Pensées d’août/« Je côtoyais ce lac, tant nommé dans mon rêve »


SONNETS


I


Je côtoyais ce lac, tant nommé dans mon rêve ;
Je le tenais enfin, et j’en voyais le tour.
Le rapide bateau l’embrassait d’un seul jour.
Joyeux, je commençais ce qui si tôt s’achève.

Chaque instant amenait quelque nom qui se lève ;
Coppet venait de fuir ; Lausanne avait son tour ;
Vevay luisait déjà sous sa légère tour ;
Clarens… quoi ? c’est Clarens ! bosquet d’ardente sève !

J’admirais, mais sans pleurs, mais sans jeune transport ;
Rien en moi ne chantait ou ne faisait effort.
de disais : Est-ce tout ? — Le peu de ce qu’on aime,

La fin des longs désirs, leur inégale part,
Me revenait alors ; je m’accusais moi-même,
Beaux monts, cadre immortel, et que je vois trop tard !