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CORRESPONDANCE.
8264. — DE CATHERINE II[1],
impératrice de russie.
31 mars-11 avril 1771.

Monsieur, vos bénédictions me feront prospérer, malgré le grand froid, la guerre, Moustapha, et son eunuque noir.

L’on vous a dit vrai, monsieur ; un détachement de l’armée du comte Roumiantsof a passé le Danube, et a causé beaucoup d’effroi sur l’autre rive. Il est vrai encore que vos ennemis les Turcs ont été chassés du reste de la Valachie. Il y a eu un combat très-vif à Georjova, où plus de quatre mille musulmans ont été noyés dans le Danube ; après quoi le château, qui est sur une île dans le Danube, s’est rendu, par capitulation, au général Olitz.

Le sultan, très-fâché de ces nouvelles pertes, et ne sachant apparemment à qui s’en prendre, a envoyé chercher la tête du hospodar in partibus qu’il avait fait l’année passée. Celui-ci, soit dit en passant, n’y a eu aucune part.

On me confirme de toutes parts le bien que vous me dites[2] du nouveau roi de Suède : il ne tiendra qu’à lui de vivre avec moi en bonne amitié. Je suis, je vous jure, la meilleure voisine qu’il y ait au monde.

Vos montres seront les bienvenues, je les attends.

L’ancien géant a sur son corps depuis cinq ou six ans une sentence pour contrebande qui, cependant, n’a pas été mise en exécution dans toute sa rigueur.

Tout se prépare pour vous satisfaire et donner de la besogne au sultan. Le comte Orlof, qui était venu ici pour un moment, est reparti pour Livourne avec son prince Dolgorouki, où il s’embarquera pour Paros ; ses troupes y campent, et entre autres deux compagnies du régiment de Preobrajenski.

On ne saurait ajouter, monsieur, aux sentiments d’estime et d’amitié que j’ai pour vous.

8265. — À FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
À Ferney, 12 avril.

Sire, il n’est ni honnête ni respectueux d’écrire à votre neveu le roi de Suède[3] et de lui parler du roi son oncle, sans communiquer au moins à Votre Majesté la liberté que l’on prend. Je vous ai cité à l’impératrice de Russie comme un auteur grave[4],

  1. Collection de Documents, Mémoires et Correspondances, etc., publiée par la Société impériale de l’histoire de Russie, tome XV, page 76.
  2. Lettre 8240.
  3. Épître au roi de Suède, tome X, page 438. Voyez aussi ci-dessus, page 384.
  4. Voyez tome X, page 437.