Panthéon égyptien/Tésonénoufé ; Tésonénofré

Panthéon égyptien, collection des personnages mythologiques de l'ancienne Égypte, d'après les monuments
Firmin Didot (p. 177-178).

TÉSONÉNOUFÉ ; TÉSONÉNOFRÉ.

 
Planche 40

Nul signe particulier ne distingue la déesse figurée dans notre planche 40, des nombreuses déesses égyptiennes auxquelles conviennent également le disque solaire, distinction ordinaire des Héliades, les cornes de vache, symbole de la nutrition ou de la qualité de déesse Nourrice, le modius, symbole de l’Abondance, qui surmontent la coiffure formée d’un vautour les ailes éployées, constant emblème de la maternité. La légende hiéroglyphique seule peut, en nous donnant son nom propre, faire distinguer cette déesse de Mouth, d’Hathor, d’Isis, de Ritho, de Natphé et de toutes les autres déesses mères en général.

Le nom entier de la divinité dont cette planche reproduit l’image se lit (lég. no 4) ⲧⲑⲥⲱⲛⲉ ⲛⲟϥⲣ[1], Tésoné-nofré ou Tésonénoufé ; et ce nom signifie textuellement la sœur-bonne, la bonne-sœur. Les légendes nos 1, 2 et 3 en offrent les différentes variantes et toutes les abréviations.

Tésonénofré fut, selon les mythes sacrés, l’épouse et la compagne fidèle du dieu Haröeri, l’Apollon égyptien ; et le nom même de Bonne-sœur que portait la déesse dut, sans aucun doute, la faire assimiler par les Grecs à leur Artemis, Diane, qui secourut efficacement sa mère, Latone, lorsque celle-ci accoucha de son frère Apollon. Diverses légendes de Tésonénofré prouvent en effet que, dans l’opinion même des Égyptiens, cette déesse ne fut qu’une modification de Tafné, l’une des formes de Bubastis, la Diane ou Artémis égyptienne.

Toutefois dans les traditions du nome Ombite, l’un de siéges principaux du culte d’Haröeri, son épouse, Tsonénofré, n’était point sa sœur de père, puisque le dieu y était donné comme fils de Sév (Cronos ou Saturne), tandis qu’on y traitait la déesse de fille du dieu Phré ou fille du soleil. Cette filiation résulte de la légende no 1 copiée dans le grand temple d’Ombos à côté de l’image même de la déesse : ⲧⲑⲥⲱⲛⲑ ⲛⲟϥⲣ ⲛⲑⲃ ⲛⲃⲓ ⲧⲥⲓ ⲙⲡⲣⲏ ⲛⲑⲃ ⲛⲧⲡⲑ ϩⲟⲛⲧ ⲛⲛⲑⲛⲧⲣ ⲛⲓⲃⲓ, Tésonénofré dame d’Ombos, Fille du soleil, dame du ciel, rectrice de tous les dieux. La même descendance a été exprimée dans la légende no 5.

Cette fille du soleil faisait partie de la seconde des deux triades divines adorées dans le nome Ombite et qui se composait d’Haröeri (le père), Tésonénofré (la mère) et Pnébtho (leur fils). Plusieurs tableaux sculptés sur le fût des colonnes ou sur les parois intérieures du grand temple représentent les trois membres de cette triade réunis, recevant les offrandes de Ptolémée Philométor et de Cléopâtre sa femme. Ailleurs la déesse accompagne son époux Haröeri ou partage avec son fils Pnébtho les adorations de Ptolémée Évergète II, ou celles de Cléopâtre Cocce et de Ptolémée Soter II.

Outre les qualifications de dame du ciel, d’œil du soleil et de dame d’Ombos, qui appartenaient à Tsonénofré comme fille du dieu Phré (le soleil), et comme l’une des divinités spéciales de la ville d’Ombos, nous avons remarqué les titres suivants relatifs aux charmes et à la beauté de la déesse : ⲡⲑⲥϩⲟⲛⲟϥⲥ, déesse аu bеаи visage, ϧⲇⲇⲕ ⲛⲑⲛⲧⲣⲛⲙⲑⲓⲟ ⲛⲑⲥⲟϥⲣ, celle qui réjouit les dieux par la vue de ses beautés[2].

Notes
  1. Le groupe hiéroglyphique phonétique formé du téorbe, du céraste et de la bouche, ⲛϥⲣ, répond dans tous les textes hiéroglyphiques aux deux adjectifs coptes ⲛⲟϥⲣⲑ et ⲛⲟⲧϥⲑ indistinctement.
  2. Ces titres sont sculptés à la suite du nom propre de la déesse dans les inscriptions des bas-reliefs de la seconde salle du temple d’Ombos.

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