reur des bourgeois, tyrans de tous les citoyens, qui étaient à la fois ridicules et sanguinaires. Je me suis déclaré hautement contre eux, avant que leur insolence ait forcé le roi à nous défaire de cette cohue. Je regardais la vénalité des charges comme l’opprobre de la France, et j’ai béni le jour où nous avons été délivrés de cette infamie. Je n’ai pas cru assurément m’écarter de la reconnaissance que je dois et que je conserve à un bienfaiteur, en m’élevant contre des persécuteurs qui n’ont rien de commun avec lui. Je n’ai fait ma cour à personne ; je n’ai demandé aucune grâce à personne. La satisfaction de manifester mes sentiments et de dire la vérité m’a tenu lieu de tout. Un temps viendra où les haines et les factions seront éteintes, et alors la vérité restera seule.
Il y a quelque chose d’aussi sacré pour moi que cette vérité, c’est l’ancienne amitié. Je compte sur la vôtre en vous répondant de la mienne ; c’est ce qui fait ma consolation dans mes neiges et dans mes souffrances. Ma gaieté n’est pas revenue ; mais elle reviendra avec les beaux jours, si mes maladies diminuent. Si je n’ai plus de gaieté, j’aurai du moins de la résignation et de la fermeté, un profond mépris pour toute superstition, et un attachement inviolable pour vous.
Oui, j’ai vu les vers sur la statue : ils me font trop d’honneur, mais ils sont excellents. En voici[1] sur cette statue, qui ne valent pas les vôtres. Ce sont levia carmina et faciles versus qu’on fait currente calamo, et qui ne prétendent à rien. Cependant, si vous pouvez les glisser dans le Mercure, ce sera toujours un petit service rendu à Aliboron et à sa séquelle.
Je fais partir un ballot de livres de contrebande. Vous croyez bien qu’il y en a quelques exemplaires pour vous, qui êtes un peu de contrebande aussi, puisque vous êtes rempli de goût et de génie.
Le Discours de l’avocat Belleguier, en l’honneur de l’université, se trouve dans ce recueil. Il y a des pièces curieuses[2], et même importantes. Ce qu’il contient de moins bon, c’est la tragédie des
- ↑ L’Épître à Pigalle, qui est tome X, page 410, fut imprimée (sauf les quatre vers sur Fréron) dans le Mercure de 1773. tome II d’avril, page 38.
- ↑ Plusieurs sont énumérées dans la lettre 8792.