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Je suis bien embarrassé avec mes Génois et mon marquis Viale[1]. Dieu vous garde d’établir jamais une colonie ! c’est une terrible entreprise ; M. l’abbé Terray même y serait un peu embarrassé.

Je baise les ailes de mes anges.

9043. — À M. MARIN[2].
À Ferney, 31 janvier.

Je n’entends plus rien ni aux ordinaires de Mme de Goezmann, ni à la Sophonisbe de Mairet, ni à celle de Corneille, ni à celle de Lantin, ni à Lépine, qui est de mon pays, ni aux Lois de Minos, ni à tout ce qui se passe vers le Danube, ni au roi de Prusse, ni à toutes les sottises de ce bas monde dont je fais partie. Tout ira comme il pourra. Portez-vous bien, soyez gai.

Je ne sais point la demeure de La Harpe ; ainsi, je vous prie de vouloir bien lui envoyer ce chiffon et de m’aimer toujours un peu.

9044. — À CATHERINE II,
impératrice de russie.
2 février.

Madame, la lettre du 19 janvier[3], dont Votre Majesté impériale m’honore, m’a transporté en esprit à Orenbourg, et m’a fait connaître M. Pugatschew : c’est apparemment le chevalier de Tott qui a fait jouer cette farce ; mais nous ne sommes plus au temps des Démétrius, et telle pièce de théâtre qui réussissait il y a deux cents ans est sifflée aujourd’hui. Si quelque prétendu Inca venait au Pérou se dire fils ou petit-fils du soleil, je doute qu’il fût


    qu’il a mangé son bon père en salmis, après avoir étouffé sa mère entre deux épaisses tartines ; et j’en suis d’autant plus certain que je suis ce Beaumarchais-là, qui vous ferait arrêter sur-le-champ, ayant bon nombre de témoins, s’il ne s’apercevait à votre air effaré que vous n’êtes point un de ces rusés scélérats qui composent les atrocités, mais seulement un des bavards qu’on emploie à les propager, au grand péril de leur personne. » On applaudit ; le conteur court encore, oubliant qu’il avait payé pour voir jouer la petite pièce. (Note du correspondant général de la Société littéraire typographique.) (K.) — Ces mots désignent Beaumarchais.

  1. Voyez lettre 9025.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.
  3. Lettre 9036.