Pausanias, Attique-1, chapitre VIII

Description de la Grèce de Pausanias, tome 1
Traduction par M. Clavier.
J.-M. Eberhart (1p. 48-55).
chapitre VIII.

Attale. Statues et temples. Odéon.
C’est ici le lieu de parler d’Attale, puisqu’il est aussi l’un des héros Eponymes des Athéniens. Un certain Docimus, Macédonien, général d’Antigone et qui se donna ensuite à Lysimaque avec toutes ses richesses, avoit à son service Philétære de Paphlagonie, eunuque. Je dirai en parlant de Lysimaque, à quelle occasion Philétære l’abandonna pour se jeter dans le parti de Séleucus. Attale dont il s’agit, étoit fils d’Attale, frère de ce Philétære, et Eumènes son cousin lui laissa ses états. Le plus mémorable de ses exploits est son expédition contre les Gaulois, qu’il chassa de la partie de l’Asie voisine de la mer, et repoussa jusque dans le pays qu’ils habitent maintenant. Après les statues des Eponymes, vous trouvez des statues de dieux ; Amphiaraüs, la Paix tenant dans ses bras Plutus encore enfant ; la statue en bronze de Lycurgue, fils de Lycophron ; Callias, qui, suivant la plupart des Athéniens, fit au nom de tous les Grecs la paix avec Artaxerxés, fils de Xerxės ; enfin Démosthènes, que les Athéniens forcèrent de se retirer à Calaurie, île en face de Træzène : dans la suite ils le rappelèrent, ils l’exilèrent encore après leur défaite à Lamie, et il retourna de nouveau à Calaurie, où il finit par s’empoisonner. Il fut le seul des exilés Grecs qu’Archias ne put pas livrer à Antipater et aux Macédoniens. Cet Archias natif de Thurium s’étoit chargé d’une commission bien barbare, de livrer à la vengeance d’Antipater, tous ceux qui avoient été d’une faction opposée à celle des Macédoniens, avant la défaite des Grecs dans la Thessalie. C’est ainsi que Démosthènes devint victime de son amour pour les Athéniens. On a dit, avec beaucoup de raison ce me semble, que celui qui se livre sans réserve aux affaires publiques, et qui croit pouvoir compter sur le peuple, n’a jamais une heureuse fin.

Il y a près de la statue de Démosthènes, un temple de Mars où l’on voit deux statues de Vénus, une de Mars faite par Alcamènes, une de Minerve, ouvrage de Locrus de l’île de Paros, et une d’Enyo faite par les fils de Praxiteles. On voit autour du temple Hercules, Thésée, Apollon dont les cheveux sont ceints d’une bandelette, Caladès qui a écrit, dit-on, des loix pour les Athéniens, et Pindare qui les ayant loués dans ses vers reçut d’eux, entre autres récompenses, les honneurs d’une statue. Non loin de là sont Harmodius et Aristogiton qui tuèrent Hipparchus, on trouvera dans d’autres livres des détails sur la cause de leur conspiration, et sur les moyens qu’ils prirent pour l’exécuter. Anténora fait les plus anciennes de ces statues d’hommes célèbres, et Critias les autres. Xerxés, ayant pris Athènes, que ses habitants avoient abandonnée, emporta ces statues avec le reste du butin, mais Antiochus les renvoya par la suite aux Athéniens.

Devant l’entrée du théâtre nommé l’Odéon, sont les statues des rois d’Egypte, tous connus sous le nom de Ptolémée, mais distingués par des surnoms tels que Philométor pour l’un, Philadelphe pour un autre ; et Ptolémée, fils de Lagus, fut surnommé Soter par les Rhodiens. Ptolémée Philadelphe est celui dont j’ai fait mention en parlant des Eponymes ; la statue d’Arsinoé sa sœur est auprès de la sienne.