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année 1772.

beaucoup d’hommes de considération, et quelques-uns qui ont encore du crédit ; cela ne m’empêchera pas de travailler. Je serai vrai et sage, du moins je l’espère. Mais, encore une fois, si on ne me satisfait pas sur les quinze cent mille francs, cette histoire ne fera pas grand bien à la mémoire de Lally.

Tout ceci entre nous, s’il vous plaît.

On dit le grand vizir complètement battu ; vous devez en savoir des nouvelles.

Pourriez-vous me dire, mon cher correspondant, quel est le premier commis de M. le duc d’Aiguillon, chargé des dépêches pour Gênes ? J’ai besoin d’une petite protection dans ce pays-là contre un négociant marquis[1], lequel fait banqueroute en marquis à des artistes de ma colonie. Je ne veux point importuner M. le duc d’Aiguillon de cette affaire ; un commis me suffit contre un marquis.

Voudriez-vous bien avoir la bonté de faire passer cette lettre à M. d’Alembert ? Mille tendres amitiés.

8872. — À M. D’ALEMBERT.
26 juin.

L’œuvre posthume de ce pauvre Helvétius, ou plutôt de ce riche Helvétius, est-elle ou est-il parvenu jusqu’à vous, mon très-cher philosophe ? M. le prince Gallitzin, qui en est l’éditeur, veut le dédier à la sublime Catau. Il est bon de la mettre en commerce avec les morts, car elle ne répond point aux vivants. Je m’imagine que les impératrices n’aiment pas plus les conseils que les généraux d’armée et les gouverneurs de province ne les aiment.


Dulcis inexpertis cultura potentis amici[2].


Quoi qu’il en soit, on sera fort étonné, si on lit ce livre, de voir le papisme traité de religion abominable, qui ne peut se soutenir que par des bourreaux, le despotisme traité à peu près comme le papisme, et le tout dédié à la puissance la plus despotique qui soit sur la terre.

Je ne sais plus comment faire pour vous envoyer de ces petits recueils[3] dont le principal mérite est dans le Dialogue de René et

  1. Viale.
  2. Horace, livre I, épître XVII, vers 86.
  3. Voyez la lettre 8792.