Pauvres fleurs/Solitude (2)

Pour les autres éditions de ce texte, voir Solitude (« Pour me plaindre ou m’aimer je ne cherche personne »).

Pauvres fleursDumont éditeur Voir et modifier les données sur Wikidata (p. 251-252).
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SOLITUDE.


Pour me plaindre ou m’aimer je ne cherche personne ;
J’ai planté l’arbre amer dont la sève empoisonne.
Je savais, je devais savoir quel fruit affreux,
Naît d’une ronce aride au piquant douloureux.

Je souffre, je me tais. Je regarde sans larmes,
Des yeux pour qui mes pleurs auraient de si doux charmes :
Dans le fond de mon cœur je renferme mon sort ;
Et mon étonnement et mes cris et ma mort.

Vous qui m’offrez des vœux dans vos pitiés tranquilles
Pour vos dévotions cherchez d’autres asyles ;
Portez dans l’avenir ce vœu si vrai ! si beau ;
Allez-en quelque jour insulter mon tombeau :
La pierre, sans frémir subira cette injure.
Mais je vis ! mais j’échappe à vos perfides bras ;
Mais la pitié qui ment dans une voix parjure,
Ne vaut pas une tombe à l’abri des ingrats