Paula Monti/II/XIX
CHAPITRE XIX.
DÉCISION.
— Jamais… jamais… je n’aurai le courage de recevoir monsieur et madame de Brévannes — s’écria la princesse avec désespoir — car…
La voix du prince interrompit Paula.
Le salon où elle se trouvait était séparé des autres appartements par une longue galerie semblable à celle que M. de Hansfeld occupait à l’étage supérieur.
Des portières de velours remplaçaient les portes ; Paula entendit son mari demander au valet de chambre, qui se tenait à l’extrémité de cette galerie, si la princesse était chez elle.
— C’est le prince ! — s’écria Iris.
— Il va se rencontrer avec cette jeune femme… — dit Paula. — Tous deux ignorent que M. de Brévannes est instruit de leur amour, et que par un affreux calcul il doit feindre d’ignorer cet amour… Oh ! c’est horrible… les laisser dans cette funeste confiance…
Iris se hâta de lui dire :
— Vous voulez épargner ces malheureux et renoncer à M. de Morville ? Soit ; tout à l’heure, au moment où M. de Brévannes sortira de l’hôtel, je trouverai moyen de lui parler, et en deux mots je lui apprends la fourberie du livre noir.
Paula fit un mouvement.
— N’est-ce pas là votre volonté, marraine ?
— Oui, oui.
— Pourtant, si par hasard cette volonté changeait, si vous vouliez profiter des événements que cette rencontre du prince et de Berthe chez vous va précipiter encore… à moins que vous ne vous y opposiez lorsque vous me verrez me lever pour aller attendre M. de Brévannes, donnez-moi cette épingle en me disant de la serrer… cela voudra dire que M. de Brévannes doit rester dans son erreur…
— Mais…
— Voici le prince… Tout à l’heure donnez-moi cette épingle… et dans huit jours vous êtes libre, sinon… renoncez à jamais à M. de Morville.
M. de Hansfeld entra chez sa femme.
Iris avait l’habitude de rester auprès de sa maîtresse, lors même que celle-ci recevait des visites. Sa présence à la scène suivante parut donc au prince fort naturelle.