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année 1772.

ajouter encore que ce sont des ingrats. Ils ont eu le mauvais procédé et la bêtise de préférer je ne sais quel Alcydonis ; Dieu les en a punis en ne leur accordant qu’une représentation. J’espère que M. le maréchal de Richelieu pourra mettre quelque ordre dans ce tripot. Il était bien ridicule d’ailleurs que Lekain s’avisât de vouloir jouer le rôle d’un jeune homme, tandis que celui de Teucer était fait pour sa taille, et le rôle du vieillard pour Brizard. Si on ne peut pas réformer le tripot, je m’en lave les mains, et je me borne à mes bosquets et à mes fontaines.

On m’a mandé que la détestable copie sur laquelle le détestable Valade avait fait sa détestable édition venait d’une autre copie qui avait traîné dans l’antichambre de Mme Du Barry ; mais cela est impossible, parce que l’exemplaire prêté par Lekain à Mme Du Barry était absolument différent.

Vous saurez, s’il vous plaît, que les Lois de Minos sont suivies de plusieurs pièces très-curieuses[1] qui composent un assez gros volume : c’est ce volume que je veux vous envoyer. Je cherche des moyens de vous le faire parvenir. Cela n’est pas si aisé que vous le pensez, surtout après l’aventure des deux tomes[2] très-condamnables et très-brûlables que de charitables âmes m’ont fait la grâce de m’imputer. Ce monde est un coupe-gorge, et il y a des gens qui, pour couper la mienne, se servent d’un long rasoir dont le manche est dans une sacristie. Est-il possible que vous n’ayez pas un moyen à m’indiquer pour vous faire parvenir le recueil crétois ? Il ne part pas tous les jours des voyageurs de Genève pour Paris. D’ailleurs je n’en vois aucun ; je fais fermer ma porte à tout le monde ; mon triste état ne me permet pas de recevoir des visites.

Lekain m’a écrit sur ma maladie. Je le crois actuellement à Marseille. Je lui répondrai quand il sera de retour.

Vous me parlez de la Sophonisbe de Mairet rapetassée[3], et tellement rapetassée qu’il n’y a pas un seul mot de Mairet. Vous aurez cette Sophonisbe dans le paquet de la Crète ; mais quand et par où ? Dieu le sait ; car Marin ne peut plus recevoir de gros paquets.

J’ai répondu à tout ; mais il me semble toujours que je n’ai pas répondu assez aux marques de l’amitié constante que vous daignez me conserver, vous et Mme d’Argental. Mon corps souffre

  1. Voyez lettre 8792.
  2. Voyez page 338.
  3. Tome VII, page 29.