Pour les autres utilisations de ce mot ou de ce titre, voir Pantagruel (homonymie).
Société d'éditions musicales (p. 1-25).


PANTAGRUEL

ACTE PREMIER

Un carrefour du vieux Paris près de Notre-Dame. — On aperçoit la façade du Palais de Pantagruel.


Scène PREMIÈRE

PANTAGRUEL, RIBAUDS. RIBAUDES, ESCHOLIERS, brandissant des cruches, buvant à des bouteilles, décrochant les enseignes de fer et menant grand charivari.
chœur des ribauds

Tire, baille, tourne, brouille,
Verse-moi sans eau !
Mon âme est une grenouille
De tonneau.
Nos entrailles
Sont futailles :
Hay, mouillons,
Compagnons !
Prenons cailles
Par la taille,
Et troussons
Cotillons.

Tire, baille, tourne, brouille !
Lavons la panse de ce veau,
Que ce matin nous habillâmes.

pantagruel

Pardieu ! Buveurs très précieux,
Me suis-je bien montré digne de mes aïeux ?
De Gaster, Mardi gras à mine rubiconde,
Atlas portant le monde,
Briarée aux cent bras,
Grangousier et Gargantua ?

chœur

Hourra !
Pantagruel, fils de Gargantua !

pantagruel

Pour nous procurer bon festin,
Nous avons commis maint larcin,
Fait gratuites emplettes,
Puis, pour bien fretin fretailler,
Nous avons, dans le poulailler,
Déniché ces poulettes,
Sans souci des pauvres maris
Qui se morfondront cette nuit !
Vivons joyeux !
Rire, grâce à Dieu,
Est le propre de l’homme !

le chœur

Vivons joyeux, etc.

pantagruel

Après ces exploits souverains,
Un petit somme est un grand bien,

Oui, vraiment, sur mon âme !
Pour dormir plus profondément,
J’ai décroché du monument
Les cloches Notre-Dame.
Elles gisent sur le parvis,
Qui du choc encor retentit !
Vivons joyeux !
Rire, grâce à Dieu,
Est le propre de l’homme !

le chœur

Vivons joyeux, etc.

pantagruel

Alors que nous menons cette vie exemplaire,
Devoir de tout homme de bien sur terre,
Dire qu’il est ailleurs de tristes matagots,
Mangeurs de pois chiches et buveurs d’eau.
Conformons-nous aux lois de la bonne nature,
Et dès demain, partons courir les aventures,
Faisant flotter au vent notre fol étendard !
Exaltons la gaîté, le vin et le bel art
Des amours, des ripailles,
Et propageons partout la vaillante godaille !
En attendant, pour être au départ plus dispos,
Je vais goûter quelque repos ;
Battez, si bon vous semble, encore le pavé,
Ô fervents zélateurs de Bacchus, de Noé…

chœur

Evohé ! Evohé !
Hourra !
Pantagruel, fils de Gargantua !

pantagruel

Bonsoir, amis, bonsoir. Mais quoi ? Je ne vois point
Mon féal, mon badin,
Mon diseur de bons mots et mon architriclin
Panurge ?

premier ribaud

Il est allé payer ses dettes !

le chœur

Oh ! Oh ! Oh ! Oh !

deuxième ribaud

Ou faire nouvelles conquêtes !

le chœur

Ah ! Ah ! Ah ! Ah !

pantagruel

J’en suis bien réjoui !
Dans l’un ou l’autre cas, il en a pour la nuit,
Bonsoir !
Amis, bonsoir !
Vivez joyeux !
Rire, grâce à Dieu,
Est le propre de l’homme.


(Pantagruel entre dans son palais.)
le chœur

Lavons la panse de ce veau
Que ce matin nous habillâmes.


(Ils s’éloignent.)

Scène II

PANURGE, seul.
panurge, entrant affolé.

Otto to to to to ti
Voire — te voici hors d’affaire,
Ô Panurge, fils de ta mère !
J’avais quitté mes compagnons
Pour faire mes adieux mignons
À Lison aux gentils frisons,
À Berthon aux petits petons,
À Didon, Goton, Margoton,
Honnestes dames de renom,
Et je m’en revenais seulet,
Pimpant, gai comme un pinsonnet,
Méditant de nouveaux bons tours,
Quand soudain, au premier détour,
Des bourgeois, race rancunière,
Chacun hors de sa chacunière,
M’assaillirent en grand esclandre,
Tenant propos de me pourfendre !…
Avec mon courage, sans doute,
J’aurais pu les mettre en déroute ;
Mais j’aimais mieux, dans ce péril,
User de mon esprit subtil,
M’évanouir,
Tel un zéphir
Vzzzzzzzzz…
Et tu pris ta course légère,
Ô Panurge, fils de ta mère !
Voire… otto to to to to ti !


Scène III

PANURGE, BOURGEOIS, arrivant de tous côtés.
chœur des bourgeois

Par ici !
Et par là !
C’est bien lui !
Le voilà !


(Ils s’emparent de Panurge.)
panurge

Ahi !

le chœur

Ha ! coquin !
Malandrin !
Ha ! faquin !
On te tient !

panurge

Ha ! bonnes gens, quoi ? quoi ? quoi ? quoi ?
Qui cherchez-vous ? Ce n’est pas moi !
Je dois avoir quelque sosie !
Ou si c’est moi, je me renie !

les bourgeois

Nonobstant l’on te reconnaît
Grâce à la forme de ton nez !
À la Hart
Le pendart !


Scène IV

Les Mêmes, FRÈRE JEAN
frère jean

Quel est ce hourvari ? FrèreJean!Leprieur!

chœur des bourgeois

Quelestcehourvari?Frère Jean !Leprieur!

le chœur

Quelestcehourvari?FrèreJean!Le prieur !

un bourgeois, désignant Panurge.

Voici l’âme damnée
Du roi, le boute-en-train des mauvaises menées !

un groupe

L’on enlève nos femmes !

panurge

Calomnie ! Calomnie !

un autre groupe

On pille nos boutiques !

panurge

Voire !

un bourgeois

On vient de décrocher, infamie, infamie,
Les cloches Notre-Dame aux grandes voix bénies !
L’âme de la cité !

panurge

En vérité, en vérité,
Je n’ai point part à l’aventure !

un bourgeois

Moi, je t’ai bien vu, je le jure !

chœur

De par Dieu !
Pendons-le !

frère jean

Eh bien ! Eh bien ! mes frères,
Il n’est péché sur terre
Qui n’ait rémission.

le chœur

Non, non ! point de pardon !

frère jean

Eh bien, alors, mes frères,
Non point sans le secours de mon saint ministère !

panurge

Frère Jean, mon ami, mon bon frère, mon père
Spirituel, mon tout, oh ! sauve-moi !

frère jean

Hé bien !
Hé bien, comment ! Panurge, tu te plains ?
N’as-tu donc point joui de l’existence,
À pleine suffisance ?…
Les plaisirs sont
Chose éphémère,

Et font place à la désillusion
Amère !
Réjouis-toi, tu vas quitter celte vallée
Et de larmes et de misères.
Ton âme prendra sa volée
Au sein des angéliques sphères.
Dis donc merci, si tu m’en crois,
À ces bénévoles bourgeois,
Pour t’ouvrir — de profundis : —
Le Paradis !…

panurge, parodiant Frère Jean.

Eh bien ! Eh bien ! Frère Jean, faux ami,
Faux tout, si par ta faute,
Ta faute, ta très grande faute,
Si je pars le premier
Pour ces sinistres lieux dont Lucifer est l’hôte,
Chaque nuit, chaque nuit,
Mon fantôme viendra te tirer par les pieds !

frère jean

Étant homme d’Église,
Je t’exorcise.
Mais trêve aux paroles vaines !
Que ton esprit se rassérène,
En la sainte contrition,
Reçois ma bénédiction :
Panurge, allez en paix dans l’éternel repos, —
Ego te absolvo !

le chœur

À la Hart
Le pendart !

un bourgeois, habillé en marguillier, sort de la foule, une corde à la main.

Il doit être puni par où il a péché î
La corde qu’il a prise au saint clocher
De Notre-Dame !

chœur, passant la corde sur la potence d’une enseigne décrochée, et empoignant Panurge.

Que justice
S’accomplisse !
Holà hisse !

panurge, la corde au cou.

Ô you you you you !

frère jean

Arrêtez, arrêtez, sacrilèges !
Pendre un chrétien avec la corde vénérée
De nos cloches sacrées :
Profanation, profanation !…
Vous attirez sur vous
Le céleste courroux.
Excommunication ! Excommunication !
Anathème ! Anathème ! À genoux ! À genoux !

le chœur, avec terreur.

Pitié !
Pitié, pitié ! Ha ! Monsieur le prieur,
Épargnez-nous !

frère jean

Non, non !

panurge

Non, non !

le chœur

Ha, Monsieur le prieur ! pardonnez-nous !

frère jean

Non, non !

panurge

Non, non !

le chœur

Pitié, pitié, pitié ! mon père !

frère jean

Eh bien ! eh bien, devant ce repentir sincère,
Mes frères, je me sens fléchir :
Ainsi que le Seigneur a dit à ses apôtres,
Aimez-vous les uns les autres !
Ainsi donc,
Il faut que le pardon appelle le pardon.

panurge

Pardonnons-nous les uns les autres !

frère jean

Pardonnez d’abord à Panurge, votre frère,
Puis, que chacun de vous rentre en sa chacunière,
Et demain avant l’aurore,
Vous entendrez encore
Effaçant l’infamie,
Les cloches Notre-Dame aux grandes voix bénies.


le chœur

Pardonnons-lui, pardonnons-lui.
Rentrons, rentrons en nos logis,
Rentrons, citadins de Paris !

Ensemble.
panurge et frère jean

Rentrez, rentrez en vos logis,
Rentrez, citadins de Paris !


Scène V

Les Mêmes

chœur, lointain des Escholiers, Ribauds et Ribaudes.

Vivons joyeux,
Rire, grâce à Dieu,
Est le propre de l’homme !

Ensemble.
panurge

Ah ! ce sont eux, mes gentils compagnons,
O to to to to to ti.

frère jean

Ô pourceau d’Épicure,
Tu n’es donc pas guéri de par cette aventure ?
Panurge, tu faillis bien changer sans recours,
Ta devise de « courte et bonne » en « haut et court » !
Je ne donnerais pas quatre liards de ta peau,
Si ce départ vraiment n’arrivait à propos
Pour toi, Panurge, et même, j’ose dire,
Pour notre Sire !
Puisse une belle reine, au cours de ce voyage
Du roi Pantagruel fixer l’esprit volage !
Et toi, ne veux-tu pas perpétuer ton nom
Et faire souche un jour de petits Panurgeons ?

panurge

Voire,
J’aime mieux boire !

frère jean

Bois, être impur ! Et moi
Je vais prier pour toi,
Car bientôt de Thélème, abbaye voisine,
Vont tinter les clochettes des matines.
In Domino gaudeamus !


panurge

In vino gaudeamus !

Ensemble.
frère jean

In Domino gaudeamus !


(Panurge se jette sur un banc, tandis que sort Frère Jean, puis il tire un flacon de sa gibecière.)



Scène VI

PANURGE, LA SORCIÈRE, LES TRUANDS, CHŒUR DE MOINES
panurge buvant.

Le vin est frais, le vin est bon,
Mais la bouteille est sa prison,
Il faut le changer de maison,
Viens, mon petit, dans mon bedon.


(Il boit. La Sorcière, accroupie, et jusqu’alors immobile, écarte ses voiles qui la faisaient ressembler à quelque borne de la place.)

la sorcière

Malheur à l’homme qui boit seul.

panurge

Vieille, d’où sors-tu cet oracle ?

la sorcière

De la Cour des Miracles.
Veux-tu connaître ton destin,
Panurge, homme de bien ?
Donne-moi ta main.

panurge

Dis-moi où je serai demain ?

la sorcière

Tu vas voyager loin de ta patrie,
Tu verras la Barbarie.

panurge

La Barbarie ?

la sorcière

La Mésopotamie,
La Lybie.

panurge

La Lybie ?

la sorcière

La Transylvanie,
Les deux Arménies,
Et les trois Arabies.

panurge

Et les trois Arabies,

Hi hi hi,
Ha ha ha.

la sorcière

Tu parviendras enfin
À Salmigondin,
Capitale du pays de Satin.

panurge

Voire !… est-ce loin ?

la sorcière

Aussi loin que le Paradis,
En vérité, je te le dis.

chœur des moines, au lointain.

Benedicamus Domino,
Et in terra et in cælo !

panurge

Benedicamus Domino
Et in terra et in vino !
Oh ! Oh ! Voilà qui est bien.
Mais que ferai-je au pays de Satin ?

la sorcière

Tu verras une belle princesse,
Pantagruel l’épousera.

panurge

Ah, ah, ah, ah !

la sorcière

Et aussitôt, par politesse,
Comme lui, tu te marieras.

panurge

Voire ! voire !

la sorcière

Malheur à l’homme qui vit seul.

panurge

Vieille, d’où sors-tu cet oracle ?

la sorcière

De la Cour des Miracles.


chœur des moines, au lointain.

Pater noster,
Qui es in cælis,
Sanctificetur nomen tuum !
Sed libera nos a malo,
Amen, amen !

Ensemble.
la sorcière

À moi, manants,
Ribauds, truands,
Paraissez, clopins-clopinants,
Cagots et autres bons vivants ;
Dites-lui ce qui l’attend.


(Paraissent les truands, bossus, nabots et culs-de-jatte de la Cour des Miracles.)
panurge

Oui, que serai-je avec le temps ?

les truands

Cocu, cocu, cocu, cocu.

panurge

Les oreilles me cornent !

J’entends tous les diables !
Je n’aime point les diables !
Ils me fâchent et sont mal plaisants !
Allez-vous-en.


(Ils disparaissent.)

Scène VII

PANURGE, PANTAGRUEL
pantagruel

Allons ! Allons ! Panurge, à quoi donc penses-tu ?
N’est-il pas incongru
Que moi, ton non seigneur,
Je doive ici chercher mon serviteur ?

panurge

J’étais ici fort soucieux,
Je rêvais mariage prodigieux.

pantagruel

Tu rêvais mariage ! Ô la grande merveille !

panurge

J’ai la puce à l’oreille :
Ô vous, en gai savoir expert plus que personne,
Et qui fîtes quinauds les docteurs de Sorbonne,
Du mariage je vous prie
Dites-m’en votre avis ?
Si vous croyiez que mieux valût
Pour moi n’y penser plus,
Je finirais au besoin
Par ne me marier point.

pantagruel

Point donc ne vous mariez !

panurge

Voire ! Mais vous savez qu’il est écrit :
Væ soli !
L’homme seul n’a jamais telle joie
Qui se voit entre gens mariés…

pantagruel

Mariez-vous donc, de par Dieu !

panurge

Voire ! Mais si ma femme me trompait.
J’aime bien les maris trompés,
Et les fréquente volontiers,
Mais ne le voudrais être point :
Je serais bien mal en point.

pantagruel

Point donc ne vous mariez !
Car Senèque certifie
Que ce qu’aux autres l’on fit,
Quant à l’ornement du front,
Les autres nous le feront.

panurge

Voire ! Dites-vous cela sans exception ?

pantagruel

Sans exception il est dit.

panurge

Voire ! Mais, puisque de femmes
Je ne peux me passer,
N’est-ce le mieux d’épouser honnête femme,

Pour faire, à ce régime,
Beaux enfants légitimes,
Fils d’homme marié ?

pantagruel

Mariez-vous donc, de par Dieu !

panurge

Voire ! Mais si de la sorte
Ma femme plus forte
Me met à la porte,
Cela m’irait moins !

pantagruel

Point donc ne vous mariez.

panurge

Voire ! Je ne crois pas au célibat
Pour être heureux.

pantagruel

Mariez-vous donc, de par Dieu !

panurge

Voire ! Mais encor
C’est mon or
Qu’elle prend, vous riez ?

pantagruel

Point donc ne vous mariez.

panurge

Voire ! Espoir,
Adieu !

pantagruel

Mariez-vous donc, de par Dieu !

panurge

Voire !

pantagruel

Voire !
Dites-vous que le mariage
A de périlleux apanages,
Tout pareils à ce coquillage
Que nous nommons, que nous nommons,
La corne de Hammon.

panurge

La corne de Hammon ?

pantagruel

C’est, Panurge, écoute bien,
Un coquillage bigorne,
À couleur d’or, et forme d’une corne.

panurge

Corne ?

pantagruel

Corne de bélier, comme est la corne

panurge

Corne ?

pantagruel

Corne de Jupiter Hammonien !
On dit que sont vrais et infaillibles
Les songes qu’il donne :
Comme les oracles divins,
Par la porte d’ivoire
Entrent les songes confus,
Trompeurs et incertains,

Comme à travers l’ivoire
Possible n’est rien voir
Par la porte de corne.

panurge

Corne ?

pantagruel

Corne !
Entrent les songes certains
Vrais et infaillibles,
Comme à travers la corne…

panurge, douloureusement.

Corne !…

pantagruel

Corne — tout apparaît clairement
Et distinctement.

panurge

Mais, mais, mais, mais,
Si telle est la loi de nature,
Vous encourez même aventure.

pantagruel

Voire. — Il faut bien mériter
D’avoir postérité,
Et l’on ne doit se soucier
Que de laisser un héritier !
J’affronterai ces périls vôtres,
Étant homme comme les autres.
Le mal n’est si grand qu’on l’estime,
Et je ne puis que prier Dieu

Qu’il me donne un fils légitime
Comme en ont les gens mariés.

panurge

Mariez-vous donc, de par Dieu !

pantagruel et panurge

Marions-nous donc, de par Dieu !

chœur, au dehors.

Hourra ! Hourra !


Scène VIII

un héraut

Seigneur, le peuple vient
Avant le départ, saluer son souverain.

pantagruel

Hé bien, bien, bien,
Voilà qui est bien !
Officiers, chambellans, courtisans et valets,
Ouvrez à deux battants les portes du Palais !

le peuple

Hourra ! Hourra !

pantagruel

Peuple, je vais partir aux régions lointaines,
Ainsi qu’ont fait jadis mes aïeux les géants ;
Par les paisibles flots de mon fleuve de Seine,
Je m’embarque aujourd’hui vers le vaste Océan !

le peuple

Hourra ! Hourra !

pantagruel

Très illustres buveurs,
Goutteux très précieux,
En l’honneur de nos adieux,
Trinquons de par le bon Bacchus !

tous

Trinc !

pantagruel

Trinquons de par le bon Bacchus !

tous

Trinquons de par le bon Bacchus !

Ronde.
pantagruel

Faites honneur à la dive bouteille,
Prenez bien soin de ce trésor divin !

chœur

Faisons honneur à la dive bouteille,
Prenons bien soin de ce trésor divin !

pantagruel

À mon retour, que vos trognes vermeilles
N’aient rien perdu de leur joyeux carmin !

tous

À son retour, que nos trognes vermeilles
N’aient rien perdu de leur joyeux carmin !

pantagruel

Mes bons amis, autour de la bouteille,
Gaudissez-vous, faites honneur au vin !

tous

Mes bons amis, autour de la bouteille,
Gaudissons-nous, faisons honneur au vin !

panurge, se mêlant à la ronde.

Heureux coquins que je tiens, que je mène,
Heureux coquins que je tiens par la main !

tous

Heureux coquins que tu tiens, que tu mènes,
Heureux coquins que tu tiens par la main !

panurge

Trémoussez-vous, secouez vos bedaines,
Trémoussez-vous, faites honneur au vin !

tous

Trémoussons-nous, secouons nos bedaines,
Trémoussons-nous, faisons honneur au vin !

panurge

Heureux coquins, que je tiens, que je mène,
Heureux coquins que je tiens par la main !

chœur

Heureux coquins que tu tiens, que tu mènes,
Heureux coquins que tu tiens par la main !

matelots

Ohé. ohé !
Le navire est paré !

frère jean

Fasse le Ciel que bientôt vous revienne
En ses États votre bon souverain !

tous

Fasse le ciel que bientôt nous revienne
En ses États notre bon souverain !

frère jean

Que la plus belle des belles des reines
À notre sire ait accordé sa main !

tous

Que la plus belle des belles des reines,
À notre sire ait accordé sa main !

frère jean

À nos santés, buvez à coupes pleines,
À nos santés, buvez soir et matin !

tous

À leurs santés buvons à coupes pleines,
À leurs santés buvons soir et matin !

pantagruel

Vivez joyeux !
Adieu !

tous

Adieu !

rideau