Pauvres fleurs/S’il m’eût aimée…
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S’il m’eût aimée, oh ! que la vie
Eût passé légère sur moi !
Si dans la mort il m’eût suivie,
Que la mort m’eût fait peu d’effroi !
J’aurais trouvé des chants de l’âme,
Comme l’oiseau chante le jour,
Pour dire aux anges qu’une femme
Était heureuse par l’amour !
Mais il écoute sans tendresse,
Ma voix toujours près de pleurer ;
Il est grave, il est sans maîtresse,
Et rien ne le fait soupirer :
Vivant seul au fond de son âme,
Rappelant quelque autre séjour,
Peut-être il rêve d’une femme,
Qu’il vit heureuse par l’amour !
Et moi je m’effeuille dans l’ombre,
Comme une fleur sur son chemin,
Jamais, même quand il est sombre,
Vers mon cœur il n’étend sa main,
Ô solitude de mon âme,
Serez-vous consolée un jour ?
Le ciel bannit-il une femme
Qui rêva le ciel dans l’amour !