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IX

VERBES

50. Le verbe a cinq modes, dont quatre sont toujours conjugués de la même façon, savoir : l’infinitif, le participe, l’impératif et le subjonctif. Exemple :

Infinitif.

Kana (tréc. kanan) chanter.

Participe présent.

O[1] kana (tréc. -an), en eur gana (tréc. -an) en chantant.

Participe passé.

Kanet chanté.

Impératif.

Kan[2] chante, kanet qu’il chante, kanomp, kanom chantons, kanit (tréc. kanet) chantez, kanent (tréc. kanent, kanont) qu’ils chantent.

Subjonctif présent et futur.

ra (et tréc. da) {

ganin, ganin que je chante.

gani que tu chantes.

gano qu’il, qu’elle chante.

ganimp, ganfomp (et tréc. ganfeom) que nous chantions.

ganot, ganoc’h, ganfet (et tréc. ganféet) que vous chantiez.

ganint (tréc. ganouint), ganfont qu’ils chantent.

Subjonctif imparfait.

ra ganfen, ganzen, ganjen que je chantasse.

ra ganfez, ganzez, ganjez que tu chantasses, etc.

ra ganfe, -ze, -je.

ra ganfemp, -zemp, -jemp, -fem, etc.

ra ganfec’h, -facli, -zecli, -zac’h, -jec’h, -jac’h.

ra ganfent, -zent, -jent (tréc. -fent, -zent, -jent).

51. L’infinitif peut n’avoir pas de terminaison : koll perdre ; aïisao, ansav reconnaître, avouer ; disken descendre ; gouren lutter ; kas envoyer, apporter ; ou en avoir une autre que a, par exeniple i, (tréc. in) ; al, el, en, oui, et, corn, o ; c’est le participe passé qui contient, suivi de et, le radical de la conjugaison. Les infinitifs en i changent souvent la voyelle précédente : birvi (tréc. bervifi) bouillir ; dibri msinger ; dimizi, dimezi (tréc. dimein) se marier ; diski apprendre ; kridiy kredi croire ; kriski, kreski croître ; midi, medi moissonner ; ^oidi, pedi prier, part, bervet, debret, etc. ; digeri (tréc. diorein) ouvrir ; golei (tréc. golo) couvrir ; guiri, giieri (tréc. gorein) couver ; kregi (tréc. krigih) mordre ; leski brûler ; régi (tréc. rogein) déchirer ; rei (tréc. rein) donner ; seni (tréc. zon) sonner ; skei {corn, skoei, tréc. skein), frapper ; steki (tréc. stokan) toucher, heurter ; tei (tréc. toih) couvrir une maison ; teiri (tréc. torrein) rompre, briser ; trei (tréc. trei7i) tourner ; distrei (tréc. dizrein ) détourner, etc. ; part, digoret (tréc. dioret), goloet, goret, etc.

Principaux infinitifs en en : gorren élever^ part. gorroet ; binnisien, biymigen (tréc. binigah) bénir, part, binniget (tréc. biniet) ; millisieri (tréc. milligah ) maudire, milliget ; kinnisien^ kinnig offrir, kinniget ; dougen porter, douget ; ahtren entrer ; aotren autoriser ; eren lier ; aven (tréc. avein) préparer, antréet, aotréet, etc.

Infinitifs en el : derc*hel, delc’her (et tréc. delc’hen) tenir, part, dalcliet (tréc. aussi derc’het) ; kehderc’hel {tréc. kenderc’hel) mB.iniemr,,kendalc’het (tréc. kendalc’het ) : gervel, gelver appeler, galvet ; mervel, melver mourir, marvet ; leuskel lâcher, laosket (tréc. lôsket) ; teurel, taol jeter, taolet (tréc. ^o/e^) ; chemel^ choum {ivéc : chom) rester, choiimet (tréc. chomet) ; genel enfanter, faire naître ; gueskel et givaska (tréc. -an) presser, serrer ; henvel nommer ; herzel résister, empêcher ; lemel (tréc. lemen) ôter ; menel rester ; ^ével élever, s’élever ; tével se taire, ganet, hanvety etc.

Redek, redet courir, Miredet ; ledek et leda, étendre, ledet ; c’hoarzin^ tréc. c’hoerzin rire, c’hoarzet ; goulen demander, vouloir, goidennet et g’oi^^ei^ ; laerez voler, laeret.

Il y a quelques adjectifs comme digfor^ tréc. dior ouvert, maro, marv mort, qui ont un sens voisin des participes, sans se confondre avec eux : an or zo bel digor la porte a été ouverte (elle s’est trouvée dans cet état, plus ou moins longtemps) ; an or zo bet digoret la porte a été ouverte (on Ta ouverte, on a fait l’action de l’ouvrir).

Le « que » qui précède le subjonctif français ne se rend par ra, tréc. da, que s’il exprime directement un souhait, sans dépendre d’un verbe précédent. Autrement, on dit, par exemple, evit ma kano pour qu’il chante.

52. Dont, donet venir, fait au part, deuet, detU ; à l’impératif deux, tréc. deus viens, deuit, deuet, deut^ venez.

Au subj., au lieu de deito qu’il vienne, on dit plutôt detiyo (et deuy en une syllabe ; deui que lu viennes en a deux). Cette terminaison yo et y rem-^ place également o dans les verbes dont le radical finit en o, comme tro tourne, dizolo découvre ; ou en a, comme lakaat, lakât (et lakout), part, lakaet, lakât (et lakei) mettre.

53. Les formes du subj. imparfait qui ont /"sont préférables en ce sens à celles qui ont z ou j ; ces dernières seraient plus propres à rendre le subjonctif passé : va ganzen ou ganjen que j’aie chanté. Mais la distinction est loin d’être toujours observée.

Le conditionnel s’emploie au lieu de l’imparfait de l’indicatif, après ma, mar, si, et encore pour exprimer l’imparfait du présent d’habitude : ne ganje ket il n’avait pas l’habitude de chanter (en telle et telle circonstance) ; et aussi « il ne voulait pas chanter ».

54. L’impératif et les subjonctifs que nous venons de voir sont partout conjugués personnellement, c’est-à-dire avec une forme spéciale à chaque personne, ce qui dispense le plus souvent d’exprimer le sujet.

L’autre mode qui reste à étudier, l’indicatif, peut presque toujours être traité de même.

Nous en connaissons déjà plusieurs temps. Car l’indicatif futur est identique au subj. présent, sauf la particule ra ou da : kanin, kanin je chanterai, kani tu chanteras, etc. Le conditionnel répond, dans les mêmes conditions, au subj. imparfait : kanfen, kanzen, kanjen je chanterais. Il vaut mieux, encore ici, réserver ces deux dernières formes pour le conditionnel passé : kanfen je chanterais, kanzen, kanjen j’aurais chanté.

L’indicatif imparfait se conjugue comme ces derniers temps, mais sans f m z : kanen, kanez, kane, kanemp, kanec’h ou kanac’h, kanent, tréc. -ent je chantais, tu chantais, etc.

Il n’y a, par ailleurs, que deux temps simples :

Indicatif présent.

Kanah (léon. -ann) je chante.

Kanez, kanes tu chantes, etc.

Kan,

Kanomp, kanom,

Kanit, kanet.

Kanont,

Indicatif passé défini.

Kaniz, kanzoun, kanjon je chantai,

Kanzoud, kanjout tu chantas, etc.

Kanaz, kanas.

Kanzomp, kanjom(p).

Kanzod, kanjot, kanjoc’h,

Kanzonty kanjont.

La conjugaison personnelle est obligatoire dans toutes les phrases négatives, dans beaucoup de ca& où il y a interrogation, et après la plupart des conjonctions. Il faut avoir soin, si l’on exprime le sujet,, de le mettre après le verbe. Car un nom ou pronom qui précède immédiatement un verbe conjugué personnellement en est le complément direct : Doue a garan j’aime Dieu.

55. Il y a une personne, la 3^ du singulier, où la conjugaison personnelle se confond, pour la forme, avec la conjugaison impersonnelle. Celle-ci consiste à mettre le verbe (du mode indicatif) à la 3^ personne du singulier, à la suite de son sujet : me a gar Doue, ou me gar Doue j’aime Dieu. Par conséquent, eun ti a zav veut dire aussi bien « une maison s’élève ly (conjug. impersonnelle) que « il élève une maison > (conjug. personnelle).

La conjug. impersonnelle n’est pas toujours possible, comme on Ta vu. Elle est obligatoire en un seul cas : celui où le sujet est un pronom interrogatif. Ceci n’entraîne d’ailleurs de différence dans la forme du verbe que si cet interrogalif est pluriel : pere a drec’h war ar re ail ? lesquels surpassent les autres ?

Lorsqu’on a commencé une phrase par un adverbe, un complément indirect, ou une proposition incidente, on emploie ensuite de préférence la conjugaison personnelle, en faisant précéder le verbe de la particule e, devant une voyelle ez, ec’h.

56. Il y a encore trois conjugaisons emphatiques, qui sont également propres à l’indicatif.

L’une, très employée partout, laisse le verbe à l’infinitif, en ajoutant les diverses formes du mot d faire » : Kana ran (chanter je fais), je chante.

Un petit nombre de verbes se servent ainsi d’auxiliaires à eux-mêmes : gallout a hellan (pouvoir je puis), je peux.

Une autre conjugaison consiste à ajouter Tinfinitif du verbe être : beza e kanann, bez’ e kanah je chante. Elle est peu usitée en Tréguier.

La tournure « je suis à chanter ». ou « chantant » est aussi beaucoup plus commune qu’en français ; alors on met o kana, ou ’kana^ jamais en eur gana.

57. Verbe auxiliaire beza^ tréc. hean^ corn, bout être.

Formes communes.

Participe.

veza, tréc. o veau élant ; bet été.

Impératif.

Bez sois, tréc. bes ; bezet, tréc. beet qu’il, qu’elle soit ; bezom-py tréc. beomp soyons ; bezit, tréc. beet soyez ; bezefit, tréc. beont qu’ils, qu’elles soient.

Subjonctif présent et futur.

Ba vezinn que je sois, ra vezi, va vezo^ ra vezimp^ ra vezot ou ra viot (ou -oc’h), ra vezint ; tréc. va (on da) vin y ra vi, ra vo, ra vimp ou vefomp, ra viot, viet ou vefel, ra vouint ou vefont.

Subjonctif imparfait.

Ra ven, ra vefen ou ra vizen, ra vijen que je fusse, ra vez, vefez ou vizez, vijes, etc., comme ra ganfen, sauf ra veac’h (et non vac’h). Il vaudrait mieux réserver ra vizen ou vijen pour le subjonctif passé, « que j’aie été j>.

Formes personnelles.

Futur.

Bezinn, tréc. 6m je serai, etc., (voir le subjonctif).

Conditionnel.

Ben^ befen ou bizen^ hijen je serais, etc. (voir subjonctif imparf.) La forme bizen, bijen, veut plutôt dire proprement « j’aurais été > (conditionnel passé).

Ces temps du verbe beza se présentent le plus souvent avec raffaiblissement initial : vezinn, vin, etc. Ils ne conservent guère le b radical que dans une exclamation affirmative démentant une opinion différente : tréc. ’Vo ket brao an amzer hirie, — Bo ; le temps ne sera pas beau aujourd’hui. — Si, il le sera. De même après mar si : mar benn si j’étais.

Le verbe être est plus riche en formes que tous les autres. On peut y distinguer du conditionnel présent et passé (respectivement befen et bizen), un aoriste d’habitude, ben, qui ne se confond pas toujours avec eux.

Il y a trois présents personnels de l’indicatif :

L’un, bezan, hezann, tréc. bean^ bezez, tréc. bées, etc., répond à kanah, kanes pour la forme, mais quant à remploi c’est seulement un présent d’habitude. Il est souvent remplacé en Tréguier par l’aoriste ben, etc. : pa vezan skuiz e kouskan quand (toutes les fois que) je suis fatigué, je dors.

Le second présent implique, en général, l’idée d’un état accidentel : oun, tréc. on je suis, oud, eo tréc. e ; ûmp, oc’h, int. Exemple : Pa ’z oun skuiz, ez ann da gousket comme je suis fatigué, je vais me coucher.

Le troisième présent, qu’on pourrait appeler présent d’actualité, est emaouUy emoun, tréc. emon ; emaoud, emout ; ema, ma, tréc. eman, ’mah (et aussi ediy emedi) ; emaompy emomp ; emaoc’h, emocli ; emaint, eminty tréc. emeint, ’meint. Il met en relief l’instant où quelque chose existe : Ema o trémen, tréc. ’man ’trémen a il est passant », le voilà qui passe.

Autres exemples d’emplois de ces trois présents : Pelec’h ’vez kavet marmouzet ? littéralement « où est (en général) trouvé des singes ? )> Où trouve-t-on des singes ? Er broiou tom, — Pelec’h eo ? Dans les pays chauds. — Où est-ce ? Pelec’h eman ar marmouz em boa guelet duze ? Où est (actuellement) le singe que j’avais vu chez vous ?

On voit que le verbe affirmalif se met au singulier, s’il a pour sujet un nom pluriel. Quand il y a négation, il se met au pluriel, s’il vient après le sujet : tréc. ’dei ket ma breiideur, ou ma breudeur ne deint ket mes frères ne viendront pas. Remarquer aussi les deux nuances de eo, e : tréc. klanv e il est malade ;. givir e c’est vrai ; héhv e c’est lui.

Il y a également trois imparfaits de l’indicatif :

1o bezen, bezez, etc., comme kanen ; c’est, ici, un imparfait d’habitude. Les Trécorois le remplacent par le conditionnel en -zen, vizen, vijen.

2o oanj oaz, oa, oamp, oacli, oant (et tréc. vcan^ voasy etc.) ; c’est l’imparfait ordinaire : krén oan j’étais fort (alors).

3o ez edoim, edoun, emedoun ; (ez) edoz, emedoz ; (ez) edo^ emedo ; (ez) edomp, emedomp ; (ez) edoc’hy. emedoc’h ; (ez) edont, emedoM, formes peu employées en Tréguier, et qui répondent à emaoun, etc. Passé défini.

Oen je fus, oez^ oe, oemp, oec’h et tréc. oejoeli vous fûtes ; oeht^ tréc. oent^ oejont (et tréc. voen^ voes, etc.)

58. Formes impersonnelles.

L’indicatif de beza a quelques formes spéciales à l’impersonnel :

Présent so, zo ; imparfait oa et ioa ; le reste régulier : futur vezo^ etc.

Ainsi on dit me so, me a zo je suis ; pell 2 :0 il y a longtemps ; me e c’est moi ; pell e c’est loin ; pell man il est loin, à présent, et aussi il est, il reste longtemps ; pred eo, mail eOj tréc. poeiid e il est temps ; amzer zo il y a du temps. Cette acception « il y a » fait employer so même devant son sujet : Pelecli zo liou ? Où y a-t-il de l’encre (ou de la couleur) ? Arri zo tud^ il est arrivé du monde. Mais s’il y a négation, et aussi dans quelques autres cas, on remplace so par euZj eus : n’ez euz den, tréc. n’eus dén il n’y a personne.

59. L’indicatif de beza peut se conjuguer emphatiquemenl avec son infinitif : heza ez eo, bez’ ez eOy tréc. beau e il est, sûrement ; beza zo^ tréc. beau zo il y a.

Ce verbe se sert aussi d’auxiliaire à lui-même dans les temps composés, sous les formes suivantes : bed oun, oun bel, me zo bel, emoTi bel j’ai été, etc. ; bed oan, oan bel, ms oa bet^ me a ioa bet j’avais été ; bed oen, oen bet, me oe bet j’eus été ; bed e veziii, vezin bet, me vezo bet j’aurai été ; bed e ven, bed e vefen, bed e vizen, bed e vijen, ou ven bet, vefea bet, vizen bel, vijen bet, ou me ve (vefe, vize, vije) bet j’aurais été, j’eusse été ; ra vezin bet que j’aie été ; ra ven (vefen, vizen, vijen) bet que j’eusse été ; beza bet avoir élé ; veza bet ayant été.

Il s’emploie dans les verbes passifs, comme en français : kared oun, oun karet, me zo karet, emaoïm karety beza ez oun karet je suis aimé ; kared e oan, oan karet y me oa karet, me a ioa karet j’étais aimé ; kared oun bet, oun bet karet, bed oun karet, me zo bet karet j’ai été aimé, etc.

60. Verbe bêza au sens de « avoir ».

Cet auxiliaire forme les temps composés avec le participe passé, comme en français. Il n’est autre que le précédent, combiné d’ordinaire avec des pronoms régimes, ce qui fait qu’on distingue les genres à la 3e personne singulier. Il s’emploie aussi comme verbe actif, pour « avoir, posséder », mais en ce sens son infinitif est toujours kaout, kavet, qui veut dire proprement « trouver ».

Infinitif.

Beza, tréc, beah, et quelquefois eri devezout, en devout avoir.

Participe.

veza, tréc. o veau ayant, bet eu.

Impératif.

Az pez, ezpez, et tréc. bez, be aie.

En defet qu’il ait ( tréc. bezo, beo, qu’il, qu’elle

E defet qu’elle ait. ( ait.

Hor bezety hon bezet, tréc. bezomp, beom ayons.

Ho pezet, ho pet, ho pezit, bezit, tréc. beet, bet ayez.

O defent, tréc. bezont, beont qu’ils, qu’elles aient.

Subjonctif présent ou futur.

Ram bezo, tréc. r’am bo que j’aie.

Raz pezo, tréc. r’az po que lu aies.

Retiy fém. fe devezo, tréc. r’en, fém. r’e deveo, devo, deo, do qu’il, qu’elle ait.

RhoT hezo, tréc. r*hon beo, r’hon bo, r’hon devo.

Rho pezo, tréc. r’ho peo, fho po.

Ro devezo, tréc. r’o deveo, devo, deo, do.

Subjonctif imparfait.

Ram be, r’am befe que j’eusse.

Ram bize, r’am bije, id., ou que j’aie eu.

2e pers. Raz pe, pefe^ pize, pije,

3e masc. Ren defe^ dize, dije, divize, divije,

fém. Re defe, etc.

pl. 1re p. R’hor be, r’hon be, r’hor befe, r’hon befe, tréc. r’hon defe ; rlior bize^ bije, r’hon dije.

2e Rho pe, pefe, pize, pije,

3e Rho de, defe, dize, dije, divize, divije.

Ces formes de subjonctifs sont, en supprimant la particule ra, celles du futur et du conditionnel, pour la conjugaison personnelle. La conjugaison impersonnelle n’en diffère que par Taddilion des sujets avant le verbe : poan am bezo ou me am bezo poan j’aurai de la peine. Il en est de même pour le reste de l’indicatif. En Tréguier, le 6 et le d qui suivent m et n peuvent se supprimer dans tout ce verbe : béc’h ’m o, me ’m o ou me ’m ou béc’h, j’aurai peine.

Les mots am be, az pe, etc., sont aussi des aoristes d’habitude, comme ben : jfam be naon e tebrann, tréc. p’am e fôt e teban quand j’ai faim, je mange. Les mots am bije, etc., expriment l’imparfait de ce temps : p’am ije zechet ecli iven quand j’avais soif, chaque fois que j’avais soif, je buvais.

Indicatif présent d’habitude (répondant à bezann je suis).

am bez j’ai.

az pez,

en devez, fém. e devez,

hor bez,

ho pez,

o devez.

Ce temps se confond en Tréguier avec l’aoriste am be, par suite de la chute du z léonais : an arc’hant n’o de ket a lost l’argent n’a (littéralement « n'ont 1>) pas de queue (par où on puisse le rattraper, quand il file).

Le présent ordinaire est :

Am ou em eiiz, ’m eus j’ai.

Ac’h, ec’h euz, tréc. a teus, e teus, ’teus tu as.

En deuz, en deveuz, tréc. en deus, an eus, ’n eus il a.

E deuz, e deveuz, tréc. a deus, i deus elle a.

Hon euz, hor beuz, tréc. hon eus, hondeus nous avons. ;

Hoc’h euzy tréc. hoc’h eus, hopeus, ’peiis vous avez.

O deuz, deveîtZy o deics ils, elles ont.

L’Imparfait ordinaire est :

Am, em boa, am, em oa, Iréc. ’m oa, ’m a j’avais. Az, ez poa, tréc. e ta, ’ta tu avais. En doa^ en devoa, tréc. en difoa, en oa, ’n a il avait. E doa, e devoa, tréc. i da elle avait. Mor boa, tréc. hon doa, hon a nous avions. Bo poa, tréc. hopa, ’pa, vous aviez. doay devoa, tréc. o defa, o deoa, o da ils, elles avaient.

Le PASSÉ DÉFINI est :

Am, em boe, am, em oe, ’m oe j’eus. Az, ez poe, tréc. e toe, Hoe tu eus. En doe, en devoe, tréc. en oe, en difoe, en deoe il eut. E doe, e devoe, tréc. i doe elle eut. Hor boe, tréc. hon boe, hon doe, hon deoe y nous eûmes. Ho poe, tréc. ’poe vous eûtes. doe, devoe, tréc. o deoe ils, elles eurent.

Le verbe beza a, comme on l’a vu, plusieurs formes qui peuvent également appartenir à « être » ou à « avoir » : tréc. aon en eus da veah laeret il a peur d’être volé ; keû ’n eus da veah laeret il regrette d’avoir volé.

On peut aussi conjuguer l’indicatif d’ « avoir » avec rinfinitif : heza em eux, tréc. beaîi ’m eus j’ai.

Exemples de ce verbe comme auxiliaire des temps COMPOSÉS : am eux selaouet, selaoued em eux, me ’m eux selaouet, bexa ’m eux selaouet j’ai écouté.

61. Verbe auxiliaire ober faire.

Son participe est graet, great, tréc. groet, gret, et la conjugaison suit ce radical gra^ groa.

Comme cela arrive pour les autres radicaux en a, cette voyelle disparaît souvent devant les terminaisons^ et si celles-ci ont un o ou un e, elle se change en e.

Impératif.

Gra, et tréc. grés fais ; graet, great, gret qu’il fasse ; greomp faisons ; grit, gret faites ; graent, gréant, gréent, tréc. greoFit, graiont qu’ils fassent.

Indicatif présent.

Grann, gran je fais ; grex, gra, greomp, grit ou gret, greoht.

Indicatif imparfait.

GraeUy grean, g^rm je faisais ; graex, greax, grès, etc.

Indicatif passé défini.

Grix, grexoun je fis ; grezoud, grejoud tu fis ; greaz, tréc. grès, gras il fit ; grexomp, etc.

On emploie aussi eure il fit, et en tréc. eurejont ils firent.

Indicatif futur.

Grinn, grih je ferai ; gri tu feras ; grao, graio, grai, tréc. grei il fera ; graimp, grimp, Iréc. greinip, grafomp, graféom nous ferons ; greot, greoc’h, Iréc. grafet, gréfetyows ferez ; gmint, Iréc. greint, grafont, graiont ils feront.

Indicatif conditionnel.

Grafen je ferais, grazen, grajen id., mieux j’aurais fait, etc.

Le g initial ne se maintient à l’indicatif que dans les mêmes conditions où reste le b du verbe beza : mar grah si je fais, etc. (voir p. 40),

Exemples de ce verbe : Beza a rann, tréc. bea raïi je fais ; ober a ran, ober ’ran je fais ; kana ran je chante ; kannah ’m eux d’ober a laver j’ai à faire », j’ai à laver du linge ; diskouez d’il em oa gret « te montrer j’avais fait », je t’avais montré ; zenti^ne raje ket il ne voulait point obéir.

Quand ce verbe sert d’auxiliaire avec un infinitif, là terminaison de ce dernier peut tomber quelquefois en Trég. : gall e rafi je puis.

62. Les principales formes verbales qui peuvent se rencontrer par ailleurs sont :

1o Des conditionnels en -hen^ -en^ qui, par conséquent, ressemblent à des imparfaits : me garhe^ garre, gare je voudrais ; me rahe, rae je ferais ; des 2e pers, plur. du futur en hot : kerhot, kerrot vous aimerez.

2o Des imparfaits de l’indicatif et des conditionnels en ien : me garie j’aimais, je voulais, je voudrais ; vien je serais ; anaien je connaissais, de anaout connaître ; taliCy tréc. tele il valait, de talvezout, talvout ; dleien, dlien je devais.

3o Des imparfaits en -/ban et des conditionnels passés en -vijen : tréc. dlefoan je devais, dlevize il aurait dû. Ces formes trécoroises sont propres à des verbes dont l’infinitif est en ont dans ce dialecte.

4o Des premières personnes du plur. en -mp dans la conjugaison du verbe avoir : tréc. ’m eump, corn. deuzomp nous avons, tréc. ’m am nous avions ; et des 3®s pers. pi. du même verbe en -nt : corn, euziht ils ont, doant ils avaient, etc.

Il y a, en outre, beaucoup de changements des voyelles a^ e du radical devant les terminaisons qui ont 0, e, i : karet aimer, karomp ou keromp nous aimons ; karit, kirit, keret vous aimez ; karin, kirin j’aimerai ; kaven, tréc. kéven je trouvais ; kavin, kivin je trouverai ; dliin je devrai ; livirit, leveret, laret, leret dites, etc. Quelquefois aussi la voyelle a s’échange avec e k h S^ pers. sing. de l’indicatif présent : anav, eue il connaît ; dalc’h, tréc. delc’hy derc’h il tient.

63. Aux divers rapports signalés entre l’imparfait de l’indicatif et le conditionnel, il faut ajouter celui-ci : le premier de ces temps remplace Tautre dans une proposition principale qui suit une incidente conditionnelle : tréc. ha pa vijen voîiiet, oan ket kâb d’anpech a c’hoerzin « quand j’aurais été fondu, mis en pièces, je n’étais pas (n’aurais pas été) capable de m’empêcher de rire ».

64. Le verbe mont^ monet aller, se conjugue sur le radical a du participe aet, eat, et, de la même façon que ober sur graety § 61.

L’Impératif est irrégulier :

KaCy kea, ke, tréc. kés, va (on dit aussi avec négation,

tréc. n’a ket, n’es ket ne va pas) ; kerz.

Aet, eaty eet, et tréc. aio qu’il, qu’elle aille.

Eomp, deoM’p, dem{p) allons.

It, et, kit allez.

Aenty eaïit, eent, tréc. eent, eont, aiont qu’ils aillent.

De plus ce verbe se fait précéder de y à l’impersonnel, comme l’imparfait du verbe être : ez a, tréc. ^’h a il va, me a ia, tréc. me ’c'h a, me ha ; ez ae, m^ é, tréc. ecli é il allait, me a iea, me ie, tréc. me *c% é, me hé ; ez eaz, tréc. ec’h éz, ec’h as^ e has il alla, me a ieaz, tréc. me ’cli as, me has ; ez afe^ tréc. ecli afe il irait, me a iafe, tréc. me ’c% afe, me hafe j’irais, etc. Le futur a une forme spéciale : ez <xOy aiOy ai, tréc. ec’h et il ira, mais me a ieloy me a iel (tréc. me ’c'h ei, me hei) j’irai.

65. Le verbe goiczout, tréc. goût, gouveout savoir^ peut, en Tréguier, se conjuguer régulièrement sur le part, gouveet. Il a, de plus, le part. léon. gwezet, tréc. gweet, qu’il suit au passé défini, au futur sauf léon. gwiot (ivéc. givefet) vous saurez, et au conditionnel, sauf qu’il y a léon. goufen et léon. gwizen, gwijen^ à côté de tréc. givefen, gwezen, gwejen. Restent l’imparfait léon. et tréc. gwien je savais, et le présent :

Gouzon, tréc. gonn je sais.

Gouzoud tu sais.

Goar il sait (d’où corn, goaran je sais, etc.)

Gouzomp.

Gouzoc’h.

Gouzont,

Le g initial de toutes ces formes tombe presque toujours : vel ’ouzoc’h comme vous savez ; na ouzont ket, n’ouzont ket, n’oiweont ket ils ne savent pas. Il se maintient, toutefois, dans les mêmes cas que celui de gran et de gallan et le b de ben, § 57, 61. On peut remarquer que, dans ces situations, le présent du verbe être, omiy oud, etc., et la forme euz il y a, se font précéder d’un g : mar ge ret (léon. mar deo’ red) si c’est nécessaire ; geus ou ge si ! (littéralement il y a, cela est) ; de même mar gan si je vais, etc.

Gouzout peut se conjuguer avec lui-même : goud a ouzon je sais.

66. Le mot eme dit, se fait suivre des pronoms régimes : emezoun^ tréc. emeouy ’meouy ’mon me disje, disais-je ; emezoudj emeout dis-lu, emezan, emean dit-il, emeziy tréc, emeij ’mei dit-elle, emezomp, emeomp disons-nous, emezoo*h, emeocli dites- vous, emezo^ emezôy tréc. emeo, emê, ’me, emezint, emeint disent-ils. Le nom qui suit eme affaiblit son initiale muable : eme Ber dit Pierre.

Ce verbe est quelquefois employé à l’impératif emit-hu, tréc. ’mët-hu, et au futur emevezo c’houi direz-vous, emeviot-hu id.

67. L’idée du verbe réfléchi s’exprime en préposant en em, tréc. en im : en em iviskah s’habiller ; je m’habille, en em wiskes ou t’en em ivisk tu t’habilles ; en em zaved en deuz (ou eo) il s’est élevé (mais sevel se lever est neutre, comme bale se promener).

Le verbe pronominal qui indique une action réciproque peut se rendre de la même façon : en em ganna reont ils se battent ; pourêfre plus précis, on peut ajouter an eil egile, l’un l’autre.

En em n’a généralement pas le sens du complément indirect ; on dit plutôt komz an eil d’egile que en em gomz se parler.

68. Le sens général du français on se traduit le plus souvent par une conjugaison spéciale : Indicatif présent : kaner. kaneur on chante.

Indicatif imparfait : kmiet, kaned, quelquefois kanec’h on chantait.

— PASSÉ DÉFINI : kanzeur, kanjeur^ quelquefois kanjot, kanjoc’h on chanta.

— futur : kanoVy kanfer on chantera.

— CONDITIONNEL *. kaufet, kanfed on chanterait ; kanzed, kanjet id . , et mieux on aurait chanté.

Le passé défini, assez peu usilé, peut se remplacer par l’imparfait, ou par le passé indéfini : kaned zo on a chanté.

Dans les radicaux en a, cette voyelle devient e au futur : lekeor on mettra, greor on fera, eor on ira ; on a au présent aer, ear, ér, à l’imparfait aety eat, et.

Le verbe être fait ewr, oar (hoavy voar) on est, au PRÉSENT ordinaire ; bezer^ bezeur^ ber au présent d’habitude ; emaer^ emaeur au présent actuel ; mais en Tréguier on n’emploie guère que ber : c’hoari ver ou ver c’hoari on est à jouer, on joue (actuellement ou habituellement).

Imparfait ordinaire oat, d’habitude bezet (remplacé en tréc. par le conditionnel bijet) ; d’actualité edod on était.

Passé défini : oet^ voed on fut (peut être remplacé par l’imparfait).

Futur : bezor^ bior on sera.

Conditionnel : beed, bied, bel on serait ; bized, bijety id., mieux on aurait été.

Le verbe gouzout fait gouzer, gwier, Iréc. gouveer, corn, goarer on sait ; une autre forme spéciale est gardée par l’expression naouspet on ne sait combien. L’expression « dit-on » se rend par lavarer^ lérer, au sens général, et dans un emploi particulier, répondant assez au français « vous dit-on j>, « on m’a dit », par le tréc. emê (proprement « disent-ils d). 69. Les verbes impersonnels se rendent en breton^, tantôt par des verbes comme c’hoarvezout arriver, advenir, clioarvez il arrive, c’hoarvezoud a ra^ id. ; tantôt par des expressions comme awalcli eo c’est assez, il suffit ; tom eo il fait chaud ; avel a zo il y a du vent, il vente ; glao a ra il fait de la pluie, il pleut ; kiirim a ra il tonne ; kazarc’h ou grizilh a ra il grêle ; ercli a ra il neige. Quelquefois on ajoute un pronom explétif, comme en français, mais il est féminin et régime d’une préposition : divezad eo ou divezad eo anezi il est tard ; deiz voa (anezi) il faisait jour ; tréc. e’hoari ’nez s’en donner, s’amuser ; glao a zo enni il y a apparence de pluie.

Le mot rehkout, rahkout falloir, devoir, n’est pas impersonnel : he^il a refikomp il faut que nous suivions, nous devons suivre.

70. Exemples de quelques expressions spéciales : me fell dHn mond ^rôk « moi il faut à moi aller devant » ^ je veux partir ; tréc. arri e dare « il est arrivé mûr », il est mûr, ou prêt ; arri ’m eux uzet ma zok voilà que j’ai usé mon chapeau ; ’omp paoues leinan « nous sommes à cesser de déjeuner ï), nous venons de déjeuner ; arabad gortoz ar c’hléhved da wasât « défense d’attendre la maladie à empirer », il ne faut pas attendre que la maladie s’aggrave ; mont da graoua aller chercher des noix ; avalaoua, tréc. avaloan cueillir des pommes ; keuneuta ramasser du bois, etc.

  1. Oc’h devant une voyelle.
  2. Quelquefois aussi en tréc. kanes.