Panthéon égyptien, collection des personnages mythologiques de l'ancienne Égypte, d'après les monuments
Firmin Didot (p. 99-100).

HATHÔR.

(athor, athyr, aphrodite, vénus.)
Planche 18

On a déjà vu les dieux Ammon-Cnouphis, Néith et Phtha se montrer tour-à-tour, sur les monuments, avec une tête humaine ou avec celle des divers animaux qui leur étaient consacrés. Cette alliance de différentes parties de quadrupèdes, d’oiseaux, d’insectes ou de reptiles, avec un corps humain, fut tout-à-fait dans l’esprit des anciennes nations orientales ; et les temples de l’Égypte, de l’Inde et de l’Éthiopie nous offrent une foule d’exemples de ces compositions bizarres et monstrueuses que repoussa constamment le goût plus épuré des Grecs.

Mais les Égyptiens qui cultivèrent les arts du dessin dans le seul but de les appliquer à l’expression de la pensée, et dont les peintures, les statues et les bas-reliefs n’étaient, en quelque sorte, que des caractères ou des phrases de la grande écriture monumentale, trouvèrent convenable, lorsqu’ils traçaient l’image d’un dieu, d’exprimer d’un seul trait sa qualité principale ou son attribution particulière, en métamorphosant la tête humaine, commune à toutes les divinités, en la tête de l’animal symbole de la qualité divine qu’on adorait dans chaque personnage mythique. Les Grecs se contentèrent de représenter ces animaux symboliques, placés aux pieds des dieux auxquels ils furent consacrés.

Notre planche 18[1] nous offre Hathôr, la Vénus égyptienne, ayant pour tête celle d’une vache ; la légende hiéroglyphique (no 1) : Hathôr, dame du Ciel, fille du Soleil, qui est constamment placée à côté de cette singulière image, ne permet aucun doute à cet égard.

Cette représentation d’Hathôr est souvent reproduite sur les monuments d’ancien style égyptien. Elle existe, par exemple, semblable à celle que nous publions ici, sur un grand bas-relief qui appartient à M. Prunelle de Lierre, et dont je dois un dessin très-exact à l’amitié de M. Artaud, conservateur du Musée de Lyon. La Vénus égyptienne à tête de vache, est aussi sculptée à la suite de Phtha, son époux, sur un sarcophage de granit, dont la Commission d’Égypte a donné la gravure très-détaillée[2]. On la retrouve enfin sur un monument fort-curieux, envoyé tout récemment, de Memphis, à M. Saulnier qui l’a cédé à M. Durand. C’est une sorte de buste de grandeur naturelle, représentant un individu très-jeune ; sur son front est sculptée une image de Phtha, le dieu principal de Memphis ; sur sa poitrine, celle d’Osiris, adorée par deux personnages, le défunt et sa sœur ; des deux côtés de la figure d’Osiris sont rangées toutes les divinités particulièrement adorées à Memphis, et parmi lesquelles on distingue, en première ligne, Phtha, Hathôr à tête de vache, et le bœuf Apis, accompagnés de leurs noms et de leurs titres en caractères hiéroglyphiques. Ce monument est d’un très-beau travail.

Il est aisé de voir aussi que toutes ces statuettes égyptiennes de bronze, ou de toute autre matière, qui figurent une déesse à tête de vache, sont des images de la Vénus égyptienne, d’Hathôr, et non pas celles d’Isis, déesse avec laquelle les Grecs paraissent avoir souvent confondu l’épouse de Phtha.

L’Hephaistus ou le Vulcain égyptien, Phtha, étant le père de tous les dieux[3], la déesse Hathôr, sa compagne fidèle, dût passer sinon pour leur mère, du moins pour leur nourrice. On connaît, en effet, plusieurs statues d’Hathôr, présentant son sein à différens dieux placés sur ses genoux, toujours sous la forme d’un enfant. Il est probable que la vache a été consacrée à cette déesse pour rappeler qu’elle a allaité la plupart des dieux du second et du troisième ordre, fils ou petit-fils de Phtha.


Notes
  1. Indiquée, par erreur, sous le no 17 (C) dans le texte explicatif de la pl. 17 (A).
  2. Description de l’Égypte, Antiq., vol. V, Memphis.
  3. Voyez l’explication de notre planche 13.

——— Planche 18 ———