Traduction par M. Clavier. J.-M. Eberhart, (1, p. 55-64).
bookDescription de la Grèce de Pausanias, tome 1 PausaniasM. ClavierJ.-M. Eberhart1814ParisC1Chapitre IXDescription de la Grèce de Pausanias, tome 1, 1814.djvuDescription de la Grèce de Pausanias, tome 1, 1814.djvu/755-64
chapitre IX.
Ptolémée Philométor et Cléopâtre. Lysimaque.
Ptolémée Philométor étoit le huitième descendant de Ptolémée fils de Lagus. On lui donna ce surnom par ironie, car je ne connois pas de prince pour qui sa mère ait eu une aversion pareille à celle que Cléopâtre a voit pour lui. Ne pouvant souffrir qu’il régnât, quoique l’aîné, elle le fit d’abord envoyer par son père dans l’île de Chypre. Parmi les diverses raisons qu’on donne de cette malveillance, la principale étoit l’espoir de trouver dans Alexandre le plus jeune de ses enfants, plus de soumission. Elle voulut donc le faire nommer par les Egyptiens ; et comme ils s’y opposèrent, elle l’envoya dans l’île de Chypre avec le titre de général, mais au fonds pour devenir, par les armes d’Alexandre, plus redoutable à Ptolémée. À la fin, ayant blessé ceux de ses eunuques qu’elle croyoit les plus dévoués à son propre service, elle les présenta au peuple en disant que Ptolémée avoit voulu la faire périr, et que c’étoit lui qui les avoit mis en cet état. Les Alexandrins fondirent sur Ptolémée pour le tuer, mais il leur échappa en s’embarquant, et l’on plaça sur le trône Alexandre qui revint de l’île de Chypre. Cléopâtre fut punie de son injustice envers Ptolémée ; car Alexandre, qui lui devoit la couronne, la fit mourir. Bientôt, voyant son crime découvert, il prit la fuite pour se soustraire à la fureur du peuple ; Ptolémée revint et remonta sur le trône. Les Thébains (de l’Egypte) s’étant révoltés » il leur fit la guerre, les soumit la troisième année de leur rébellion, et ne laissa subsister chez eux aucun vestige de cette opulence jadis supérieure à celle des plus riches cités de la Grèce, à celle même du temple de Delphes, et d’Orchomène en Bœotie. Ptolémée subit peu dé temps après la loi commune à tous les mortels, et les Athéniens qu’il avoit comblés de bienfaits nombreux, et qui mériteroient un plus long récit, lui érigèrent une statue en bronze, ainsi qu’à Bérénice le seul enfant légitime qu’il eut. À la suite des statues des rois d’Egypte on voit celles de Philippe et d’Alexandre son fils qui ont fait de trop grandes choses pour n’en parler qu’incidemment dans un ouvrage dont ils ne sont pas le sujet. Les honneurs que les Athéniens ont rendus aux rois d’Egypte sont fondés sur une reconnoissance réelle pour les bienfaits qu’ils en ont reçus ; ceux qu’ils ont décernés à Philippe et à Alexandre sont principalement l’ouvrage de la flatterie du peuple ; quant à Lysimaque, ce n’est point par bienveillance qu’ils lui ont érigé une statue, mais c’est parce qu’ils pensoient qu’il pouvoit leur être utile dans les circonstances où ils se trouvoient.