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année 1772.

des démonstrations fondées sur les procédures mêmes. Une réponse à un petit libelle inconnu ne ferait aucune sensation dans Paris. De plus, on serait en droit de vous demander des preuves des discours que vous faites tenir à un président du parlement, à un avocat général, au rapporteur, à des officiers ; et, si ces discours n’étaient pas avoués par ceux à qui vous les attribuez, on vous ferait les mêmes reproches que vous faites à l’auteur du libelle. Cette observation me paraît très-essentielle.

D’ailleurs ce libelle m’est absolument inconnu, et aucun de mes amis ne m’en a jamais parlé. Il serait bon, monsieur, que vous eussiez la bonté de me l’envoyer par M. Marin, qui voudrait bien s’en charger.

Souffrez que ma lettre soit pour Mme la comtesse de La Heuze comme pour vous. Ma faiblesse et mes souffrances présentes ne me permettent pas d’entrer dans de grands détails. Je lui écris simplement pour l’assurer de l’intérêt que je prends à la mémoire de M. de Lally. Je vous prie l’un et l’autre d’en être persuadés. J’ai l’honneur d’être avec tous les sentiments que je vous dois, monsieur, votre, etc.

8828. — À M. MARMONTEL.
À Ferney, 28 avril.

Mon cher ami, vous venez bien à propos au secours des libraires de Paris, qui, sans vous, n’auraient fait qu’une collection insipide[1] ; et, grâce aux soins dont vous voulez bien les honorer, je crois que l’ouvrage sera très-intéressant et très-instructif.

La tragédie de Sophonisbe n’est pas si bien réformée que celle de Venceslas. La raison en est qu’on n’a pas laissé subsister un seul vers de Mairet.

Il y a longtemps que je cherche une occasion de vous envoyer un petit recueil[2] pour mettre dans un coin de votre bibliothèque ; mais la contrebande est devenue si difficile que je ne sais comment m’y prendre.

  1. Chefs-d’œuvre dramatiques, ou Recueil des meilleures pièces du théâtre français, tragique, comique et lyrique, avec des discours préliminaires sur les trois genres et des remarques sur la langue et le goût, tome Ier (et unique), 1773, in-4o ; ce volume contient la Sophonisbe de Mairet, le Scévole de Du Ryer, et le Venceslas de Rotrou, retouchés par Marmontel. Le Venceslas avait déjà été imprimé en 1759 ; voyez tome XLV, page 491.
  2. Celui dont il est parlé dans la lettre 8792.