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année 1772.

que je comptais le dédier à M. le maréchal de Richelieu. J’avais fait la pièce en huit jours, je mis un mois à la corriger. Elle n’est point encore imprimée ; ainsi il est impossible que ni Valade ni personne au monde ait eu cette édition, qui n’est pas faite.

Étant donc démontré qu’il n’y a jamais eu encore d’édition des Lois de Minos, ni à Lausanne, ni à Genève, il est démontré que Valade a imprimé sur le manuscrit de Lekain, ou sur une copie de ce manuscrit qu’on lui a vendue.

Valade m’a écrit pour me demander pardon ; il m’a mandé qu’il était pauvre et père de famille. Je lui ai fait écrire que je le récompenserais s’il me disait la vérité, il ne me la dira pas. Au reste, je souhaite que mon véritable ouvrage soit digne de M. le maréchal de Richelieu, à qui je le dédie, et du roi de Suède et du roi de Pologne, pour qui je l’ai composé. Si je meurs de ma maladie, je mourrai du moins avec cette consolation.

Quant à M. de Morangiés, l’affaire est plus sérieuse, et vous y êtes intéressé de même. C’est vous qui, par amitié pour M. le marquis de Morangiés, le lieutenant général son père, me pressâtes d’écrire en faveur de son fils. Un avocat nommé Lacroix, auteur d’une feuille périodique intitulée le Spectateur, a fait un libelle infâme contre M. de Morangiés et contre moi[1] ; voici ma réponse. Je l’ai envoyée à monsieur le chancelier, et j’espère qu’on en permettra l’impression dans Paris. Je crois apprendre un peu à M. Lacroix son devoir. Je crois que M. le comte de Morangiés doit paraître très-innocent et très-imprudent à quiconque n’a pas renoncé aux lumières du sens commun, et j’attends respectueusement la décision des juges.

En voilà trop pour un mourant, mais non pour l’intérêt de la vérité, et il n’y en aura jamais assez pour les sentiments avec lesquels je vous suis dévoué.

8784. — À M. DE SARTINES[2].
À Ferney, 14 mars.

Monsieur, quoique je sois accablé d’une maladie dont il est difficile que je réchappe, je ne peux m’empêcher de vous supplier de lire la copie de la lettre que mon secrétaire écrit au libraire Valade. Elle vous fera connaître la vérité ; c’est ma plus

  1. Voyez la lettre à Delacroix du 22 mars.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.