Pensées d’août/Sonnet à M. Paulin Limayrac

SONNET

à M. Paulin Limayrac


Je montais, je montais ; un guide m’accompagne,
Choisit les durs sentiers, et m’y dirige exprès ;
Car je veux, Iung-Frau, toucher tes pieds de près !
Le soleil est ardent, d’aplomb sur la montagne.

Mon front nage, mon pas est lourd ; au plus je gagne
Une moitié du mont. Mais les flancs plus secrets
S’y découvrent soudain en pâturages frais,
Ménageant un vallon comme en douce campagne.

Ainsi, grand Dieu, tu fais, quand tu nous vois lassés,
Dans la vie, au milieu, quand nous disons : Assez !
Un vallon s’aperçoit, et tu nous renouvelles.

Si l’on monte toujours, à peine on s’en ressent ;
Et l’homme réparé reprend, obéissant,
Plus haut, vers les clartés des neiges éternelles !

Wengern-Alp.