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Pauvres fleursDumont éditeur Voir et modifier les données sur Wikidata (p. 119-122).



AVE MARIA.


Ave Maria !
Sur l’âme qui pleure,
Chante et verse l’heure,
Où l’ange pria !

Quand j’entendais le soir,
Trembler à mon oreille,
L’Angélus qui s’éveille,
Comme un germe d’espoir,

Rêveuse, sur ma porte,
Je rappelais tout bas,
Quelque espérance morte,
D’absence ou de trépas.

Ave Maria !
Sur l’âme qui pleure,
Chante et verse l’heure,
Où l’ange pria !

Tout ce que nous pleurons,
Plein d’une grâce austère,
Revient-il sur la terre,
Pour nous dire « Espérons ! »
Car à ce ciel qui sonne,
Ma tristesse a frémi,
Comme une main frissonne,
Sous la main d’un ami !

Ave Maria !
Sur l’âme qui pleure,
Chante et verse l’heure,
Où l’ange pria !


Ainsi qu’au fond des fleurs,
Passe une brise errante,
Cette cloche vibrante,
Entrait dans mes douleurs ;
Je sentais que Dieu même
À son secret d’amour,
Et j’osais dire : j’aime !
À ce bon soir du jour.

Ave Maria !
Sur l’âme qui pleure,
Chante et verse l’heure,
Où l’ange pria !

Soupirs de l’Angélus,
Vos tintemens tranquilles,
Dans les cris de nos villes,
Ne me parviennent plus :
Mais, seule et triste encore,
Quand s’en va le soleil,
Ma mémoire sonore,
Tinte dans mon sommeil :


Ave Maria !
Sur l’âme qui pleure,
Chante et verse l’heure,
Où l’ange pria !