Pensées d’août/Sonnet à mon ami Ch. Labitte

SONNET

À MON AMI CH. LABITTE


En voyant, jusqu’ici ce que j’ai vu si peu,
La nature et sa gloire, et sa simple harmonie ;

Au sombre fond des pins cette douceur unie
Des saules en cordon, feuillage pâle et bleu ;

En voyant ces épis sous des rayons de feu,
Ou blonds, ou d’or ardent et la tête brunie,
Ou verts de tige encor, toute une onde infinie,
Et que demain la faux nivelle d’un seul jeu ;

En voyant, Emmenthal[1], verdoyer ta vallée,
Et luire au grand soleil, épaissie, émaillée,
Cette herbe la plus tendre au regard qui s’y prend,

Je pensais : Que ne puis-je ainsi peindre en mon style !
Comme on dirait alors : Sa nuance est facile !
Comme on dirait de mg : Son art est transparent !


  1. L’Emmenthal, riche portion du canton de Derne.