Pernette/Les Réfractaires






CHANT TROISIÈME


LES RÉFRACTAIRES



Encor chargé du lit, des coffres, de la table,
Au milieu de la cour, le timon sur le sable,
Le char était penché ; les bœufs au poil fumant,
Déliés au soleil, ruminaient lentement.
Et du maïs en tas, près de l’étable ouverte,
Broutaient la feuille épaisse et la tige encor verte.

Servantes et valets, du char sur l’escalier
Transportaient les débris d’un humble mobilier ;
Et, mesurant aux bœufs l’herbe et la paille fraîche,
Le prudent maître errait du fenil à la crèche.

Là-haut, par le vitrail, une figure en pleurs,
Écartant le jasmin, s’encadre dans les fleurs :


C’est Pernette !… Elle ouvrait la chambre hospitalière
Où l’asile est offert à la mère de Pierre.

Bientôt, sur le plancher et dans chaque recoin,
Meubles, paquets étant déposés avec soin,
Tout fut mis en sa place et l’ordre vint à naître,
L’ordre élégant qui veut l’œil et la main du maître.

Pernette s’empressait, active à reployer
Habits et linge au fond des bahuts de noyer.
La veuve, alerte encore, aidait la jeune fille.

« Nous sommes, dit l’enfant, une seule famille ;
Mère, reposez-vous ! C’est moi, dès aujourd’hui,
Moi qui vous servirai, comme si c’était lui.
Malgré leur loi méchante, et qui vous a chassée,
Suis-je pas votre fille, étant sa fiancée ?
Je sais quel fut, chez vous, l’ordre qui vous plaisait,
Par quel art chaque meuble à sa place luisait ;
Tout sera fait selon vos avis, votre usage,
Et je tiendrai de vous la règle du ménage.

— Agissons, la douleur nous en fait un besoin,
Dit la mère, et pleurons toutes deux sans témoin. »

Et, marchant de concert, le travail et les larmes
Redoublaient d’heure en heure et se prêtaient des charmes,
Car les champs gardent l’homme en sa pleine vigueur,
Ses bras n’y tremblent pas des secousses du cœur ;
Nul œuvre n’y languit, rien ne s’y perd en rêve ;
La passion subsiste et le labour s’achève.

Ainsi, dans ce manoir, rien ne trahit un deuil ;
L’abondance et la grâce éclatent sur le seuil ;
Partout brille et sourit, sous la main des deux femmes
La propreté, miroir où se montrent les âmes.
Des soins promis au père, à l’enfant, à l’époux,
Tout ce logis témoigne, avec un art jaloux.
L’ordre en joyeux palais transforme un toit de chaume,
Et la reine s’y peint dans son petit royaume.

Or, tandis que cet art des cœurs simples et purs
D’un luxe à peu de frais égayait ces vieux murs,
Dans la cour retentit une voix claire et ferme
Et le pas d’un cheval bien connu dans la ferme.
Et chacun d’accourir : c’était le cher docteur !
On s’empressait ; le maître aidait le serviteur,
Versait la fraîche avoine et tendait l’auge pleine
Au bon trotteur couvert d’un chaud tapis de laine.

Mais là-haut, chez la veuve, et loin des indiscrets,
Pernette a du goûter achevé les apprêts.
Près des fruits, du gâteau, retirés de la planche,
Le reflet du vin blanc dorait la nappe blanche.

Et l’hôte aimé de tous, de plus près entouré,
Ne laissa pas languir le récit désiré :

« Tout va bien ; nos forêts ne vendront pas leurs hôtes,
Et sur ces braves cœurs portent leurs têtes hautes.
Ah ! l’on peut, libre encor, sous nos sapins gaulois,
S’abriter des sergents et des mauvaises lois !
Vrai ! si j’étais moins vieux, j’aimerais cette vie :
D’un nid au fond des bois j’ai toujours eu l’envie.


J’arrive et j’ai tout vu : on ne manque de rien.
Or, vous savez que moi, mon bidet et mon chien,
Sachant tous les sentiers, ne craignant gens ni bêtes,
Passons à travers tout, malgré vents et tempêtes…

— On vous aime partout, voilà votre secret,
Dit la mère… Et que font nos gars dans la forêt ?

— Certes, dit le docteur, leur existence est douce :
On chasse, on pêche, on dort, même on boit sur la mousse ;
On sculpte le tilleul et l’on tresse l’osier ;
On visite, au dessert, l’airelle et le fraisier.
Les bergers des chalets, peu soumis à la règle,
Dans les creux des rochers cachent des pains de seigle,
Des fromages, du lard ; et, malgré la saison,
On ne se prive pas d’un peu de venaison.
Là-haut, il est aussi des chevreuils réfractaires,
Nos derniers sangliers y vivent solitaires.
Quand le pain se fait dur, on va se promener,
Un bon coup de fusil complète le dîner ;
On sait tendre un lacet juste au gîte du lièvre ;
La grive au crin fatal se prend sur le genièvre.
Puis le docteur, trottant là-bas dans le ravin,
N’est-il pas accusé d’aimer fort le bon vin ?
N’a-t-il pas au logis quelques vieilles bouteilles
— Comme on dirait en vers — du pur esprit des treilles ?
S’il met dans chaque fonte un armement complet,
Deux flacons d’élixir au lieu d’un pistolet ;
Si, parvenu là-haut, et débridant sa Grise,
A travers les sapins ce savant herborise ;
Si, sous quelques rochers des chasseurs très connus
Il dépose en grimpant les flacons bienvenus ;

Si même, à quelque gars qui peut être un malade,
Il tâte le poignet et donne l’accolade
Et devise avec lui jusqu’au prochain sentier,
Où donc serait le mal ? il a fait son métier !
Nuit et jour un docteur, muni de son remède,
Ne doit-il pas à tous ses conseils et son aide ?
C’est ainsi que je traite et guéris à la fois
Mes clients des châteaux et mes clients des bois ;
Et de ceux qui pour garde ont pris dame Nature
La santé me fera quelque honneur, je vous jure. »

Mais, dans les yeux distraits et fixés vaguement,
Le vrai souci des cœurs éclatait par moment.
Pernette, sans rougir, le trahit la première,
A voix haute et disant ces simples mots : « Et Pierre ? »

« Enfin ! ce pauvre Pierre, on pense à lui ! D’honneur,
J’ai cru qu’on l’oubliait ! — dit le malin docteur.
Eh bien ! comme partout, Pierre est roi de la fête ;
Et notre cher curé fut vraiment un prophète,
Quand il nous exhortait et d’un œil paternel
Voyait Pierre officier, peut-être colonel.
Il est mieux que cela ! chef élu d’une armée ;
Il est prince, il est roi, là-haut sous la ramée,
Par de gais lieutenants obéi sans terreur,
Moins flatté, moins volé que n’est un empereur.
Dans la libre forêt il arrivait à peine,
Que par droit de nature il était capitaine.
Un plus brave, un plus beau, dans tout notre canton,
— Demandez à Pernette — où le trouverait-on ?
Son ferme esprit s’impose aux têtes les plus chaudes ;
Dès lors tout est correct là-haut, plus de maraudes,


De querelles, de coups ; et jamais le soleil
N’a vu pour la sagesse un régiment pareil.
Mais parlez-moi de vous, Madeleine ! À l’avance,
Je sais trop ce qu’annonce ici votre présence.

— Oui, docteur, je n’ai plus de pain, plus de maison.
Tout un mois j’ai nourri, payé la garnison ;
Hormis mon pauvre linge, il m’a fallu tout vendre.
Ces hommes sont partis n’ayant plus rien à prendre ;
Et je me croyais quitte ; un ordre est arrivé
De me jeter, mon lit et moi, sur le pavé.
La vengeance des lois, pour ces crimes suprêmes,
A défaut du conscrit frappe les murs eux-mêmes.
Je suis seule et sans force, et rien ne me défend…
On est à démolir le toit de mon enfant ;
Comme d’autres parents, près d’ici, l’ont vu faire,
Coupables de cacher leur fils, un réfractaire ;
Comme on l’a fait là-bas, chez le pauvre Simon,
Qui deux ans réussit à sauver son garçon.
Trahi plus tard, jugé, condamné par surprise,
On fusilla l’enfant sous les murs de l’église.
A tous les insoumis promettant même sort,
On affiche partout des menaces de mort ;
Et ce soir le préfet, pour dernière infortune,
Vient, dit-on, semoncer et taxer la commune.

— Lui ! dit le médecin. Que vont-ils faire encor
Pour nous tirer du sang, des larmes et de l’or ?
Ah ! moi, je le connais, et d’une date ancienne,
Ce baron-là, ce chien couchant croisé d’hyène !…

Et le bras du vieillard tremblait, le poing serré ;


Une flamme brillait sur son front empourpré.
Et dans les traits si doux, si francs de ce visage,
Une sainte colère imprimait son passage.
N’étant pas de ces cœurs au sourire banal
Dont la bonté n’est rien qu’indifférence au mal,
Ardent, généreux, pur d’ambitions humaines,
Un vif amour faisait en lui les vives haines.
Mais quand sa voix tonnait, grondant comme l’airain,
De sa haute raison l’azur restait serein.
Donc, il reprit :

« J’ai vu dans son club, dans son bouge,

J’ai vu ce sénateur coiffé du bonnet rouge,
Effréné, dénonçant les lenteurs du couteau
À frapper sur le noble et les gens à château,
Sur ceux enfin dont lui, le citoyen Antoine,
Avait hier mangé le pain et bu l’avoine.
Car — on peut en juger à ses belles façons —
Il débuta valet de fort grandes maisons ;
De là, tribun poussé par son ardeur civique,
L’Empire le reçut chaud de la République.
Nul mieux que ce laquais, ancien tueur de rois,
Ne sait l’art d’être esclave et tyran à la fois ;
De ses anciens métiers il garde quelque chose,
Il est le même au fond, servant une autre cause,
Insolent et servile… aussi, point de pitié !
Cet homme à deux tranchants ne fait rien à moitié.
S’il nous fallait fléchir chez quelque vieux stoïque
L’orgueil républicain ou la foi monarchique,
Même un homme tout neuf dressé par le pouvoir,
Que nul passé ne gêne et strict à son devoir,
Qui n’a jamais hurlé de phrases libérales


Et tonné pour les droits du peuple dans les halles,
Peut-être nous pourrions espérer, par hasard,
D’être un peu moins, nous peuple, immolés à César.
Mais, malheur ! nous voilà, bonnes gens, sous la patte
D’un préfet, d’un baron ci-devant démocrate ;
Craignons tout ! il n’est pas de plus âpre tyran
Qu’un Brutus en sabots devenu chambellan.

— Hélas ! dit Madeleine, en l’état où nous sommes,
Fût-il le plus méchant ou le meilleur des hommes,
Que craindre ou qu’espérer ? Je renonce à mon bien.
Me rendra-t-il l’enfant ?… Tout le reste n’est rien.
C’en est fini pour nous de la paix, de la joie ;
Jamais ce bras de fer lâche-t-il une proie ! »

Tandis qu’elle parlait et pleurait en parlant,
Un pas sur l’escalier résonna grave et lent.
On ouvre, et le soleil entre à pleines murailles :
C’était le bon pasteur visitant ses ouailles ;
Il paraît sur le seuil, et tous, jeunes et vieux,
Se lèvent devant lui pleins d’un respect joyeux.

« Mes enfants, dit le prêtre, à chaque jour sa peine ;
Le besoin de pleurer avec vous me ramène.
Pour adoucir le mal, hélas ! je puis bien peu ;
Que j’aide au moins vos cœurs à se tourner vers Dieu !
Et que mon humble amour vous rappelle et vous nomme
Cet amour tout puissant veillant, là-haut, sur l’homme. »

En leur parlant ainsi, le pasteur bien aimé
Leur indiquait le ciel d’un geste accoutumé.
Il reprend :

« Madeleine, ici, chez votre fille,

Vous aurez un appui, vous vivrez en famille,
Dieu vous donne un doux gîte et des jours mieux remplis
Au lieu des murs déserts par la loi démolis.

— Curé, dit le bouillant docteur, je vous renie,
Si vous appelez loi pareille tyrannie.
Contre un joug aussi dur, dès qu’on peut le briser,
La révolte est de droit ! Il s’agit de l’oser. »

Alors, s’étant assis sur le fauteuil antique,
L’homme de Dieu leur dit de sa voix pacifique :

« Oui, d’une loi trop dure et d’un maître inclément
Naît la sédition, d’où naît le châtiment :
Affreux cercle d’airain qui, du chef implacable,
Roule au peuple en démence, et tous deux les accable !
Mais comment rompre, hélas ! sur cette terre en deuil,
L’enchaînement fatal des haines à l’orgueil,
Et qui nous retiendra, courant à notre perte,
Entre l’injure à rendre et l’injure soufferte,
Si nul homme au pardon, de Dieu même enseigné,
N’ouvre une fois son cœur, doucement résigné ;
Si nous rendons toujours offense pour offense ;
Si nous n’essayons pas de l’oubli pour défense ;
Si l’humble charité n’efface un peu des cœurs
Et l’orgueil des vaincus et celui des vainqueurs ?
Ceux qui sèment le vent récoltent la tempête ;
Notre faute d’hier gronde sur notre tête.
Pour nos fils insoumis qui peuplent ces forêts
Le terrible chasseur dresse de nouveaux rets :
Voici que des soldats, sous un chef dur et sombre.


Vers le bourg, me dit-on, marchent en très grand nombre.
Comment feront, là-haut, pour éviter leurs coups,
Tous ces pauvres enfants, traqués comme des loups ?

— Pour ces chères brebis sans guide et sans apôtre,
Mon cœur s’effraye un peu, mais bien moins que le vôtre,
Cher curé, — répondit le médecin des bois,
Dans le péril toujours clairvoyant et narquois : —
J’ai ma nouvelle aussi, plus sûre et moins notoire.
César va, je le sais, de victoire en victoire ;
C’est affiché !… Pourtant je crois qu’il a besoin
De porter ses soldats loin de chez nous, fort loin ;
Et nos vieilles forêts, riant de vos alarmes,
Sont faites à narguer longtemps les bons gendarmes.
Mais il faut qu’un avis parte, et sans plus tarder
Enjoigne à nos enfants, là-haut, de se garder.
J’y vais par le plus court ; garnissant mes sacoches…
Ma Grise a le pied sûr, et bondit sur les roches,
Et vole infatigable à travers vaux et monts,
Quand je pique des deux vers ceux que nous aimons.
 
Mais le pasteur, plus sage, avec un fin sourire
Répondit :

« Toute armure a son défaut ; j’admire

Un général expert, à ce point endormi
De se croire invisible aux yeux de l’ennemi !
S’il est quelqu’un, chez nous, qu’on guette et qu’on soupçonne,
C’est l’homme au franc parler, vous, docteur, en personne.
Entrer ici le soir, et remonter après
Vers les bois, c’est trahir nos gens et vos secrets ;
Il faut pour ce message, où l’on risque sa vie,

Un obscur envoyé dont nul ne se défie. »

Or, sans quitter l’ouvrage et sans rompre une fois
Le fil du lourd tricot sous ses agiles doigts,
Sans qu’un geste, un regard trahît son âme tendre,
Pernette écoutait tout, rapide à tout comprendre.
Tenant ses yeux baissés, calme et sans s’émouvoir,
Elle dit ces deux mots :

« J’irai, c’est mon devoir.


— Toi, mon enfant ! là-haut, dans les bois, toute seule,
Comme un noir bûcheron, comme une antique aïeule ?
Je t’ai cru plus de sens. Renonce à ton dessein ;
Crains le diable et les loups ! » dit le vieux médecin.

Alors se redressant et posant son ouvrage,
D’une voix haute et ferme, et sans trouble au visage,
La noble jeune fille, honneur de la maison,
Parla selon son cœur et selon sa raison :

« Par le choix de mon père et le don de mon âme,
Devant Dieu, devant vous, ne suis-je pas sa femme ?
Nous aurons même sort ! j’ai droit de partager,
A défaut de son nom, sa peine et son danger.
Je sais pour quels devoirs, femmes, nous sommes faites ;
Je sais que de soucis et combien peu de fêtes
Deux cœurs associés pour ce voyage humain,
Même bénis du ciel, trouvent sur leur chemin.
Une femme chrétienne et noblement jalouse,
Dans le péril surtout, songe à ses droits d’épouse :
Car nous venons, hélas ! dans ce monde fatal,


Moins donner le bonheur que consoler du mal.
Vous m’avez dit cela, vous, mère, et vous, saint prêtre ;
Et mon cœur me l’eût dit, à défaut de tout maître.
Donc, vers l’homme avec qui je dois vivre et mourir
J’irai seule : et, s’il est des risques à courir,
Me voyant femme forte et digne de lui-même,
Il m’en aimera plus, sachant mieux que je l’aime.
Que je parte, il m’attend ! Fille de ces forêts,
J’en connais les sentiers et les abords secrets,
Que de fois, tous les deux, sous le chêne ou le tremble,
N’avons-nous pas gravi ces sommets ! Il me semble,
Allant le retrouver, que nos bois, s’il le faut,
Tels que de vieux parents me défendront là-haut ;
Et, comme sous ce toit, à l’ombre de mon père,
Dieu parmi ces déserts me suivra, je l’espère. »

Et la vierge au grand cœur suppliait du regard
Son père et ses amis hésitants. Le vieillard
Troublé se recueillait ; le médecin rebelle
Allait darder son mot et pousser la querelle,
Quand le sage pasteur ajouta doucement :

« Respectons le désir qui parle en ce moment !
C’est le cri d’un cœur chaste et d’une âme intrépide.
Laissons à cette enfant son noble instinct pour guide.
Oubliant les périls, voyons mieux le devoir.
Laissons sur nos terreurs cette foi prévaloir.
La foi, sur l’Océan, au bord du précipice,
Pose un pied qui jamais ne s’enfonce et ne glisse ;
Dieu, pour franchir l’abîme et planer sur les eaux,
Dieu prête au ferme espoir les ailes des oiseaux.
Moi, je le sens, pas un des dangers qu’on redoute


N’osera t’assaillir, vierge, sur cette route.
Celle qu’un amour pur arme de son acier
Sait marcher sans se prendre à nul piège grossier.
Va donc ! Tu braveras rôdeurs et sentinelle ;
Annonce à l’hôte aimé des forêts paternelles
L’orage qui s’avance et le flot débordé.
Va ! Tout ce que Dieu garde, enfant, est bien gardé.

Le conseil du pasteur fit loi dans la famille ;
Le bon Jacque en pleurant bénit sa noble fille,
Et chez ces gens, plus prompts aux actes qu’aux discours,
Du voyage permis les apprêts furent courts.
Elle partit, ayant un compagnon fidèle :

Vainement écarté, le chien nourri par elle
Revenait, s’élançait et flairait le chemin,
Muet, la regardait et lui léchait la main ;
Comme si du départ subit et solitaire
Son instinct eût compris la route et le mystère.
Par un étroit sentier, vers le but hasardeux,
La nuit étant sereine, ils montèrent tous deux.