Pausanias, Béotie-1, chapitre XI

Traduction par M. Clavier.
J.-M. Eberhart (5p. 67-72).

CHAPITRE XI.


Monuments de Thèbes. Maison d'Amphitryon. Images des Pharmacides. Héraclium. Dédale et Icare. Autel d'Apollon Spondius.

A gauche des portes appelées du nom d'Électre, sont les ruines d'une maison où demeura, dit-on, Amphitryon lorsqu'il fut exilé de Tirynthe, à cause du meurtre d'Électryon. On distingue encore parmi ces ruines, le lit d'Alcmène ; on assure qu'Amphitryon l'avait fait construire par Trophonius et Agamède, et qu'on y lisait l'inscription suivante : Amphitryon, lorsqu'il était sur le point d'épouser Alcmène, fit faire ce lit qui est l'ouvrage de Trophonias, Anchasien, et d'Agamède.

mais l'armée des Argiens se porta du milieu du Péloponnèse dans le milieu de la Béotie, et Adraste avait rassemblé des secours de Les Thébains disent que cette inscription y était autrefois. Ils montrent aussi le tombeau des enfants qu'Hercule avait eus de Mégare; ils racontent leur mort autrement que Stésichore d'Himère et Panyasis ne l'ont fait dans leur vers. Les Thébains ajoutent qu'Hercule dans sa fureur était prêt à tuer aussi Amphitryon, lorsqu'un coup de pierre qu'il reçut le fit tomber dans un profond sommeil ; cette pierre qu'ils nomment Sophronistéra, lui fut jetée par Minerve.

On voit aussi dans le même endroit des femmes représentées en bas-relief, elles sont presque effacées ; les Thébains les nomment les Pharmacides, et prétendent qu'elles avaient été envoyées par Junon, pour mettre obstacle aux couches d'Alcmène, elles l'empêchaient effectivement d'accoucher, lorsque Historis, fille de Tirésias, trouva le moyen de les tromper, en se mettant à pousser des cris de joie, et en disant, de manière à ce qu'elles l'entendissent, qu'Alcmène était accouchée; ces femmes ainsi induites en erreur, s'en allèrent, et alors Alcmène accoucha.

Le temple d'Hercule est dans le même endroit. Quant aux statues, l'une d'Hercule nommé Promachus, en marbre blanc, est l'ouvrage de Xénocrite et d'Eubius, tous deux Thébains ; l'autre en bois est très ancienne ; les Thébains croient qu'elle est de Dédale, ce qui me paraît vrai. On assure qu'il l'offrit lui-même pour témoigner sa reconnaissance à Hercule. En effet, lorsqu'il s'enfuit de l'île de Crète, il fabriqua pour Icare son fils et pour lui, deux petits navires ; il imagina, chose inconnue jusqu'alors, d'y ajouter des voiles pour échapper à l'aide d'un vent favorable, aux vaisseaux à rames de Minos. Il parvint effectivement à se sauver ;

mais on dit qu'Icare, n'ayant pas su gouverner son bâtiment, fut submergé ; les flots portèrent son corps dans une île au-dessus de Samos, qui n'avait point encore de nom ; Hercule ayant trouvé par hasard son cadavre, le reconnut et lui donna la sépulture. L'on voit encore maintenant son tombeau, c'est un tertre peu élevé sur le promontoire qui s'avance dans la mer Égée. L'île et la mer qui l'entourent ont pris leur nom de cet Icare.

Praxitèle a représenté sur les frontons du temple d'Hercule à Thèbes, la plupart des douze travaux de ce dieu ; mais au lieu du combat contre les oiseaux du lac Stymphale, et de ce qu'il fit pour nettoyer l'Élide, c'est sa lutte contre Antée qui est retracée. Thrasybule, fils de Lycus, et ceux des Athéniens qui détruisirent avec lui la tyrannie des trente, ont dédié dans le temple d'Hercule, une Minerve et un Hercule de grandeur colossale, en figures en marbre Pentélique, et faites par Alcamène ; ils les dédièrent, parce que c'était de Thèbes qu'ils étaient partis pour rentrer dans leur patrie.

Le gymnase et le stade qui portent aussi le nom d'Hercule tiennent tous deux à son temple. Au-dessus de la pierre Sophronistéra est l'autel d'Apollon surnommé Spondius ; il est fait de la cendre des victimes. On y prédit l'avenir par le moyen des paroles qu'on entend au sortir de-là ; manière de prédire à laquelle les Smyrnéens se livrent plus particulièrement que tous les autres Grecs ; il y a au-dessus de Smyrne hors des murs, un temple qui a pris son nom de cette espèce de divination.