. Votre précepteur vous a poussé très bien et vous êtes en avance sur vos camarades. D’un autre côté, votre croissance physique marche en proportion. Vous seriez donc de nos grandes si notre règle n’imposait de façon absolue l’âge de 15 ans et la vacance créée par le départ d’une élève. En attendant qu’il nous soit possible de vous classer ainsi, nous vous considérons comme appartenant à une classe intermédiaire. La protection de l’aumônier, aussi ouvertement accordée (ce qui n’a encore été fait pour aucune autre élève), vous crée une situation à peu près exceptionnelle. Il deviendra indispensable que vous entriez dans la confrérie des Filles Rouges, nous en parlerons plus tard. Nous nous en rapportons jusque-là à tout votre tact, à toute votre gentillesse pour ne mécontenter ni froisser personne. Pourrons-nous compter sur vous.

― Oui, ma chère maîtresse ! Je ne demande qu’à vous obéir et à vous aimer.

Elles m’embrassèrent et Fanny ajouta :

― Pas trop de triomphes à la fois ; d’ici quelque temps, nous vous fêterons à notre tour, chez nous.

Je me couchai à 9 heures pour me lever à 7 heures, n’abusant pas de la permission.

L’occasion que je cherchai pour mettre fin à l’irritante persécution d’Isabelle se présenta ce matin-là.

Comme je m’apprêtais à sortir du dortoir, je me trouvai nez à nez, sur la porte, avec Isabelle.

Nous nous examinâmes un instant des pieds à la tête, puis, prenant son air méchant, elle me dit :

― Tu te figures peut-être que ton ruban bleu et la protection de ton sucé m’arrêtent ! Tu te trompes ; tu n’es qu’une salope et une mangeuse de couilles.

La crudité de ces mots, que je n’avais jamais entendus, dont je compris tout de suite la signification, me jeta dans une violente colère. Je me précipitai sur elle, la tirai par les oreilles, lui lançai deux à trois calottes et, avant qu’elle ne fût revenue de sa surprise devant cette brusque attaque, je la poussai contre un lit, retroussai ses jupes, la frappai du plat de la main et de toutes mes forces sur ses fesses, par-dessus le pantalon, en disant :

― Ah, tu m’appelles salope, ah, tu te sers de si vilains mots que, si Madame l’apprenait, elle sévirait durement ; tiens, tiens, défends-toi, puisque tu es si forte. Voilà un coup de poing sur ton cochon de cul, espèce d’enculée, de sodomite. Ah, que j’ai été bête de te le caresser. Si tu m’instilles encore, je ne te prends pas en traître, j’en référerai à Mlle Juliette, et ce sera tant pis pour toi.

Elle avait d’abord essayé de ruer, mais la rage décuplait mes forces et, de plus, comme elle était très petite malgré la vigueur de ses nerfs, par cela qu’elle se sentait fautive, elle se défendait mal.

Dans mes bourrades, je déchirai son pantalon et apercevant un morceau de chair, la méchanceté m’envahissant l’esprit, je la pinçai avec furie ; elle allait pousser un cri de douleur lorsque des sanglots la suffoquèrent et elle s’avoua vaincue.

J’appuyai de tout mon poids sur les reins et ma main la fustigeant sans pitié, ses pleurs finirent par suspendre mes coups. Elle murmura :

― Pardonne-moi, pardonne-moi. Je ne t’outragerai plus ; le dépit m’excitait pour deux raisons : d’abord parce que je voulais être ton amie préférée ; ensuite, parce que je guignais la faveur de l’aumônier. Ne me frappe pas, je suis ton aînée. Allons, ma méchante, faisons la paix.

Défiante, j’observais la défensive. Elle joignit les mains en me contemplant avec des yeux d’enjôleuse, et continua :

― Dis, Adeline, redevenons amies ; n’est-ce pas à mon rendez-vous que tu dois les bonheurs qui t’arrivent ? Sois gentille ! Veux-tu, je serai ton amoureuse selon ton accord.

Elle était vraiment à croquer, cette mignonne créature, dans sa pose rie suppliante ; je me souvins des ivresses éprouvées sur son cul, je me raidis et, me rappelant les conseils de Marie, je repris :

― Je ne demande qu’à oublier ; mais tu m’as si gravement insultée qu’il me faut une preuve convaincante de l’amitié amoureuse que tu m’offres.

― Celle que tu imposeras est acceptée d’avance.

Je cherchai quelques secondes, puis lui dit :

― Écoute, j’allais au cabinet, quand je t’ai rencontrée. Attends devant la porte que je t’appelle, lorsque j’aurai fini, pour me frotter le cul. Ensuite, tu le laveras et tu me le lécheras. Je pourrais exiger que tu le fisses après que tu aurais passé le papier.

― Si nous sommes surprises, nous risquons la flagellation avec la badine et la protection de l’aumônier ne t’en préservera pas.

― Tant pis ! je veux cela et pas autre chose.

― Soit, je consens.

Le petit réduit n’était pas loin. Elle fit le guet et dès que j’eus achevé, elle prit le papier et m’en essuya les fesses que je lui présentais.

Elle rit en me disant :

― Il n’y a pas de trace ; le travail n’est pas pénible. Du reste, le cul est si beau et si blanc, qu’il exclurait toute répugnance. Je te lèche de suite si tu l’ordonnes.

― Non, après l’eau seulement.

Nous revînmes au dortoir, elle me lava, me bichonna, me parfuma ; me penchant le haut du corps sur le lit, elle glissa sa fine tête à l’entrebâillement du pantalon et me rendit au centuple les caresses dont je la dévorai au fameux rendez-vous de la chapelle.

L’extase ne nous était pas permise. L’heure de la classe approchait, nous nous séparâmes en nous promettant de fréquentes entrevues.

Hélas ? L’une et l’autre nous devions expier ma sotte exigence ! La petite Lise Carrin entendit notre discussion !

Elle courut raconter l’affaire à Mlle Robert et celle-ci assista à la fin de nos ébats, contrôlant ainsi la dénonciation de l’enfant.

Elle en adressa un rapport aux demoiselles Géraud.

À la fin de la classe, on me manda auprès de Mlle Juliette.

Très ennuyée de l’histoire, elle me dit :

― Vous avez commis, Adeline, de complicité avec Isabelle, l’une des plus grosses fautes dont cette maison ait été le témoin. Je voudrais vous soustraire l’une et l’autre au châtiment, qui ne manquera pas de provoquer la colère de deux des personnes dont l’appui m’est précieux ; cela m’est impossible à cause de l’élève qui vous a vu. Vous me trouvez chagrinée, irritée et, je vous le dis franchement, effrayée sur les conséquences de votre étourderie. Des mots ont été prononcés dont je ne m’explique pas la provenance. Je sais qu’Isabelle est une nature turbulente, parfois dangereuse, un esprit vicié dès la première heure et que nous avons eu beaucoup de mal à régler. Mais vous, élevée dans une famille honnête, pure, comment sûtes-vous les mots qu’on m’a répétés ? Probablement quelque camarade vous les aura soufflés, et je ne vous inciterai pas à la délation. Ne les employez plus à l’avenir. Croyez-en mon expérience. Le plaisir est une chose si belle et si douce qu’il ne faut jamais le ternir par des expressions grossières. Votre cas entraîne la flagellation par la badine, le retrait du ruban bleu, la séparation d’avec vos compagnes pour un mois et des pensums journaliers, jamais l’aumônier n’autorisera cette sévérité. En faveur de cette protection, je tournerai la difficulté. Sauf les heures de classe, vous n’aurez aucun contact avec vos amies et on vous ramènera dans mes appartements où l’on vous supposera en punition. Cela durera jusqu’au jour de la flagellation que vous ne pouvez éviter. Après, à cause de la fête de nuit que vous m’avez demandé, je lèverai toutes les punitions et vos camarades ne crieront pas à l’injustice puisqu’elles vous seront redevables de leurs plaisirs. Je vous en supplie, dans votre intérêt comme dans le nôtre, fuyez de pareilles algarades ou précautionnez-vous pour qu’aucun élève ne s’en doute. Vos maîtresses fermeront les yeux.

Si une certaine terreur m’emplissait l’âme au sujet des coups de badine promis à mon pauvre postérieur, je ressentais d’un autre côté une grande joie en constatant l’importance que me valait la protection de l’aumônier.

Il était mon amant avoué, reconnu, et ma volonté comptait beaucoup pour lui.

J’en eus la preuve le soir même.

Sur les six heures et demie, je travaillais à mes devoirs dans le petit salon de Mlle Fanny. L’aumônier entra, tout ému, m’apportant une jolie boîte de bonbons.

Il connaissait l’affaire et il me conta qu’il s’était vertement fâché, qu’il n’entendait pas qu’on n’abîmât mes gentilles fesses, qu’il avait menacé de ne plus mettre les pieds dans la maison si l’on ne profitait pas de la fête de nuit pour enlever sur-le-champ cette punition et toutes les autres.

― Mademoiselle a-t-elle consenti ? demandai-je.

― Non. Elle prétend que l’exemple est nécessaire. Je m’en moque de l’exemple. Ce n’est pas lorsque je rencontre une nature si délicate, si charmante que je l’abandonnerai à des coups de cravache.

― Laissez faire, je me soumets. Une petite a vu ce que nous aurions dû cacher. La souffrance ne durera qu’un moment ; je m’y résigne et si vous nourrissez quelque affection pour votre jeune amie, ne vous fâchez pas contre ma chère maîtresse.

― Elle est accomplie ! Ah, mon enfant, vous ignorez l’effet des coups ! Plus de vingt-quatre heures votre derrière endommagé refusera le plaisir !

― S’il vous plaît d’en user avant ou après, vous le frotterez dispos.

Il me baisa sur les yeux et répondit :

― Je dois le ménager. Il ne faut pas trop le fatiguer avec ma grosse queue ! Je vous aime vraiment, ma mignonne !

Sur ces mots, il guida sa main vers son terrible engin, et je le branlai (je deviens savante), selon ses indications.

Il ne voulut même pas que je le suçasse ; il s’essayait à dominer ses sens pour me pénétrer de l’empire qu’il m’autorisait à exercer sur lui.

Fanny nous surprit dans cette attitude et dit à l’aumônier :

― Vous nous gâterez cette chère enfant !

― Non, ma chère amie ! Elle vient de me demander elle-même de ne pas la soustraire à la flagellation, et la pension a fait dans sa personne une précieuse conquête.

― Il suffit que vous l’ayez remarqué, pour qu’elle affirme sa valeur.

La queue de l’aumônier, dure comme une pierre, se tendait dans mes doigts ; le désir me poursuivait. Une idée folle s’empara de mon esprit. Fanny se trouvait à portée de ma main, je la pris par sa robe, la retroussai brusquement par devant et lui poussai les cuisses contre celles de l’aumônier.

Ne l’espérait-elle pas ? Elle fut de suite à cheval et ses yeux humides me témoignèrent sa reconnaissance.

L’aumônier n’hésita pas. Il l’enfourna et, voulant jouir du spectacle, je m’accroupis sur le sol, par derrière Fanny, dont je relevai les jupes. J’aperçus la queue qui manœuvrait dans son conin.

Par dessous, je joignis mes coups de langue tantôt au cul de Fanny, tantôt aux couilles de l’aumônier, et bientôt ils tressautèrent dans des transports enragés.

Étendu sous eux, la jupe retroussée, je me grattais le bouton et je déchargeai comme l’extase les emportait.

Ses sens satisfaits, avant de partir l’aumônier ne perdit pas de vue le sujet qui le préoccupait.

― Je désire qu’on la venge, dit-il. Pour un fait quelconque, quatre petites paieront la dénonciation de l’une d’entre elles.

― Pardonnez, murmurai-je.

― Non, ma chérie ! On frappera ton cul avec la badine ; les petites seront fustigées.

― Le prétexte est tout trouvé, intervint Fanny : la dénonciatrice était en défaut. On ne peut la punir à cause de la faute révélée ; on appliquera la peine pour la responsabilité morale à un tiers de la classe.

Ses quelques lignes, mon Paul, te dépeignent la maîtresse situation que je suis en train d’acquérir dans la maison.

Ta sœur qui t’adore, Adeline.

IV. DE LA MÊME AU MÊME modifier

Ah, quel supplice ! Je n’eusse jamais supposé que cela fit autant mal !

L’aumônier n’assistait pas à mon exécution. M. Gaudin, le protecteur d’Isabelle, quoique très pâle, a eu le courage de rester jusqu’au bout.

Vu la gravité de notre cas, la séance des punitions a débuté par nous.

Nous sommes arrivées devant le conseil et les classes réunis, Isabelle et moi, avec notre chemise de nuit relevée par derrière et épinglée aux épaules, montrant ainsi notre cul et le derrière de nos jambes ; nos cheveux dénoués en deux tresses pendaient par devant de chaque côté.

On nous avait dispensées de porter le pot de chambre ; mais nous tenions à la main des feuilles de papier et, parvenues au milieu de la salle, sur l’ordre de Mlle Nanette, nous dûmes imiter le mouvement de nous en torcher mutuellement, ce qui provoqua l’hilarité de nos camarades et notre confusion.

Puis, saisissant le papier avec lequel j’avais torché le cul d’Isabelle, Nanette me le passa sur le visage en disant :

― Embrassez ce que vous aimez, mademoiselle la sale. Tous les goûts sont dans la nature ; tant pis pour vous si les vôtres méritent la société des pourceaux.

Je fondis en larmes, humiliée et fortement émue tandis qu’elle recommençait la même scène avec Isabelle.

Mon amie jouissait du plus parfait sang-froid.

Elle embrassa carrément le papier et dit en désignant des élèves de la petite classe :

― Il faut bien amuser ces enfants !

Au-dessus de nos têtes se balançaient deux trapèzes.

On nous y attacha par les bras, mais de façon à ce que nous puissions saisir la barre avec les mains.

Je sus bientôt pourquoi.

Pour la flagellation, mon cul appartenait à Mlle Nanette et celui d’Isabelle à Mlle Robert.

Les deux badines se levèrent à la même seconde, sifflèrent dans l’espace et s’abattirent lourdement sur nos fesses.

Je poussai un cri, m’élançai en avant et le trapèze, se mettant en mouvement, je le saisis instinctivement avec les mains, courant avec lui.

Un deuxième coup de badine me porta à me hisser, c’est-à-dire à ramener mes jambes et à suivre le balancement imprimé aux cordes de suspension.

Retournant en arrière, je reçus un troisième coup et, dès ce moment, j’offris une image si grotesque que les petites se tordirent de rire, tandis que les grandes et les moyennes criaient :

― Grâce pour Adeline !

Au rire des petites, Mlle Juliette se leva et, brutalement, en désignent quatre, on les sortit des rangs pour être fessées à cause de leur hilarité scandaleuse.

Je ne me rendais pas compte de ce qui s’accomplissait.

Entraînée par le trapèze, je me ratatinais sur mes jambes, espérant esquiver les coups, et la badine retombait sur les fesses et le gras des cuisses, m’arrachant des cris.

Isabelle supportait plus crânement son supplice, dans une espèce de ravissement même, c’était étrange.

La peine appliquée, on nous détacha et nous sortîmes. Je sanglotais.

Blanche me mena au dortoir, m’enduisit les chairs de cold-cream, m’engagea à me reposer, et me laissa étendue sur le lit. Les petites payèrent la dénonciation. Elles furent durement fouettées et quoiqu’on ne donna pas la véritable cause de leur châtiment, comme elles n’étaient pas bêtes, elles en devinèrent le motif et conservèrent quelque temps de la rancune à l’égard de Liza Carrin.

J’eus la fièvre toute la journée et ne me levai que le lendemain matin.

Le beau soleil dissipa ce cauchemar, il n’en subsista que la satisfaction d’avoir enlevé un souci à mes chères maîtresses.

Angèle et Marie qui reçurent, de leur côté, douze claques à cause de nous, ne boudèrent pas, et Angèle me dit :

― Ma chère Adeline, voilà deux fois que tu m’attires la fessée, je ne m’en fâche pas ; je dois cependant te prévenir qu’une troisième exécution romprait notre lien d’amitié. Cela me chagrinerait, tâche donc de l’éviter.

Nous commencions à bien nous entendre avec ma grande amie. Mise au courant de ses goûts par Isabelle, dès que nous nous trouvions seules, je défaisais son corsage, sortait ses seins et les lui suçais, ce qui la jetait dans de frénétiques ardeurs.

D’autre fois, elle me priait de la fesser, doucement d’abord, puis plus fort, parce que ça l’excitait, et elle finissait toujours par jouir sous mes coups.

De son côté, elle m’aimait beaucoup et, sachant qu’il me plaisait d’être caressée en minette, c’est-à-dire entre les cuisses, elle m’en régalait souvent.

L’annonce de la Fête de Nuit, fixée au samedi suivant, et la levée de toutes les punitions, effacèrent la mauvaise impression de cette journée qui me valut un succès de plus.

Je remarquai à la récréation les regards veloutés que me lançait Nanette et je lui souris pour l’encourager.

Elle hésita tout un jour, puis, le soir, quand ses élèves furent endormies, elle descendit au salon de veillée où je restais, ayant reconquis le cordon bleu, et elle m’adressa un signe.

Je m’empressai de la rejoindre et, sur le palier, elle me dit :

― Voudriez-vous me tenir compagnie quelques instants dans ma chambre ? Vous me rendriez bien heureuse.

― Bien vrai, Nanette ?

― Petite coquine, viens vite !

Nous nous glissâmes sans bruit et laissâmes retomber la tenture sur le seuil séparant la chambre du dortoir.

Assise sur son lit, elle me regardait avec une réelle admiration, et murmura :

― La vie est bien bizarre ! Il y a déjà trois ans que je suis maîtresse de classe dans cette maison, j’ai vu des nouvelles, pas énormément puisque le recrutement ne se fait que lentement, dans des conditions déterminées et irrévocables. Aucune n’a jamais produit ton effet. La dernière entrée est Léonore Trécœur, elle a suivi sa petite ligne de conduite, sans exciter plus de caprices que les anciennes. Il est vrai que les nouvelles appartiennent en général à la petite classe. Nous avons cependant eu une grande, Diane de Varsin. Ç’a été calme comme tout. Toi, tu apportes la perturbation dans toutes les classes et chez toutes les maîtresses.

― Oh, répondis-je, tu es la première qui pense à moi.

― Et Blanche ?

― Une fois lors de ma première punition.

― Et Fanny, et Juliette, et Elise ?

― Rien, rien, rien !

― On murmure qu’en cachette toutes te couraient après.

― Tu me l’apprends.

J’étais, debout devant elle. Elle balançait les jambes, et ses jupes remontaient petit à petit jusqu’aux genoux. Je devinais bien qu’elle désirait mes caresses, que ma petite frimousse, fourrageant ses cuisses et ses fesses, lui paraissait comme la sublime ivresse de l’instant et déjà habile en l’art de piquer les sens, je m’amusais à attendre son jeu pour la pousser à quelque extravagance.

Elle soupirait, s’agitait. Ses jupes se mettaient vers le haut des cuisses ; j’apercevais au-dessus des genoux les chairs blanches et appétissantes Je ne bougeai pas, m’entêtant à causer.

― Cette pension est le Paradis sur terre, murmurai-je.

― Oh, oui ! Et ni les élèves, ni les maîtresses ne l’oublient jamais.

― Quel chagrin lorsqu’on la quitte.

― On ne s’en va que pour se marier, ou pour une position indépendante qui permette de revenir.

― On y revient ?

― Oui, à quelques grandes fêtes, et les soirs des Offices Rouges.

― Les Offices Rouges !

― Tu les connaîtras en appartenant à la confrérie. Il est certain que l’aumônier voudra que tu en fasses partie.

Elle se décida à me prendre la main, à m’attirer entre ses cuisses, à guider mes doigts vers son conin.

Quel feu y couvait !

― Hein, dis-je en la chatouillant avec légèreté, tu m’as joliment fustigée avec la badine, si je te boudais à cette heure ?

― Méchante, tu n’en auras pas le cœur.

Pesant sur mon bras, elle s’empara du haut de mon corps, appuya ma tête, et ses jambes s’entortillant autour de mon cou, mes lèvres se collèrent sur sa fente toute rosée, toute frémissante ; un frisson la parcourut dans toute sa personne.

Quel charmant spectacle, mon cher Paul, que ces jolies cuisses caressant les joues, que ce ventre satiné et bombé dominant votre front, que ces poils vous chatouillant le nez, la bouche, que cette perspective des fesses s’arrondissant au-dessous.

Nanette ne se plaignit pas de mes minettes et me déchargea par deux fois sur le visage.

Puis elle suspendit mes caresses et murmura :

― Je suis une égoïste. Monte sur mon lit qu’à mon tour je te fasse jouir. Ensuite tu me délecteras les fesses et tu exigeras de moi ce que tu voudras. Ah ! quelle science de minettes !

Elle s’y entendait mieux qu’Angèle, la seule qui me les eût encore faites à la pension.

Sa langue me picotait partout, ses mains me soulevaient les fesses, ses lèvres me brûlaient en m’aspirant les poils qui se sont diantrement allongés et fournis depuis mon départ de Chartres. Elle adressait mille délicieuses grimaces à toutes mes chairs. Je jouis tout d’un coup, me pâmant sous un grignotement de dents, qu’elle essayait ma fente.

Alors, elle m’apporta ce cul, dont j’admirai l’habileté de jeu en présence de Blanche, de Fanny et de Marie.

Ce fut tout un poème.

Elle l’étendit à la hauteur de mon visage, l’avança, le recula, l’aplatissant sur le lit ou contre ma figure, y retenant ma langue, enfermée au milieu de la raie, le tournoyant en tous sens avec une célérité vertigineuse.

Je m’affolai dans ces caresses et le dévorai de baisers, de suçons, avec une telle ardeur qu’elle envoya la main à ma tête, la colla contre dans une crispation subite, et déchargea avec de telles secousses qu’à chacune d’elles mon nez courait la ligne de la fente depuis la naissance des reins jusqu’à l’entrecuisse où il se mouilla d’un jet de sa liqueur.

Nous ne nous étions pas déshabillées.

Installées sur le lit, la main dans la main, elle me demanda :

― As-tu bien joui, ma chérie ?

― Et toi aussi ?

― Comme une petite fille ! Comment me trouves-tu faite ?

― Aussi belle qu’un ange !

― Flatteuse. Me trouves-tu aussi bien que les autres ?

― Jusqu’ici, je n’en ai pas beaucoup contemplées.

― Et Fanny, et Blanche, et Isabelle, ma rivale pour le cul, et Angèle, et celles que j’ignore ; combien t’en faut-il, gourmande ?

― Les voir toutes !

― Tu es franche, friponne ! Paris ne s’est pas construit en un jour. Avec du temps, de la méthode, tu satisferas tes désirs. Dis, chérie, veux-tu que nous nous rencontrions souvent ?

― Oh, oui ! Tu me plais beaucoup. Je t’avouerai cependant que j’ai promis à Isabelle d’être sa petite amoureuse.

― L’intrigante ! Elle se fourre toujours partout. Bah ! Ne la refuse pas ; d’ailleurs, elle ne peut avoir avec toi que des relations coupées, puis elle est très inconstante. Consens sans arrière-pensée à nos rendez-vous.

― De grand cœur, Nanette, mais tu ne me frapperas plus aussi fort si je mérite la flagellation ?

― N’as-tu pas voulu ta punition ? Dis : est-ce que le cul d’Isabelle vaut le mien ?

Je me mis à rire, et répondis :

― Ma foi, il est presque pareil par la forme et les qualités.

― Ah, tu compares donc en léchant ?

― Tu t’inquiètes de mon opinion ; comment la formulerais-je sans me rappeler ?

― Fi de la logique, mademoiselle. Prétendriez-vous devenir maîtresse d’école ?

― Je ne m’en plaindrais pas, à condition que ce fût dans une pension comme celle-ci.

Et tout cela, mon chéri, agrémenté de baisers, de caresses, de succès. L’heure s’envolait, nous nous séparâmes pour bien dormir et reprendre des forces. Bonne nuit, Monsieur mon frère, je te le suce.

Ton Adeline.

V. DE LA MÊME AU MÊME modifier

Elle n’était pas sotte celle qui me conseilla de demander la fête de nuit. Quelle journée et quelle soirée !

Petit Paul, je te voyais là et je pensais aux folies que tu aurais commises.

Peut-être en serais-tu malade ; mieux vaut donc que ton joli museau n’ait pas joui des grands triomphes que je rêvais.

Dès le matin même, modification dans tous les règlements : le sommeil prolongé d’une heure et demie ; au réveil, toutes les élèves, leur toilette terminée, attendirent nues, avec les bottines et les bas seuls, la visite du docteur Bernard de Charvey venant examiner si l’état de santé de chacune était apte à supporter le plaisir et... la gaudriole. Mlle Blanche nous prévint par ces simples mots, en frappant des mains, le lever :

― Visite du médecin.

Mes compagnes savaient ce que cela signifiait. Marie Rougemont me mit au courant.

Le docteur passa, successivement derrière tous nos rideaux ; on le recevait devant le lit.

Parvenu à moi, il m’étudia des pieds à la tête, me palpa sur tous les points du corps, appuya l’oreille sur mon dos, sur ma poitrine, mon ventre, en me recommandant de tousser, et satisfait du résultat, me dit :

― Robuste constitution, vous irez loin. Il plaça un doigt entre mes cuisses, essaya de l’enfoncer, tandis qu’obéissant à un signe de ses yeux, je plongeai la main dans sa culotte.

Je touchai un autre modèle, de queue, assez courte mais grosse, grosse, encore plus grosse que celle de l’aumônier.

Il me pencha sur mon lit et l’approcha de mon conin, je crus un instant qu’il s’apprêtait à me dépuceler.

Il s’arrêta, me baisa sur les lèvres, ventre contre ventre, et murmura :

― Je m’oubliais, mon inspection n’est pas terminée. Nous nous retrouverons, ma mignonne.

Une chose m’intriguait.

À mesure qu’il quittait une élève, elle se rendait dans la chambre de Mlle Blanche, d’où elle ne sortait que lorsque la suivante la remplaçait.

À mon tour, j’y pénétrai, et j’eus l’explication du mystère.

Blanche, dans la même tenue que nous, couchée sur le ventre, livrait son cul aux feuilles de rose de Marie qui m’y précéda.

Avec regret, ma camarade se retira, et Blanche, relevant la tête qu’elle tenait appuyée sur les liras, me dit :

― Venez m’embrasser, Adeline, sur la bouche. Là, sucez la pointe de mes seins ; tout cela est parfumé, prêt à toutes les folies. Votre corps est aussi en parfait état, le rapport du docteur le constatera. Maintenant, mignonne, une caresse à mes fesses et tu rejoindras tes amies pour t’habiller et descendre à la classe. Cette première caresse que votre maîtresse vous accorde présage vos joies de la fête de nuit.

Sur le cul de Blanche, je me rappelai quelques-unes de mes savantes sucées exercées sur ceux d’Isabelle et de Nanette. Elle eut un tressaillement et murmura :

― Tu as progressé depuis ta fessée. Assez, quitte-moi. Nous ne devons pas prolonger la séance.

De mes deux mains j’ouvrais bien large la raie et ma langue, que je pointai le plus possible, frétilla au trou du cul.

― Ah, ah ! Non, tais-toi, va-t-en. Je te le répète, ne me fais pas jouir. Tu m’exposerais à être fautive chaque chose en son temps.

Je suspendis mes caresses et, en riant, je lui allongeai une grosse claque qui retentit dans tout le dortoir. Je me sauvais, gracieuse ; elle me menaçait du bout du doigt.

Le dortoir était en effervescence.

Les premières visitées, an lieu de se vêtir, paradaient et l’on se promenait de lit à lit.

Pour sa part, Marie, agenouillée en avant de ses rideaux, avait une véritable clientèle de ferventes, attendant qu’on leur léchât le cul.

À la suite les unes des autres, elles se présentaient, soutenant leurs fesses entrouvertes avec les mains, approchant leur raie du visage de Marie qui, rapidement, exécutait de la langue une douzaine de rapides sucées.

Quand je revins, il en restait trois, dont les yeux brillaient et qui se contorsionnaient le dos les unes contre les autres, disant tout bas à celle dont le cul se délectait des caresses de Marie :

― Assez, dépêche-toi, nous n’aurons pas le temps nous autres !

On précipita l’action et elles eurent leur ration de feuilles de rose.

Heureusement que pour cette journée la sévérité n’exista plus. Blanche comprit sans doute les petits caprices qui s’exerçaient et elle nous laissa nous préparer à notre aise. On n’abusa pas.

La classe de l’après-midi fut avancée et, à cinq heures et demie, nous nous réunîmes au réfectoire pour un lunch. On devait sonner à neuf heures après avoir dansé.

Le lunch terminé, on alla revêtir nos toilettes de gala.

Ah, mon petit Paul, aucun détail ne se négligeait.

J’étais jolie à croquer sous ma robe blanche, ornée d’un petit décolletage en pointe, œuvre d’une habile tailleuse, une ancienne élève établie grâce à la protection de notre conseil de direction. Toute la classe moyenne portait la même toilette et nous n’avions pas mis de pantalons, détail qui en disait long. La jupe s’arrêtait au cou de pied et si, par hasard, nous la soulevions, on admirait nos bas de fil noir montant très haut.

À sept heures, nous entrâmes dans les appartements des demoiselles Géraud.

Jamais je n’oublierai l’aspect enchanteur des trois salons se suivant, brillamment éclairés et jetant la furie dans nos veines par tout ce que nous contemplions.

Juliette et Fanny portaient des toilettes de velours noir, l’autre bleu, décolletées, avec les seins presque libres, les bras nus, une aigrette en diamant dans les cheveux. Elles nous recevaient, en maîtresses de maison, en haut du premier salon.

Blanche avait une toilette de satin vert ; Lucienne de satin lilas ; toutes les deux aussi décolletées que les directrices, avec la jupe ouverte sur le côté par un élégant retroussé. Elles montraient aussi un dessous de mousseline nuageux, des bas rouges et la chair des hanches. Nanette se présenta en habit et cravate blanche, de même que Mlle Robert et quelques grandes, parmi lesquelles Angèle, Georgette Pascal, la seule travestie, était soubrette Louis XV, une ravissante friponne, provoquant mille fougueux désirs par ses déhanchements.

Mais ce qu’il y avait de plus endiablé, de plus extravagant, c’étaient les petites, nues sous une chemisette attachée à la ceinture par une faveur bleue ou rose, découvrant absolument les bras, les épaules, la poitrine, les jambes, les fesses, le tout fort gracieux, malgré l’état grêle des membres non encore formés ; toilette sommaire, complétée par de petites babouches blanches, des fleurs dans les cheveux et un nœud sur chaque épaule.

Et ce petit monde charmant, déluré, se trémoussait, tortillait le cul de droite à gauche, riait, s’amusait, se tapotait de légères claques, ne perdait pas la mesure des libertés, se guidait sur un simple regard de Nanette.

Je notai quelques distractions dans l’ensemble général des toilettes. Des Filles Rouges avaient au milieu de la ceinture un nœud de velours rouge. Sur le derrière de ma jupe blanche, on avait placé un bouquet de violettes ; Isabelle, Berthe Lytton et Georgette Pascal en portaient un de même. Cela marquait la protection accordée par un cavalier ; en effet, Berthe était la préférée de M. Callas, et Georgette du docteur.

Juliette, nous ayant retenues toutes les quatre, nous conduisit dans un boudoir séparé et nous nous trouvâmes en présence de ces messieurs.

― Mes amis, dit-elle, voici vos houris. Avant de les lancer au milieu de la fête, j’ai pensé qu’elles vous devaient un petit quart d’heure. Disposez-en donc à votre guise.

Isabelle, la plus hardie, s’élança sur les genoux de M. Gaudin et lui passa les bras autour du cou.

Pour ma part, je n’hésitai pas à l’imiter avec l’aumônier.

Georgette tendit les mains au docteur, qui l’attira sur son cœur ; quant à Berthe, elle attendit que M. Callas s’approchât d’elle et l’embrassât.

Juliette nous avait quittées.

― Messieurs, dit le docteur, ne soyons pas égoïstes, et puisque, à présent, nous possédons chacun une sultane, permettons-leur le plaisir avec leurs compagnes et menons-les dans le salon.

Un suçon sur les lèvres, et nous reparûmes.

On commençait à danser ; Mlle Robert tenait le piano. Les couples se formaient, et l’on tourbillonnait. Les petites n’étaient pas moins savantes, et s’en donnaient à cœur joie.

J’acceptai l’invitation d’Isabelle, qui, par ses regards un peu en dessous, me paraissait caresser encore quelque méchante pensée.

Bientôt j’acquis la preuve que je ne me trompais pas. Nous trouvant noyées dans les couples, elle me dit :

― Tu es une gentille amoureuse ! Ah ! vraiment, j’espérais que tu tiendrais plus que ça ! Depuis notre punition nous n’avons rien eu ensemble, et tu t’es amusée avec Nanette. Elle ne me vaut pas, tu sais ! Et de plus, elle m’en veut, parce que je lui ai soufflé Camille, je m’en fous.

― Oh, Isabelle !

― Ne m’embête pas, et laisse-moi parler, si tu ne veux pas que je dise des sottises devant tout le monde. Je n’ai pas l’habitude de me gêner dans mon langage. C’est Camille qui m’apprend tout ça, et ça l’amuse que je parle sale. Une amoureuse dans ton genre est bonne à vous enlever le tempérament. Moi, je suis très chaude, et il faut qu’on m’entretienne, autrement la bile me remue. Si je m’écoutais, je te ficherais des claques, et j’ai sur les lèvres toutes sortes de vilains mots à ton service. Je t’ai cependant torché le cul avec ma langue.

― Tu l’avais lavé.

― Je l’eusse léché quand même, je te l’ai proposé. Il me semblait, après notre accord dans la chapelle que nous étions pour nous entendre, et tu n’en abuses pas ? Après ça, tu préfères peut-être un cul dans le genre de ceux de Fanny et d’Athénaïs ! Tu n’es pas difficile dans ce cas. Un joli petit cul, bien rondelet, pas trop épais, bien tracé... Enfin, peut-être, tu es comme les hommes, qui les préfèrent bien nourris, bien pleine lune. Voyons, pourquoi ne me réponds-tu pas, garce ?

― Isabelle, je te défends d’employer ces mots.

― Bon ! bon ! Tu es cause qu’on m’a écorché les fesses à coups de badine, et deux fois pour toi en somme, j’ai souffert la punition. Jusqu’ici nous ne nouons ensemble que de mauvais rapports.

― Ce n’est pas ma faute.

― J’ai le droit de me fâcher. Jamais tu ne te places sur mon chemin, et les occasions ne se présentent pas toutes seules. Le soir, où tu as suivi Nanette, je comptais que tu comprendrais mes œillades. Ah, bien oui ! mademoiselle rêvait, et un simple signe de cette sacrée Nanette l’a décidée à partir. Cochonne !

Elle m’amusait dans sa colère, d’autant plus qu’elle valsait très bien, que je l’accompagnais à merveille, et que nous étions comme collées l’une à l’autre. Je m’abandonnais à sa vigoureuse pression, et je me laissais emporter dans ses bras, le souffle confondu au sien.

― Ah ! tu ne te défends plus, hein ? Tu acceptes mes injures, petit rien du tout ; tu te donnerais à tout le monde, et pas à ton amie Isabelle. Tu commences à te conduire en putain !

― Si tu continues à me parler ainsi, je me fâche.

― Je te tiens trop bien cette fois-ci, c’est un peu mon tour de te dompter. Mes bras t’enserrent, ma voix te chatouille, aussi bien que le feraient mes doigts à ton conin, et mes sottises t’exilent, puisque tu souris, mauvaise peau. Tu oublies que je suis ton aînée, et que j’ai plus d’expérience de la chose que toi.

Elle me guidait comme elle l’entendait, et le milieu se prêtait à ses discours.

Parfois, la valse s’alanguissait, s’arrêtait même pour permettre à quelques-unes de se reposer ou de changer de compagne ; les enragées stoppaient en cadence, et repartaient de plus belle ; on les acclamait. Nous brillions parmi celles-là.

Sur des fauteuils ou des canapés, les cavaliers s’amusaient les uns avec les autres, et sur les genoux de l’aumônier, deux petites, debout, se faisaient peloter à qui mieux mieux leur devant et leur derrière.

Je ne répliquai rien à la dernière boutade d’Isabelle, et sa lèvre becquetant la mienne, elle continua :

― Mérites-tu le miel de mes caresses, cochonne, toi, qui me criais l’autre jour, à qui ton frère le mit, et ensuite l’aumônier. Quand on dit des sottises aux autres, on ne doit pas leur jeter ses propres actes à la face.

― N’as-tu jamais sucé, toi, qui me traites de suceuse ?

Elle sourit et riposta :

― Moi, si je l’ai fait, c’était pour plaire à mon protecteur. Et toi tu le fais par goût.

― Tous les goûts sont permis.

― Je ne chercherai pas querelle sur ce point. Je me fâche de ta négligence, et si tu me préfères Nanette, il n’est pas nécessaire que nous nous considérions comme deux amoureuses.

― Je ne préfère pas ; j’aime à m’amuser.

― Pourquoi ne m’as-tu pas appelée ?

― Et toi ?

La valse finissait. Nous nous séparâmes, sans conclure d’accord. Angèle, gentille au possible, sous son costume masculin, m’invitait pour la prochaine danse.

De plus, comme Isabelle était une excellente pianiste, on la pria de s’asseoir au piano, afin que les maîtresses prissent leur part de plaisir.

Elle s’éloigna, en me jetant un regard en dessous, qui me présagea quelque future algarade.

Angèle m’enlaça, m’embrassa, et me dit :

― Défie-toi d’Isabelle, mignonne. Elle englue et l’on s’en dépêtre difficilement.

Mais que se passait-il ? On se groupait au haut du salon de danse, s’y agitait, s’y échauffait.

Une chose qui ailleurs eût compromis, et gravement, la discipline de la maison.

Elise Robert et Nanette, tenant la traîne de la robe de Juliette, l’avaient retroussée, et découvert ses fesses, et toutes les petites, comme de folles gammes, s’agenouillaient derrière, les baisaient en les prenant dans leurs bras maigrelets, s’acharnaient à des caresses qui paraissaient délecter notre grande directrice.

Elles s’y succédaient les unes aux autres, puis couraient autour du salon, levant en l’air leur petit cul, que quelques grandes claquaient légèrement.

Isabelle préludait une mazurka ; Angèle me saisit par la taille, et nous nous élançâmes.

Il se fait tard, mon chéri ! Je renvoie à une prochaine lettre la suite du récit de notre soirée.

Ton Adeline, qui t’embrasse et te mord.

VI. DE LA MÊME AU MÊME modifier

À la fin de cette mazurka, Nanette m’enleva pour une autre valse. Elle souriait gentiment, en me disant :

― Je parie que tu as vu la petite scène d’Isabelle.

― Non, non ! répliquai-je.

― Tu crains de la compromettre ? Ne t’inquiète pas ; je ne lui ferai aucun mal. Les caprices ne se commandent pas, et malgré sa vicieuse et inconstante nature, c’est encore un bon morceau. Les affections personnelles n’empêchent pas le désir des voluptés. Blanche m’a conté que tu lui as mis le godemiché. Dis : tu me le feras ?

― Oh, quand tu voudras !

― Même si Isabelle se place en travers ?

― Elle n’est qu’une élève, et tu es maîtresse de classe.

― Ce n’est pas une raison chérie ! Seul le plaisir doit inspirer ton cœur.

― Je l’ai prouvé. N’ai-je pas joui sur ta personne ?

― Ceci est mieux. Tu as beaucoup de tact naturel. Ecoute tes fantaisies personnelles ; tes maîtresses et tes amies ne s’en plaindront pas.

― Une pensée me tourmente depuis tantôt.

― Dis vite laquelle ?

― Les petites n’offrent-elles pas de danger ?

― Non ! Elles sont bien stylées, tenues, surveillées, et savent qu’elles perdraient ces occasions de s’amuser, si elles jasaient. Les trois quarts ne s’en vont pas en vacances, parce que leurs familles auraient peur de les voir recommencer la faute qui nous les amena. Et puis, en général petites, moyennes et grandes, n’aspirent qu’à ne pas quitter nos murs.

― Ce ne sont pas les demoiselles Géraud qui ont fondé cette maison ; elles sont trop jeunes, n’est-ce pas ?

― Elles ne l’ont que depuis cinq ans. Elles l’achetèrent à la sœur de l’aumônier qui s’est retirée, parce qu’elle s’échauffait trop ; Mlle Juliette dirigeait la classe des grandes.

― Je m’en doutais.

Soudain mes yeux s’effarèrent, et Nanette, suivant leur direction, ne put s’empêcher de sourire.

― Es-tu jalouse ? murmura-t-elle.

― Non, oh non ! Il me semble seulement que c’est raide.

― Allons donc ! Je m’étonnais qu’on n’eût pas déjà commencé.

Je venais d’apercevoir Liza Carrin, à deux genoux entre les cuisses de l’aumônier, et le suçant, debout à son côté, la sentimentale Lucienne d’Herbollieu, les jupes retroussées, se prêtait à son pelotage, et lui, il clignait des yeux, les lèvres épaisses, haletant comme un homme, approchant de la jouissance.

En ce moment, l’évolution de la valse m’entraînait près du piano, les regards d’Isabelle croisèrent les miens. Elle me désigna d’un air ironique le groupe de l’aumônier et de ses deux complices. Je ressentis, je l’avoue, quoique j’en eusse dit à Nanette, un accès de jalousie.

La danse touchait à sa fin. Cette valse termina la première partie de la tête. Il était temps de penser au souper, la licence se déchaînait partout, encouragée par les maîtresses.

Devant les tableaux qui se déroulaient, Nanette me fournissait des détails sur les mystères de la maison.

Fanny Géraud aimait beaucoup les femmes, et sa passion la plus chère, sa plus tendre amie, son amante de prédilection se trouvait être Elise Robert, dont le tempérament fougueux et lesbien la bouleversait. Les deux femmes couchaient souvent ensemble, vivant comme mari et femme, pimentant parfois leurs plaisirs par l’appoint d’une ou deux petites.

Juliette, en revanche, avait pour amant le mari d’une ancienne élève, qui la visitait fréquemment. Cette élève, fut son amoureuse, à l’époque où elle dirigeait la grande classe et leurs relations se continuaient, s’étalant aux Offices et aux Fêtes des Filles Rouges.

Lucienne d’Herbollieu, la beauté sentimentale jouissait d’une nature très lascive, et recherchait fort les relations avec Nanette, ne négligeant pas quelques-unes de ses élèves, parmi lesquelles on citait Isabelle et Josèphe de Brongier.

Le nom d’Isabelle revenant encore sur le tapis. Nanette ne manqua pas de s’écrier :

― Tu le vois on est sûr de la rencontrer dans toutes les histoires.

Les dernières mesures de la valse se jouaient : elle suspendit ses racontars.

Rapidement j’examinai l’ensemble du salon, la fièvre amoureuse courait dans tous les coins. On ne parlait pas, on n’entendait presque plus de bruit, on se groupait pour satisfaire ses sensualités.

Elise Robert tenait sur ses genoux Juliette, la becquetait sur les lèvres et celle-ci, apercevant Marie Rougemont, qui patouillait le cul de la petite Anne Flavand, l’appela en ces termes :

― Marie, je te donne le mien, puisque tu les aimes tant ! Se couchant en travers sur les cuisses d’Elise, elle se retroussa par derrière, et Marie, heureuse, fière de cette autorisation, gratifia le joli cul de Juliette de ses mignardes caresses.

Comme Elise était installée sur un canapé, Blanche grimpa à son côté, et, se plaçant debout en face d’elle, lui présenta le conin pour recevoir des minettes.

Une petite de douze ans, Clémentine de Burcof, une blondinette élancée, assez grande pour son âge, déhanchée, comme nue dans sa toilette sommaire, allait de groupe en groupe, pelotant, pelotée, hardie, effrontée, soulevant les jupes rebelles, demandant de ci de là des suceuses, des baiseuses de cul. Extravagante et folle, elle s’échappait aussitôt qu’on l’avait satisfaite pour courir à d’autres.

Angèle, ma grande amie, était avec Georgette Pascal ; toutes les deux enlacées, égaraient leurs mains entre leurs cuisses.

Si Isabelle m’avait narquoisement désigné l’aumônier, Liza Carron et Lucienne d’Herbollieu, j’aurais pu lui rendre la pareille pour M. Gandin, folâtrant avec une élève de ma classe, Marguerite Déchelle, une brune de 13 ans, grande, forte, un peu boulotte, mais très gracieuse, déjà femme, avec des fesses accentuées qu’il paraissait fort apprécier, sans doute par opposition à celles d’Isabelle.

Fanny frappa dans ses mains, tout s’arrêta par enchantement. Le souper nous attendait.

Le repas était servi au réfectoire, où l’on avait organisé, bien en dehors de nos trois tables, rangées en long, une quatrième table en travers, la précédant toutes les trois la table d’honneur.

La fête de nuit se donnant sur ma demande, j’y pris place entre l’aumônier et Angèle.

Cette partie de la fête s’offrait comme très agréable.

Magnifiquement couvertes de fleurs, de gâteaux, de mets délicats, brillamment éclairées de multiples lumières, les tables activèrent la joie générale.

Le service se faisait par des élèves, sous la direction de Georgette. Il ne laissa rien à désirer.

― Eh bien, ma petite amie, me dit l’aumônier, vous amusez-vous bien, vous, pour qui brille cette exubérance de vie ?

― J’ai beaucoup dansé, répondis-je simplement. Il me prit le menton, et me demanda :

― Il n’y a pas de peine cachée derrière ce joli front ?

J’avoue vraiment que je faisais la moue.

― Petite coquette, ajouta-t-il tout bas, ce soir je vous abandonne à vos plaisirs, ne vous privez pas de vos fantaisies ; l’agrément de cette fête, une véritable saturnale consiste en ce que les élèves deviennent les maîtresses. Nous nous retrouverons ensuite pour fixer nos divins rapports.

Mlle Juliette, au commencement du repas prononça ces quelques mots :

― Mes chères enfants, nous ne désirons que vos plaisirs et votre bonheur. Je vous recommande d’éviter le tapage et les cris, afin que nous ne regrettions ni notre complaisance, ni la confiance que nous avons en votre tact. Après le souper, toute permission vous est accordée pour vos caprices. Vous vous coucherez sans bruit et sans désordre à minuit, au signal de vos maîtresses. Mangez maintenant comme des personnes raisonnables, et vous nous encouragerez à renouveler ces fêtes.

― Vive nos maîtresses, s’exclama-t-on à toutes les tables.

― Chut, chut, mes amies, pas de tumulte.

Ma description de notre repas, mon petit Paul, ne t’intéresserait pas. Je te la supprime. Il dura plus d’une heure ; puis on s’éparpilla un peu partout.

Le noyau principal se maintint dans le salon des danses.

Je m’y rendis. Là, Marie, qui était ma meilleure camarade de la classe, me dit au nom de plusieurs de mes compagnes :

― Ma chère Adeline, nous te sommes redevables de cette soirée. Consens à l’amuser quelques instants avec nous, pour que nous te prouvions notre amitié sincère. Dicte-nous les caresses que tu désires. Dis, veux-tu que je débute par ton cul ? Toutes.

― Il faudrait toute la nuit !

― Non, non, histoire de rigoler, dit Léonore. Montons à notre dortoir : cela marchera le mieux du monde.

Sitôt proposé, sitôt exécuté.

En un instant les jupes furent retroussées, et j’aperçus une ravissante collection de cuisses et de fesses. Marie s’accroupissant derrière moi, s’octroya les miennes.

Bientôt je me livrai avec furie à la fantaisie. Je pelotai la plus proche, la suivante, une autre, ainsi de suite : je reçus des caresses, et en prodiguai, et, nous nous échauffant à ce jeu, nous nous agenouillâmes à la file les unes des autres, nous léchant réciproquement le cul et le conin.

Un bruit de pas dans l’escalier nous dispersa comme une bande de canards effarouchés.

Les grandes personnes avaient quitté les salons, c’est-à-dire que les élèves, grandes, moyennes et petites, pas toutes encore, quelques-unes ayant été amenées dans les appartements réservés pour les conseils de direction, agissaient à leur guise.

On ne songeait plus qu’à la sensualité.

Isabelle, les yeux perdus dans le vague, jouissait sous les minettes de Berthe Lytton.

Deux petites, natures précoces et prématurées, au milieu du salon, entourées d’un groupe les excitant, se tortillaient avec crânerie dans la figure du 69. C’était Pauline Marbeuf et Clémentine de Burcol. Angèle, parmi les spectatrices, dirigeait les ébats des deux enfants, lesquelles se délectaient à leurs caresses, ne s’arrêtant que pour lancer quelques apostrophes à leur cercle :

― Montre comment tu es faite, toi !

Et, l’apostrophée, se retroussait sur le champ. Athénaïs Caffarel s’approcha de moi et me dit :

― Veux-tu m’accompagner ?

Je me disposais à accepter. Isabelle se dégageant de Berthe, se précipita et intervint brutalement :

― Je l’ai retenue avant toi.

― On ne s’en serait pas douté, répliqua Athénaïs, et je ne te cède pas.

― Adeline est ma petite amoureuse, et comme telle, c’est avec moi qu’elle a affaire, de préférence aux autres.

― Est-ce vrai, Adeline ? interrogea Athénaïs.

― Oui, répondis-je, nous sommes d’accord avec Isabelle ; mais je ne te refuse pas.

― Et moi, j’entends que tu refuses, s’écria Isabelle avec dureté.

― Oh ! ces airs, répliqua Athénaïs. Elle n’est pas ta chose, et avant tes caprices, elle est la protégée de l’aumônier, qui se fâchera, si tu lui cours après.

Je ne savais trop quelle contenance tenir dans cette discussion. Je trouvais mes amies ridicules, et moi aussi.

Isabelle me saisit par le bras, et m’entraîna à son dortoir. Elle n’avait pas sa chambre à elle.

― Pourquoi n’as-tu pas refusé ? dit-elle.

― Tu ne m’avais pas prévenue que ma qualité de petite amoureuse de la personne m’interdisait d’autres plaisirs. Je ne suis pas du tout résignée à m’en priver.

― Même, si je t’en supplie ?

― Ce n’est pas sérieux ! Pourquoi ne pas jouir de toutes les façons ?

― Parce que j’ai envie de tes caresses, et que tu ne les donnes pas.

― Nous voici ensemble, profitons !

― Tu es énervée, tu me caresseras mal.

― Tu es tout de même drôle ! Ne parlons pas et agissons.

― Tu sais ce que j’aime ?

― Oui, tu me l’as dit la première fois. Tu aimes qu’on te lèche le cul ; Marie t’en a inspiré le goût. Tu mérites bien que je lui prodigue mes tendresses, après ce que tu m’as fait ! D’ailleurs, il est si gentil, si beau, si habile, que je brûle de le bien adorer.

Elle sauta sur son lit, se retroussa, et me montra l’objet.

La chaleur qu’il dégageait me pénétrait tous les pores, et je pris à cœur de me surpasser dans mes baisers.

J’acquérais de plus en plus l’expérience de ce jeu. Entre les hommages rendus à celui de Nanette, entre les caresses reçues sur le mien par Marie et d’autres, je commençais à apprécier les voluptés de ces charmantes jumelles, et je crois sincèrement que la passion de mon amie me gagnait.

Quand j’eus devant les yeux les délicieuses rotondités d’Isabelle, et qu’elle me murmura doucement de désirer mes ardeurs, je les contemplai un instant avec émotion, puis les caressai de la paume de la main, le cœur tressautant dans la poitrine.

Isabelle se tut, balançant lentement une jambe, et le cul courut en ligne serpentine, suivant l’ondulation du mouvement.

Elle se tenait couchée sur le côté gauche, me le présentant de trois quarts.

Comprenant à une pression de ma main, le repoussant un peu plus en avant, que je voulais approcher le visage de son plein épanouissement, elle se retourna tout à fait sur le ventre.

Alors, ma langue voltigea des reins aux cuisses, mes doigts glissèrent au clitoris, je la branlai, je le baisai, la suçai, enfiévrée par les contorsions du cul, du dos, des jambes, des bras, allant et venant, par le déhanchement de tout le corps, se jouant en mille poses fébriles, par la volte-face soudaine de l’énamourée Isabelle, se mettant sur le dos, et ayant soin d’aplatir le cul sur mon visage, pour m’en donner des coups précipités, tandis qu’elle se grattait elle-même.

Puis me l’enlevant, elle se poussa vers le haut du lit et murmura :

― Cours après, empare-t’en.

Mes mains crispées la saisirent à la taille, et la ramenèrent à portée. Elle se pelotonna en boule, et ma langue pénétra comme la pointe d’un sabre, enfilant l’orifice du trou, et le délectant de mille soubresauts.

Elle jouit trois fois dans ce fougueux assaut, et moi-même, je déchargeai presque tout le temps.

Gentille au possible, elle me mignarda, me prit dans ses bras, contre son cœur, me disant :

― Avec qui éprouverais-tu pareille extase, Adeline ? Tiens-t’en à moi. Je suis très chaude, et tu l’es aussi ; nous nous convenons sous tous les rapports. Viens, que je te lèche à mon tour ; tu verras que je suis aussi active à la caresse qu’à être caressée. Mes baisers te sécheront, puisque tu es toute mouillée, et tu n’auras plus que moi. Dis que tu ne le feras pas avec Athénaïs ; je ne puis la sentir. Me le promets-tu ?

― Si je te le promets pour Athénaïs, tu l’exigeras pour les autres, et quand l’envie de jouir me tourmentera, il me faudra solliciter la permission, à quoi je ne consentirai jamais.

― Rien que pour Athénaïs !

― Et Nanette ?

― Ah ! tu m’en parles la première. Oui, pour elle aussi.

― Ça, non ! Nanette me plaît.

― Plus que moi ?

― Non ! mais elle est maîtresse de classe. J’ai du goût pour ses charmes ; je ne veux pas que tu me la défendes.

― Écoutes ! fais-le-lui en cachette. Cela me contrarierait de le savoir.

― Tu as de la folie dans le caractère !

― Un peu, je me connais. Maintenant que tes caresses me produisent plus d’effet que celles des autres, je tiens à les conserver. Tu as jugé ma nature emportée ; je ne puis me dominer. Malgré toute mon affection, je te ferai du mal en apprenant que tu t’amuses ailleurs, alors qu’avec moi tu n’as qu’à parler pour satisfaire toutes tes fantaisies.

Elle était ensorcelante ! Elle jouait avec mes lèvres, avec mon corps, m’affolait de ses caresses, buvait mon âme dans ses baisers, et ses suçons, et je faillis souscrire à toutes ses tyranniques volontés.

Que t’importent les scènes qui s’accomplissaient à droite, à gauche ? Minuit sonna, on se retira successivement dans les dortoirs, dans les chambres, on éteignit les lumières, le silence s’établit, on s’endormit le cœur encore à la fièvre, on dormait tard le dimanche matin.

Me voici acclimatée, mon trésor chéri ! Mille tendres caresses de ta sœur.

Adeline.