Pensées sans ordre concernant l’amour de Dieu/08

QUESTIONNAIRE

1. Quand on a foi dans les mystères de la Trinité de l’Incarnation et de l’Eucharistie, mais qu’on ne voit aucune possibilité de jamais parvenir à adhérer à la conception chrétienne de l’histoire, peut-on légitimement songer à entrer dans l’Église ? (Quand, de plus, on attache une grande importance à la conception de l’histoire, au point de ne pouvoir accepter en aucun cas de s’abstenir d’exprimer là-dessus ce qu’on pense quand l’occasion s’en présente.)


2. Quelles sont exactement celles des opinions de Marcion auxquelles on ne peut adhérer sans être anathème ? Est-on anathème quand on adhère à sa conception de la supériorité des peuples dits païens sur Israël ?


3. Est-on anathème quand on admet comme possible et même probable qu’il y ait eu des incarnations du Verbe antérieures au Christ, accompagnées de révélations ; que Melchisédec, d’après les paroles de saint Paul, ait été l’une d’elles ; que la religion antique des Mystères soit issue d’une telle révélation, et que par suite l’Église catholique en soit l’héritière légitime ?


4. Est-on anathème quand on pense que la source d’où est issu pour Israël le commandement de détruire les villes, de massacrer les peuples et d’exterminer les prisonniers et les enfants n’était pas Dieu ; et qu’avoir pris Dieu pour l’auteur d’un tel commandement était une erreur incomparablement plus grave que les formes même les plus basses de polythéisme et d’idolâtrie ; et qu’en conséquence, jusqu’à l’époque de l’exil, Israël n’a eu presque aucune connaissance du vrai Dieu, alors qu’une telle connaissance se trouvait parmi l’élite de la plupart des autres peuples ?


5. Est-on anathème si l’on regarde comme au moins très douteuse, et probablement fausse, l’opinion que la véritable connaissance de Dieu est plus répandue dans la chrétienté qu’elle ne l’a été dans l’antiquité, et qu’elle ne l’est actuellement dans des pays non chrétiens tels que l’Inde ?


Serait-il honnête, avec de telles pensées, de songer à entrer dans l’Église ? Ne vaut-il pas mieux supporter la privation des sacrements ?