Pensées d’août/Sonnet à madame M.
SONNET
À MADAME M.
Quoi ! vous voulez, par bonté, quelquefois,
Pour épargner ma paupière un peu tendre,
Un peu lassée, au soir, me faire entendre,
Lu par vous-même, un livre de mon choix !
Vous liriez tout, Fauriel et Gaulois[1] ;
Et le sujet, à fond, me viendrait prendre,
Dans le fauteuil où j’oserais m’étendre,
Indifférent à l’accent de la voix !
Mais votre voix, c’est la couleuvre vive,
Insinuante et limpide et furtive,
Col gracieux et de gris nuancé !
La voir courir est chose trop peu sûre ;
Elle est sans dard, et je crains sa piqûre ;
Ou, tout au moins, je crains d’être enlacé.
- ↑ L’excellente Histoire de la Gaule méridionale, par M. Fauriel, avait paru vers ce temps, mais un peu importante et sérieuse pour être lue à deux en cette façon.